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Pierre Lellouche félicite la Jeune Chambre Economique, et son président, Alexandre Lévy (Guillaume Brandel/Bj Info) |
S'il s'est félicité de la « progression importante et bienvenue » du commerce franco-chinois (+27%), le Secrétaire d'État a néanmoins rappelé qu'il demeurait le premier déficit de la France (26 milliards d'euros), et la moitié de son déficit total. Pourtant, d'après les statistiques chinoises, le déficit ne serait que de 10 milliards d'euros. Un groupe de travail franco-chinois va donc être mis en place, afin de quantifier cet écart.
« Nous devons être capable de dire à nos amis chinois les obstacles qui ne sont pas des obstacles de compétitivité, et qui tiennent par exemple à la législation, à des barrières non-tarifaires, à des conditions d'accès aux marchés plus difficiles pour nos sociétés, ou à la protection de la propriété intellectuelle », a asséné Pierre Lellouche.
« Nous devons sans cesse améliorer notre compétitivité. (…) Mais nous sommes aussi en droit de demander à la Chine des conditions de compétition égales pour tous. Dans le cadre du XIIème Plan, le gouvernement entend mettre l'accent sur la demande intérieure, c'est encourageant. Et il a compris la nécessité d'un commerce extérieur plus équilibré », a-t-il cependant relativisé, assurant que la France pouvait beaucoup aider dans les secteurs prioritaires du XIIème Plan.
Le 18 mars, le Secrétaire d'État au commerce extérieur a inauguré le Salon International de l'Agroalimentaire à Shanghai, et visité le pavillon France dans le cadre de la campagne So French, So Good. « Il y a des barrières sanitaires complexes en Chine, qui ne facilitent pas la vie de nos exportateurs », a-t-il déploré.
Se félicitant de la volonté chinoise de lutter contre la contrefaçon, le Secrétaire d'État a révélé que des entreprises comme Lacoste, Sephora ou Celio avaient pu participer aux entretiens avec le Mofcom et la SAIC. Pierre Lellouche a néanmoins rappelé l'existence d'un embargo sur le bœuf français depuis dix ans.
Innovation, un mot sur toutes les lèvres
La Chine est encore dépendante de la technologie étrangère, mais ce pays-continent met les bouchées doubles en R&D. Le temps presse, et les participants à la table ronde organisée lors du Forum Travailler Ensemble sur le thème de l'innovation en sont plus que conscients. « L'Europe est le premier fournisseur de technologie en Chine, c'est un argument très fort », martèle Vincent Perrin, Directeur adjoint d'Ubifrance, pour qui la réussite réside dans l'adaptation des produits au marché chinois.
Selon la dernière enquête de la CCIFC, 25% des entreprises européennes déclarent faire de la R&D sur le sol chinois. Institutionnels et grands groupes affirment soutenir les PME, en les finançant ou en mettant à disposition leurs réseaux, explique Yves Tournié, Directeur du développement régional de Total. Ubifrance a notamment œuvré pour qu'Oséo, organisme d'aide à l'innovation, soit représenté sur le sol chinois.
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Institutionnels, grands groupes et PME échangent sur le thème de l'innovation, au Forum Travailler Ensemble (Jin Duoyou/Bj Info) |
Autre son de cloche du côté des PME. « Au-delà des obstacles administratifs, le plus important, c'est d'avoir des références. Le portage administratif est une bonne chose, mais c'est totalement insuffisant », clame haut et fort Philippe Eyraud, qui déplore par ailleurs le manque de soutien des grands groupes. Le président de Mixel, PME de l'industrie chimique, milite pour un patriotisme économique, et tire à boulet rouge sur les services achats des grandes entreprises françaises.
D'autres surprises attendent les PME innovantes sur le marché chinois. « Si le financement constitue un frein important pour les PME, rappelle Eric Demaret, PDG de Golden Egg, le dynamisme du droit est à la fois une opportunité et une complexité. C'est un investissement plus important qu'on ne le pense ».
Note positive dans ce tableau un peu sombre : la propriété intellectuelle est mieux protégée aujourd'hui, selon Patrick Plante, Directeur Recherche et Technologies de Thalès en Chine. Par ailleurs, de l'avis de tous les participants à cette table ronde, la clé du succès réside dans la création d'un écosystème, avec un ancrage territorial reconnu, derrière lequel les PME peuvent s'abriter.
« Une clé essentielle, c'est l'homme. En Chine, il faut être plus entrepreneur qu'ailleurs. Ici, il faut s'amuser du changement, et accepter que le rapport de force change et évolue », conclut, philosophe, le président de Golden Egg, Eric Demaret.
Forum Travailler Ensemble, une initiative plus que bienvenue
Créé en 2009 par la Jeune Chambre Economique des Français de Pékin, le Forum Travailler Ensemble entend mettre en contact les entreprises de toutes tailles établies en Chine, avec le soutien des institutions françaises du commerce extérieur (CCIFC, CCE, Ubifrance). Plusieurs Forums ont été organisés avec succès à Shanghai, Beijing, Hong Kong, et d'autres sont à l'étude dans différents pays d'Asie, dans le cadre de l'accord signé en octobre 2009 en présence de Mme Christine Lagarde, ministre des Finances, entre les JCE, les CCE, la CCIFC et Ubifrance.
Beijing Information