Nés après 1978, année du début de la politique de réforme et d'ouverture, ils représentent la nouvelle génération de travailleurs migrants. Ils sont les premiers à briser le mur entre zones urbaines et rurales. Ces migrants viennent de la campagne, mais sont moins attachés à l'agriculture par rapport à la génération précédente. Ils aspirent à la vie urbaine, mais la craignent également. Armés de nouveaux concepts, ils n'ont pas l'identité correspondante et manquent de moyens économiques. Certains parlent de génération sans racine, d'autres les qualifient de force principale de la main-d'œuvre du pays. Pour la plupart des citadins, le mot « maison » renvoie souvent à l'appartement ou à la famille ; mais pour les ouvriers paysans de la nouvelle génération, il signifie aussi tolérance, compréhension et accueil, ce qu'ils attendent des villes dans lesquelles ils vivent désormais.
Lü Ling
Début 2010, l'expression « la nouvelle génération de travailleurs migrants » est apparue pour la première fois dans le document N°1 publié par le Comité central du Parti communiste chinoise (CCPCC) et le Conseil des affaires d'Etat.
Selon Chen Xiwen, membre de la Conférence Consultative Politique du Peuple Chinois (CCPPC) et directeur adjoint du Groupe dirigeant chargé du travail rural au CCPCC, sur 150 millions d'ouvriers paysans, 60% sont nés dans les années 1980 ou 1990 et appartiennent cette « nouvelle génération de travailleurs migrants ».
Comme on pouvait s'y attendre, ce groupe social est devenu un thème important pendant les Lianghui, les sessions annuelles de l'Assemblée populaire national (APN) et de la CCPPC.
Tous les citoyens du pays, des députés de l'APN aux membres de la CCPPC, en passant par les citoyens, y compris les jeunes migrants, réfléchissent sur leur vie et leur avenir dans les villes, ainsi que sur les défis et opportunités auxquels ils sont confrontés.
Jouir d'un nouveau mode de vie
« D'habitude, je vais au cybercafé avec mes amis après le travail », dit Xu Ye, agent de sécurité de 20 ans.
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Prendre une pause : Teng Jiao (à droite), 18 ans, est né à Chongqing, dans le sud-ouest. Aujourd'hui, elle vit à Fuzhou, dans le Fujian, sur la côte est. Sur la photo, elle joue en ligne dans un cybercafé après le travail, le 4 mars (Zhang Guojun) |
Originaire de l'Anhui, dans l'est de la Chine, Xu paraît fait plus jeune que son âge. Ayant fini ses études secondaires dans l'Anhui il y a deux ans, il a trouvé un boulot à Beijing, distante d'environ 1000 km. Dans la vie de tous les jours, il ressemble en tous points aux jeunes locaux. La seule différence, c'est son accent de l'Anhui.
Xu gagne 1 400 yuans par mois. La société de gestion immobilière qui l'emploie lui paie seulement le loyer ; les repas sont à sa charge. « Chaque mois, après avoir déduit la nourriture, les cigarettes et mes loisirs, il ne me reste plus rien », reconnaît-il.
Par rapport à la génération précédente, qui menait une vie plus monotone, les ouvriers paysans comme Xu jouissent d'une vie plus animée. Ils fréquentent les cybercafés et les boîtes de nuit, se font teindre les cheveux et portent des vêtements à la mode. Pour eux, économiser de l'argent n'est pas une priorité. Ce qui les intéresse le plus, c'est de s'impliquer dans tous les aspects de la vie urbaine. Et leurs conversations tournent autour des informations les plus médiatisées.
« A Beijing, l'immobilier est très cher », assure Xu. « L'année dernière, dans mon quartier, le prix du m² a augmenté de 7000 yuans ».
« Comment je le sais ? Regarde ! », explique Xu en montrant la vitrine d'une agence immobilière toute proche. « J'ai vu les prix monter chaque jour un peu plus depuis six mois ». « Je ne peux pas acheter d'appartement, mais les étudiants non plus », confie-t-il amusé.
Le jeune homme ne souhaite pas rentrer dans son pays natal, synonyme de devenir paysan. « Je n'ai pas aidé mes parents aux champs quand j'étais petit. Aussi, je serai incapable de le faire maintenant. Avec un peu de chance, je pourrai rester ici pour trouver un job mieux payé ».
A Beijing, la vie n'est pas toujours agréable. Emploi, logement, formation, les travailleurs migrants post 1980 sont confrontés aux mêmes problèmes que les citadins locaux. Cependant, ils sont peu disposés à abandonner leur mode de vie actuel, en raison des charmes irrésistibles de la métropole. Le retour dans la famille pendant la Fête du printemps tient plutôt de la visite de courtoisie. Cela témoigne seulement de leur attachement à la famille et aux amis, et n'a rien à voir avec un quelconque penchant pour l'agriculture.
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