La 3e session de la XIe APN a organisé le 7 mars 2010 une conférence de presse au Grand Palais du peuple. Yang Jiechi, ministre chinois des affaires étrangères, y a répondu aux questions sur les politiques diplomatiques et les relations extérieures de Chine.
News Chine : L'année 2010 marque l'entrée dans la seconde décennie du 21e siècle, comment évaluez-vous le changement de la situation internationale et la diplomatie chinoise de la première décennie du siècle ? Quels sont les points importants et les éléments phares de la diplomatie cette année ? Et quelles sont vos perspectives ?
Yang Jiechi : La première décennie était celle de la crise et de la transformation, mais aussi celle de la coopération et du développement. Pendant ces dix années, il s'est produit plusieurs événements, tels que les attentats du 11 septembre, la guerre d'Irak, la crise financière internationale et la montée en puissance des pays en développement, etc. ce qui a engendré un changement important dans les relations internationales et la structure internationale. Nous croyons que le monde va vers la multipolarité, le multilatéralisme et la démocratisation des relations internationales. Par ailleurs, les défis mondiaux liés au changement climatique, à la sécurité des ressources énergétiques, et à la santé publique s'intensifient. De plus en plus de pays sont conscientsqu'une attitude de guerre froide et le jeu de somme nulle sont inopportuns, mais que l'avantage réciproque et la stratégie gagnant-gagnant sont la voie de la pérennité et du développement.
Ces dix dernières années sont aussi marquées par le développement vigoureux de la diplomatie chinoise. Au cours des dernières années en particulier, la Chine a organisé avec succès les Jeux olympiques à Beijing et a joué un rôle constructif et important dans la lutte contre la crise financière internationale et le changement climatique. Par conséquent, le monde suit de très près la Chine, et attache plus d'importance à son rôle dans la communauté internationale. Pendant ces dix ans, la Chine a développé des relations de coopération amicale et réciproque avec différents pays, a activement participé à la lutte contre les défis planétaires avec la communauté internationale, et a encouragé l'ordre international à marcher vers un développement plus juste et rationnel.
L'année 2010 est encore une année de lutte contre la crise financière internationale et de stimulation de la reprise de l'économie mondiale. Nous continuerons fermement à sauvegarder la souveraineté, la sécurité et les intérêts du développement du pays, et à promouvoir partout la diplomatie. Ici, je voudrais souligner que nous devons nous concentrer sur la diplomatie au plus haut niveau et la diplomatie liée à l'Exposition universelle ; parallèlement, il faut créer un environnement international favorable pour garantir la stabilité, promouvoir le développement et réajuster la structure économique. Grand pays en développement, la Chine fait face à des défis colossaux, mais rencontre également de précieuses opportunités. Je suis convaincu qu'au fur et à mesure du développement de l'économie chinoise et de l'intensification de notre puissance, la Chine contribuera davantage à la paix, à la stabilité et au développement du monde et de l'Asie.
Agence de presse Interfax (Russie) : Comment définissez-vous les relations actuelles entre la Russie et la Chine ? Et que fait la Chine pour renforcer la coopération sino-russe ? Pourriez-vous détailler celle-ci en matière d'énergie ?
Yang : Les relations sino-russes sont une priorité du développement de la diplomatie chinoise. Les deux pays soutiennent mutuellement leurs positions en ce qui concerne leurs intérêts vitaux. Sur plusieurs importants dossiers mondiaux et régionaux, nos deux pays partagent des vues identiques ou proches, et ont entamé une relation et une communication étroites. Les perspectives de développement de la coopération efficienteentre les deux pays sont vastes. L'année dernière, Chine et Russie ont signé une série d'accords importants dans l'énergie, le pétrole, le gaz naturel, le charbon, l'électricité, l'énergie nucléaire, et le chemin de fer à grande vitesse. Certains de ces accords sont déjà en application. A la fin de l'année, l'oléoduc Chine-Russie sera sans doute achevé, et il pourrait fonctionner dès l'an prochain. Je voudrais ajouter que nos deux pays suivent de très près la coopération entre la région du Nord-Est de la Chine et les régions de l'Extrême-Orient et de la Sibérie orientale. Nous avons décidé de démarrer une série de projets d'infrastructures transfrontalières, et je pense qu'ils recèlent un caractère exemplaire.
