Jing Xiaolei
La Chine a effectué le sixième recensement de sa population. Établies le premier novembre 2010, à minuit, les enquêtes ont renseigné les caractéristiques suivantes : sexe, âge, nationalité, niveau d'instruction, secteur d'activité, profession, migration, sécurité sociale, mariage, naissance, décès, et logement. Ont fait l'objet du recensement les personnes physiques résidant sur le territoire de la République populaire de Chine, hormis Hongkong, Macao et Taiwan.
Le 28 avril 2011, Ma Jiantang, directeur du Bureau d'Etat des statistiques, a rendu public le résultat du 6e recensement : la Chine compte une population de 1 339 724 852 personnes.
Cependant, le faible taux de natalité révélé par le recensement suscite de nombreuses inquiétudes.
De nombreuses recherches ont établi que le taux de natalité fluctuait entre 1,5 et 1,8 en Chine, mais le 6e recensement a révélé que ce chiffre était en fait compris entre 1,4 et 1,5. « Ce taux est inférieur à celui des pays développés tels que les Etats-Unis, la France et l'Espagne », a souligné Li Jianxin, professeur au département de sociologie à l'Université de Beijing.
Selon les pratiques internationales, la proportion de 7 % de la part des 65 ans et plus dans la population totale, ou la proportion de 10 % de la part des 60 ans et plus dans la population totale, implique qu'un pays ou une région fait face à un vieillissement démographique. D'après le résultat du 6e recensement, les citoyens âgés de 60 ans et plus représentent 13,26 % de la population totale chinoise, et le chiffre est de 8,87 % pour les 65 ans et plus. « Ces statistiques montrent que le faible taux de natalité et le vieillissement démographique sont inquiétants en Chine », a indiqué Wang Feng, directeur du centre de recherches sur les politiques publiques Brookings-Tsinghua.
Selon les travaux de Zeng Yi, professeur à l'institut de développement national à l'université de Beijing, à partir de 2030, la main-d'œuvre chinoise diminuera de 100 millions de personnes par décennie sous la politique démographique actuelle. La part des 60 ans ou plus représentera en 2030 9,1 % de la population totale. En 2000, près de 9,1 travailleurs (18-64 ans) prenaient en charge une personne âgée de 65 ans ou plus, mais ce chiffre passera à 3,7 en 2030, et 2,1 en 2050.
Pour expliquer le « miracle économique » réalisé par la Chine au cours des trente dernières années, la « bonification démographique » était considérée comme un facteur très important. Mais suite au 6e recensement, le concept de « disparition de la bonification démographique » se développe. « La vitesse d'abaissement de la proportion d'augmentation des enfants en Chine est beaucoup plus rapide que prévue, dépassant déjà le « Tournant de Lewis » (Lewis Turning Point). La réserve de main-d'œuvre commencera à diminuer vers 2015, ce qui témoignera de la disparition de la bonification démographique.
« La main-d'œuvre atteindra un pic en 2013, puis elle diminuera progressivement », a remarqué Ma Jiantang, directeur de l'Administration des Statistiques. Dans cette situation démographique inquiétante, certains experts appellent depuis plusieurs années à un réajustement de la politique démographique, dont le droit à un second enfant.
Zeng Yi a proposé la politique du « deuxième enfant, sous condition de procréation tardive et d'intervalle de temps ». Selon lui, cette politique allégerait considérablement la pénurie de main-d'œuvre face à l'augmentation du nombre de personnes âgées, et les conditions pour avoir un second enfant permettraient d'éviter une expansion démographique rapide.
« La population totale atteindra son pic en 2038, avec 1,48 milliards de personnes, puis elle diminuera doucement et régulièrement, ce qui ne causera pas de nouveau baby-boom, ne rendra pas la démographie incontrôlable, ne créera pas de manque de ressources et n'empêchera pas de protéger l'environnement », a estimé Zeng.
Cependant, diverses indications montrent que le gouvernement chinois n'a pas l'intention de relâcher sa politique démographique actuelle.
Annexe :
Le tournant de Lewis : Arthur Lewis, Prix Nobel d'économie en 1979, expliquait que le capitalisme commence toujours par se développer avec des salaires extrêmement bas, des millions de paysans étant prêts à abandonner les champs pour travailler dans les usines des villes. Mais arrive un moment où les campagnes voient leur réserve de main-d'œuvre s'épuiser, ce qui entraîne inévitablement des augmentations de salaires dans les usines.
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