Tang Yuankai
Si vous déjeunez dans le parc d'Expo à Shanghai, vous vous apercevrez dès la première bouchée que les couverts ont quelque chose de spécial, de différent… En effet, exit les vieilles fourchettes en plastique, place aux couverts en maïs !
"Sur le site, la signalétique, les badges et les cartes ont tous été fabriqués à partir matières premières issues de la biomasse », explique le professeur Ren Jie, doyen adjoint de la Faculté de Sciences de la matière et d'Ingénierie de l'université Tongji. « Grâce à la fermentation, certaines cultures céréalières comme le maïs produisent du plastique biologique. Rentables et sûrs, ces produits sont très intéressants. Mais la plus importante qualité du plastique biologique est sa décomposition naturelle, et donc non polluante. Ainsi, une fois utilisé, un produit en plastique biologique revient finalement dans le cycle naturel », a expliqué le professeur Ren.
La plastique biologique.
Des différentes utilisations du riz
Après 4 ans de recherches, un groupe de scientifiques dirigé par le professeur Yang Daichang de la Faculté de Sciences de la vie de l'Université de Wuhan a réussi à extraire de la sérum-albumine humaine (HAS) du riz.
La HAS représente 30 % du sang humain, et est utilisé dans le traitement des chocs anémiques, des brûlures, des œdèmes cérébraux et rénaux, et des ascites du foie. Il est également utilisé comme médication auxiliaire pour soigner les cancers et le sida. En Chine, le besoin annuel de la HAS dans le traitement clinique et dans la production des vaccins varie entre 150 et 170 tonnes. Si le sang humain en constitue la seule source, il faut que 200 millions de personnes donnent chacune 100 ml de sang chaque année, bien loin des dons actuels. Ainsi, il manque 60 à 80 tonnes de HAS sur le marché national.
Actuellement, le sang devient une matière médicale rare et précieuse partout dans le monde. De nombreux pays commencent à développer des biotechnologies susceptibles de copier et produire de la HAS en quantité. Selon les conclusions du professeur Yang, environ 33 hectares de riz peuvent produire 1000 kg de HAS.
Pourquoi le riz ? « D'une part, cette plante se reproduit par autopollinisation, qui assure la sécurité biologique. D'autre part, les techniques de modification génétique du riz sont déjà assez mûres en Chine », a expliqué le professeur Yang.
Dans son laboratoire, un endosperme de riz devient un atelier d'albumine. La HAS est transplantée dans des gènes du riz. Au fur et à mesure du développement de ce riz spécial, la HAS se compose et s'accumule. Quand le grain est mûr, on peut y extraire de la HAS en grande quantité.
La HAS d'origine humaine risque de porter de virus, ce qui est impossible avec le riz. Par ailleurs, il est plus dynamique et efficace dans le traitement.
Pour l'instant, le groupe du professeur Yang a réussi à synthétiser de la HAS de haute pureté, et maintenant une grande avance à l'international. Une coopération a démarré entre les scientifiques et une société de biotechnologies de Wuhan, dans l'espoir de commercialiser de la HAS de synthèse d'ici 4 ou 5 ans. « Une fois autorisée par l'évaluation nationale de la sécurité des médicaments, cette HAS de riz remplacera totalement la HAS », a prédit le professeur Yang avec confiance.
Des plantes pleines d'énergie
Certains experts prédisent que dès le milieu du siècle, les nouvelles technologies permettront de produire à partir de la biomasse plus de 40 % de la consommation totale des énergies mondiales. Actuellement, de nombreux pays procèdent à des recherches sur les plantes énergétiques et pétrolières, créant de nouvelles sources d'énergie. La Chine fait partie des pionniers de l'exploitation des plantes.
Le premier plan quinquennal du 21ème siècle a proposé de développer toutes sortes d'alternatives au pétrole, et a fixé l'exploitation de combustibles biologiques liquides comme une des orientations de l'industrie nationale. Le 28 janvier 2005, le 35e forum scientifique et technologique de l'ingénierie de l'Académie chinoise de l'Ingénierie avait comme thème « Energie de la biomasse, l'avenir des combustibles biologiques liquides et des produits biochimiques en Chine ». Le 28 février de la même année, la « Loi portant sur les énergies renouvelables » était approuvée par le Comité permanent de la Xème APN.
Aujourd'hui, la Chine est capable de concevoir et de construire de grandes centrales biologiques dont les équipements principaux sont de fabrication nationale. De nombreuses percées techniques ont été réalisées dans le domaine des batteries et des combustibles biologiques de bonne qualité. Des recherches ont été entreprises sur plus de 300 espèces de microbes anaérobies pour y développer des techniques liées au méthane.
Le jatropha curcas surnommé arbre du diesel.
Depuis les années 90, l'Académie de sylviculture de la province du Sichuan poursuit des recherches sur le jatropha curcas, une espèce de plante oléagineuse résistante à la sécheresse surnommée « arbre du diesel » et a réussi à extraire des ces graines du diesel biologique. L'Académie des Sciences de Chine a même établi une zone d'essai de culture de cette plante magique. En 2006, le premier jardin des plantes énergétiques a été créé dans le Jardin botanique de la Chine du Sud, spécialisé dans la recherche sur la reproduction des plantes à haute rentabilité énergétique, dont le jatropha curcas.
« Le jatropha curcas a une forte faculté d'adaptation. Il peut pousser sur des terres infertiles et se reproduire facilement. Le pourcentage de germination de ses graines approche les 100 %. Il est donc un modèle idéal pour prélever certains gènes et cloner leurs fonctions, tout en créant un système de régénération et de modification génétique des plantes », a expliqué M. Wu Guojiang, biologiste moléculaire du Jardin botanique de la Chine du Sud. Conformément au principe de ne pas accaparer les terres agricoles, l'exploitation des plantes énergétiques sauvages et semi-sauvages comme le jatropha curcas valoriseront les zones marginales, dont les terres infertiles et les sols salins. Ainsi, la culture des plantes énergétiques ne menacera pas les champs labourés, fournira davantage de matières premières, améliorera l'environnement biologique et apportera plus de revenus aux paysans.
En plus de l'arbre du diesel, cornus wilsoniana, qui produit du combustible sous forme d'ester de méthyle, et euphorbia tirucalli introduit d'Afrique du Sud, des Etats-Unis et du Brésil font aussi l'objet de recherche des experts chinois. Les avantages des plantes énergétiques sont nombreux. La quantité de CO2 émise par les combustibles de biomasse équivaut à celle que les plantes énergétiques absorbent. D'ailleurs, ces énergies biologiques propres réalisent un « zéro » émission de SO2, ce qui est impossible dans la consommation des énergies traditionnelles dont le gaz, le pétrole et le charbon », a avancé M. Wu.
Bien que l'énergie issue de la biomasse semble inépuisable, les « matières premières » de cette énergie ne sont pas suffisantes, même rares, sans compter encore la basse efficacité de transformation et le coût de revient élevé. Par exemple, concernant l'électricité de paille, son coût de production reste assez haut à cause de la récole, du stockage et du transport des matières premières, ainsi que des ressources humaines consommées. L'extraction de combustible liquide des arbres se compose de plusieurs étapes : sélection des semences, culture, travaux d'infrastructure, entretien, extraction et transport. Tout ce processus coûte cher. L'avenir de cette nouvelle industrie de l'énergie réside dans le progrès scientifique et technologique.
Beijing Information
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