Sous l'impulsion des dirigeants des deux pays, et avec nos efforts conjugués, il faut dire que la coopération stratégique Chine-Russie constitue un partenariat stratégique sûr, stable, sain et dynamique. Je crois que c'est un modèle en matière de relations internationales, en particulier entre deux grandes puissances. Cette année, plusieurs rendez-vous de haut niveau sont programmées : le président chinois Hu Jintao, le président du Comité permanent de l'Assemblée populaire nationale Wu Bangguo et le premier ministre Wen Jiabao vont rencontrer respectivement le président russe Dimitri Medvedev, le premier ministre Vladimir Poutine, le président russe du Conseil de l'Assemblée fédérale de la Fédération Sergei Mironov et le président de la Douma Boris Gryzlov. Durant la dernière décade du mois de mars, le vice-président chinois Xi Jinping effectuera une visite officielle en Russie à l'invitation du premier ministre Vladimir Poutine, et participera à la cérémonie d'ouverture de l'« Année de langue chinoise » organisée en Russie. Je pense que ces rencontres donneront une nouvelle impulsion au développement des relations entre nos deux pays, je suis convaincu que les relations sino-russes s'amélioreront encore.
China Daily : Récemment, les relations sino-américaines ont connu des hauts et des bas. Comment percevez-vous les divergences et les frictions entre la Chine et les Etats-Unis ? Parallèlement, deux fonctionnaires américains de haut niveau ont effectué une visite en Chine, certains analystes considèrent ces visites comme un signe de détente dans les relations sino-américaines. Quel est votre commentaire à ce propos ? Enfin, quelles sont les perspectives de développement des relations sino-américaines ?
Yang : L'an dernier, depuis l'entrée en fonction du gouvernement Obama, les relations sino-américaines ont connu un bon départ. Mais à la fin de l'année et au début de l'année suivante, les ventes d'armes à Taïwan et la rencontre entre les dirigeants américains et le dalaï-lama ont gravement perturbé les relations sino-américaines et leur coopération. La responsabilité n'en incombe pas à la partie chinoise. Récemment, James B. Steinberg, sous-secrétaire permanent d'État américain, et Jeffrey Bader, directeur pour les affaires asiatiques au Conseil national de sécurité de la Maison blanche, ont effectué une visite en Chine. Nos deux pays ont entamé des discussions sincères et en profondeur sur les relations sino-américaines et les questions concernées. La partie chinoise a davantage détaillé sa position de principe sur les questions importantes liées aux relations sino-américaines, les affaires de Taïwan et du Tibet. La Chine a indiqué que les récents agissements de la partie américaine avaient violé les principes des Trois communiqués conjoints sino-américains et de la Déclaration conjointe sino-américaine, lésé les intérêts essentiels de la Chine et la situation générale régissant les relations entre la Chine et les Etats-Unis. La Chine s'oppose fermement à ces comportements des Etats-Unis. La priorité des priorités, c'est que le gouvernement américain considère très sérieusement la position de la Chine, respecte réellement ses intérêts essentiels et ses préoccupations importantes, traite judicieusement les problèmes sensibles afférents, et stimule énergiquement la reprise du développement des relations sino-américaines.
De bonnes relations entre la Chine et les Etats-Unis sont conformes aux intérêts fondamentaux des deux pays et de leurs peuples, elles promeuvent la paix, la stabilité et le développement de la région Asie-Pacifique et du monde. La Chine est attachée aux relations sino-américaines, s'efforce d'engager les relations sino-américaines sur la voie de la coopération positive et complète.
NHK (Japon) : Je souhaite soulever un problème lié aux relations sino-japonaises. Tout d'abord, comment la Chine doit-elle stimuler davantage les relations bilatérales et stratégiques entre la Chine et le Japon ? Ensuite, quelle est la stratégie chinoise dans la coopération Asie-Pacifique, y compris la communauté de l'Asie ? Enfin, des divergences entre la Chine et le Japon demeurent sur le problème de la mer de Chine orientale. De nombreux Japonais estiment que les négociations tardent à débuter en raison de l'attitude passive de la partie chinoise. Comment considérez-vous cette question ?
Yang : Je crois que les relations sino-japonaises disposent d'un grand potentiel et d'opportunités de développement, et que les deux parties doivent s'efforcer ensemble de promouvoir des relations stratégiques mutuellement bénéfiques. Nous devons augmenter ensemble les investissements stratégiques dans les relations sino-japonaises, et renforcer la communication et la coopération sur les plans bilatéral, régional et mondial. Parallèlement, la Chine croit que nos deux pays disposent aussi d'un grand potentiel de développement dans le domaine de la coopération efficiente. Je voudrais souligner ici qu'en plus de la coopération dans les secteurs traditionnels, il existe de nouvelles opportunités fondamentales pour la coopération bilatérale, telles que l'énergie et l'environnement, l'économie circulaire et les nouvelles technologies de pointe, qui sont des secteurs stratégiques émergents. Dans ce domaine, notre coopération dispose d'un grand potentiel de développement. En même temps, la Chine et le Japon se situent tous les deux en Asie, et ils doivent travailler ensemble pour contribuer à la prospérité de l'Asie.
En ce qui concerne la coopération au sein de la région Asie-Pacifique, je voudrais indiquer que la Chine participe activement à la coopération régionale, elle a présenté plusieurs propositions, en apportant une importante contribution à la paix, à la stabilité et au développement de la région. Aujourd'hui, dans la coopération régionale se développent denombreux mécanismes, à de multiples niveaux et à diverses vitesses. La Chine croit que les différentes parties doivent adopter une attitude ouverte et tolérante, que les mécanismes existants sont spécialisés, se complètent et se renforcent mutuellement. Nous gardons une attitude ouverte et active à toute proposition favorable à la promotion de l'intégration régionale, de la confiance politique, de la coopération efficiente et du développement commun. Parallèlement, je voudrais indiquer que la Chine préconise et encourage toujours l'ANASE à jouer un rôle dominant dans la coopération régionale de l'Asie de l'Est, et soutient sa position dominante. Bien sûr, la Chine souhaite la bienvenue aux autres parties qui présentent des propositions actives pour l'intégration de la région, et qui font des efforts positifs.
La Chine et le Japon ne sont séparés que par un détroit. En ce qui concerne la mer de Chine orientale, la Chine préconise de passer par la consultation et la négociation, afin de sauvegarder les relations réciproques stratégiques de la Chine et du Japon et les intérêts fondamentaux de leurs peuples. La Chine prend une attitude active et non passive sur cette question. L'accord de principe auquel sont parvenus les deux pays est le résultat de longs efforts ; cela a coûté cher, il faut le chérir. Nos deux pays doivent respecter l'esprit de l'accord de principe relatif au problème de la mer de Chine orientale, et créer des conditions favorables pour appliquer réellement cet accord de principe, afin de faire de la mer de Chine orientale un espace « pacifique, amical et de coopération ».
CNN (Etats-Unis) : Ma première question concerne la compréhension mutuelle et le manque de compréhension mutuelle. Aujourd'hui, sans coopération et compréhension mutuelle entre la Chine et les Etats-Unis, plusieurs problèmes importants de la communauté internationale sont difficiles à régler, mais récemment certains conflits et frictions se sont produits entre les deux pays sur une série de problèmes importants liés aux relations bilatérales, ce qui a entravé la coopération sino-américaine. Les Etats-Unis pensent que les droits de l'Homme font aussi partie des problèmes clés liés aux relations sino-américaines. Quels sont les problèmes clés pour la Chine ? Ma deuxième question est la suivante : nous autres étrangers, entendons souvent que « nous ne connaissons pas l'histoire et l'état actuel de la Chine ». Croyez-vous que nous pourrons connaître réellement la Chine ? Et quel est le plus grand malentendu à l'étranger concernant la Chine ? Comment la Chine agit-elle pour atténuer ce malentendu ?
Yang : Je crois que dans le 21e siècle, les relations sino-américaines ont pour objectif la paix, la stabilité, le développement et la prospérité de la région et du monde, ce qui est favorable à nos deux peuples. J'espère que nos deux pays sont d'accord sur ce point. Je pense que les Etats-Unis connaissent bien les intérêts centraux et préoccupations importantes de la Chine. En outre, ces intérêts et préoccupations ont été pleinement exposés dans la Déclaration conjointe sino-américaine et les trois Communiqués conjoints sino-américains, ces documents ayant réglementé les principes de traitement des problèmes sensibles liés aux relations sino-américaines et des intérêts essentiels et préoccupations importantes respectifs. La position de la Chine sur les questions de principe est toujours ferme et inébranlable. Parallèlement, la partie chinoise s'efforce d'engager le développement des relations sino-américaines sur une voie de coopération positive et complète, nous espérons que le gouvernement américain fera les mêmes efforts.
La compréhension mutuelle est la base du développement des relations d'Etat à Etat. A présent, la situation des pays et du globe a connu de grands changements, c'est pourquoi le monde doit réactualiser ses connaissances. La Chine a enregistré de grands progrès dans le domaine du développement socio-économique, mais elle est encore un pays en développement, et nourrit une population nombreuse ; ses fondations sont fragiles, son développement déséquilibré, elle aura un long chemin à parcourir pour réaliser sa modernisation. La Chine est prête à étendre la compréhension mutuelle et à se développer conjointement avec les autres pays du monde. Nous souhaitons que l'étranger comprenne les caractéristiques particulières et la situation réelle de la Chine. Nous espérons aussi que certains ôtent leurs œillères, modifient leur façon de pensée, et en particulier leurs préjugés idéologiques. J'aime non seulement la peinture à l'huile, mais aussi le lavis à l'encre de Chine. Mais si certains admirent un lavis à l'encre de Chine à l'aide des critères de la peinture à l'huile, il se peut qu'ils se fourvoient. A présent, à l'étranger, il existe des malentendus sur la Chine. Par exemple, certains croient que la Chine durcit de plus en plus le ton à l'international. Mais selon moi, s'en tenir à des positions de principe, ça n'a rien à voir avec un quelconque durcissement. En cas de règlement des problèmes apparus dans les rapports entre deux Etats, il importe de voir lequel a « raison ». La diplomatie chinoise se dévoue à la sauvegarde de la souveraineté, de la sécurité et de l'intérêt de l'Etat, et à la promotion de la paix et du développement du monde, c'est la « raison » de la diplomatie chinoise, je pense que c'est aussi une « raison » que les normes régissant les relations internationales maintiennent. Si l'on considère la défense des intérêts centraux et de la dignité du pays comme un « durcissement », mais que la violation des intérêts d'un pays est qualifiée de « raison », alors, où est la vérité universellement admise ?
Actuellement, plus de 700 journalistes de plus de 400 médias étrangers séjournent en permanence en Chine. Nous espérons que vous jouerez un rôle plus actif, en présentant le monde au peuple chinois, le développement et la diplomatie chinoises au monde, et en faisant davantage office de pont et de trait d'union. Dans mes fonctions de ministre des affaires étrangères, j'ai parcouru le monde entier, et je pense que les Chinois souhaitent connaître le monde, et par ailleurs, ils ont reçu au sein du pays énormément d'informations relatives au monde et à la Chine.
Dong-A Llbo (RC) : Récemment, les pourparlers à six sur le problème nucléaire de la péninsule coréenne ont rétabli des contacts étroits. Quelles sont les perspectives ? Le Sommet du G20 se tiendra cette année en République de Corée, dans quels domaines la Chine et la République de Corée doivent renforcer la coordination et la coopération ? Quelle est l'attente de la Chine pour ce sommet ?
Yang : L'année dernière, les pourparlers à six ont connu des rebondissements. Mais il est agréable de constater que personne n'a renoncé à l'objectif de dénucléarisation de la péninsule coréenne. En outre, aucun n'a abandonné ce mécanisme efficace et multilatéral des pourparlers à six, et tous contribuent à leur reprise. Je suis convaincu que si les parties concernées maintiennent ce cap et le contact et restent patientes, alors les perspectives sont bonnes pour la reprise des pourparlers et la réalisation de l'objectif fixé par la Déclaration conjointe du 19 septembre.
En ce qui concerne le Sommet du G20, je voudrais d'abord indiquer qu'en matière de lutte contre la crise financière internationale, le mécanisme du G20 a effectivement joué un rôle important. Le fait que le sommet de Pittsburg en ait fait une importante plate-forme de la coopération économique mondiale marque un progrès important de la réforme administrative de l'économie mondiale. Je me réjouis que notre voisin la République de Corée accueille vers la fin de l'année le sommet du G20. Entre temps, un autre sommet se tiendra au Canada. Nous espérons que tous coopèrent pour le succès de ces rencontres. Selon moi, la communauté internationale s'intéresse particulièrement à quatre sujets.
Premièrement, la réalisation des objectifs de réforme des institutions financières internationales. Deuxièmement, la promotion de la reprise et du développement de l'économie mondiale, en particulier l'atténuation du déséquilibre de son développement. Troisièmement, le renforcement de la coordination en matière de politiques globales, discuter de la « stratégie de retrait », et renforcer la coordination en matière de politiques. Quatrièmement, la lutte contre le protectionnisme commercial sous toutes ses formes, et la promotion commune des négociations du cycle de Doha, afin d'aboutir à un accord général et équilibré.
Cette année marque l'institutionnalisation du sommet du G20. Nous sommes prêts, en conjuguant nos efforts avec les autres parties et sur la base du principe de « démocratie, transparence, justice et efficacité », à promouvoir le mécanisme du G20 pour qu'il joue un rôle plus important et plus efficace dans l'administration de l'économie mondiale.
CCTV : J'ai noté que, dans votre réponse à la première question, vous avez souligné l'importance du G20 et de l'Exposition universelle de Shanghai dans la réussite de la diplomatie chinoise.
L'Exposition s'ouvrira dans 55 jours. Dans diverses interviews, vous avez affirmé que les relations extérieures de l'Exposition seraient une priorité du ministère des Affaires étrangères en 2010. Qu'attendez-vous de l'Expo de Shanghai ? Qu'a fait et fera le ministère des Affaires étrangères pour soutenir cet événement ?
Yang : Effectivement, la diplomatie liée à l'Exposition est une priorité de notre diplomatie cette année. Ces derniers mois, mes collègues et moi nous sommes rendus plusieurs fois à Shanghai.
Plus de 190 pays et 50 organisations internationales participeront à l'Expo de Shanghai. On organisera 188 journées des pavillons et 39 journées spéciales pour les organisations internationales participantes. Une centaine d'hommes politiques et des millions de visiteurs étrangers sont attendus dans la métropole lors de l'événement.
Cette exposition en est la première du genre organisée par un pays en développement. Ce sera non seulement une grande fête pour les milieux économiques, sociaux, scientifiques, technologiques et culturels, mais aussi un événement diplomatique. D'ailleurs, comme dit le proverbe : « Trois personnes marchant côte à côte, mon enseignant doit être parmi eux ». Ce sera une excellente occasion pour apprendre auprès des autres pays et de leurs peuples.
Le ministère des Affaires étrangères ainsi que ses ambassades et consulats à l'étranger, les autorités de Shanghai et les départements concernés ont étroitement collaboré en ce qui concerne les appels d'offres et la promotion de l'Exposition. Nous avons formé une équipe de diplomates d'élite, certains collègues sont déjà arrivés à Shanghai, d'autres partent bientôt. Pour la prochaine étape, nous allons hâter les préparatifs d'accueil des politiques et visiteurs étrangers à Shanghai et dans d'autres villes chinoises. Je suis convaincu que l'Expo de Shanghai sera un événement spectaculaire et inoubliable.
France Télévision : Beaucoup de critiques croient que l'Union européenne s'efforce d'exercer son influence sur le changement et le développement politiques et économiques de la situation internationale et d'y jouer son rôle. Comment la Chine considère-t-elle les efforts de l'UE au sein de la communauté internationale ? Comment jugez-vous les relations entre la Chine et l'UE ?
Yang : Je crois que depuis bien des années, l'UE a toujours eu un rôle très important sur la scène internationale, un rôle que je juge de plus en plus important. La Chine est très attentive à ses relations avec l'UE. Elle attache de l'importance non seulement à ces relations dans son ensemble mais aussi au progrès de ses liens avec chacun des membres de l'UE.
Ces dernières années, les relations Chine-UE ont évolué dans l'ensemble de façon positive et notre coopération efficiente a porté de nombreux fruits dans différents domaines. Par exemple, l'UE est le partenaire commercial le plus important de la Chine, avec un volume de commerce de plus de 360 milliards de dollars l'année dernière, et environ 200 000 étudiants chinois font actuellement leurs études dans des pays européens. Bien sûr, il est impossible qu'il n'y ait pas de frictions au cours du développement des relations bilatérales, mais elles n'en constituent pas l'élément principal.
Comme la Chine et l'UE diffèrent par leurs traditions culturelles, le contexte historique, la phase de développement et le système social, c'est naturel qu'il existe des différences, et même des divergences d'opinionsur certaines questions.
L'important est que nous traitions les différends de manière appropriée par la négociation, basée sur le respect mutuel, l'égalité et les bénéfices réciproques, tout en mettant l'accent sur nos intérêts communs dans de nombreux domaines. Je crois que les relations Chine-UE seront meilleures de jour en jour, de mois en mois et d'année en année.
Cette année coïncide avec le 35e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et l'UE. Ce sont des relations mures qui nous lient. De nombreux hommes politiques et citoyens de l'UE se rendront à Shanghai cette année. Nous les accueillons chaleureusement. Je peux d'ailleurs vous informer que des visites de nos principaux dirigeants en Europe sont envisagées cette année.
Nous devons conjuguer nos efforts pour améliorer et faire progresser nos relations bilatérales, et renforcer notre partenariat stratégique global, pour que ce lien soit plus fort au niveau stratégique, plus général et plus stable. Je suis sûr qu'avec nos efforts conjugués, les relations Chine-UE progresseront à grand pas et de nouveaux pôles de croissance apparaîtront.
Agence Xinhua : Nous savons que la 4e réunion ministérielle du Forum de coopération sino-arabe se tiendra cette année en Chine. Qu'attend la Chine des relations sino-arabes ?
Ma deuxième question concerne le nucléaire iranien. Certains pays ont lancé de nouveaux projets de sanction contre l'Iran. Y a-t-il encore un espace pour une solution diplomatique ? Comment faut-il résoudre la question du nucléaire iranien ?
Yang : La 4e réunion ministérielle du Forum de coopération sino-arabe se tiendra au milieu de cette année en Chine. Nous avons choisi Tianjin comme ville d'accueil. Nous croyons approprié d'organiser la réunion dans cette ville en plein essor, la plus grande ville côtière ouverte de la Chine du Nord.
Nous y accueillerons les ministres des Affaires étrangères de 22 pays arabes et le secrétaire général de la Ligue arabe. Les dirigeants chinois les rencontreront à coup sûr. Je suis persuadé que la réunion jouera un grand rôle dans la promotion de notre coopération collective et l'amélioration du niveau général de la coopération sino-arabe. Nous sommes pleins de confiance dans la consolidation et la promotion des relations de coopération, caractérisées par l'amitié et l'avantage mutuel entre la Chine et les pays arabes.
En ce qui concerne le nucléaire iranien, je voudrais souligner que la partie chinoise défend toujours le système international de non-prolifération nucléaire, le maintien de la paix et de la stabilité des régions concernées. Nous approuvons la résolution pacifique de la question du nucléaire iranien par des consultations et des négociations, et nous avons fait des efforts positifs pour y parvenir.
Franchement, la résolution de la question du nucléaire iranien rencontre actuellement des difficultés, mais nous croyons qu'il y a des marges de manœuvres diplomatiques. On sait que la pression et la sanction n'offrent aucune issue. Nous espérons que les parties intéressées fassent des négociations diplomatiques la direction principale et mettent en valeur leur sagesse politique, afin que la question soit résolue de façon générale, raisonnable et équitable.
Phénix TV (Hongkong) : L'Afghanistan et le Pakistan, voisins de la Chine, maintiennent des relations de coopération amicales et des contacts avec cette dernière. Pourtant, il existe dans cette région des éléments incertains, comme la guerre en Afghanistan ou l'instabilité politique du Pakistan. Monsieur le ministre, comment la Chine coopèrera-t-elle avec ces pays ? Si les Etats-Unis se retirent d'Afghanistan dans la deuxième moitié de l'année prochaine, la Chine y enverra-t-elle une mission de maintien de la paix ? Selon certaines voix au sein de la communauté internationale, puisque Chine et Afghanistan sont des pays contigus, l'instabilité de la situation afghane menace la sécurité des intérêts de la Chine et des pays voisins membres de l'Organisation de coopération de Shanghai. Cette organisation, ou la Chine, enverra-t-elle des troupes en Afghanistan ?
Yang : Le gouvernement et le peuple afghans ont obtenu des résultats remarquables dans le rétablissement de la paix. Mais de graves problèmes demeurent, tels que le trafic de la drogue et le terrorisme.
La Chine soutient le gouvernement afghan pour ses efforts vers la paix, la sécurité et la stabilité dans le pays. De plus, nous avons fourni des aides diverses à l'Afghanistan dans la mesure de nos capacités et sans aucune condition. Nous l'avons par exemple aidé à construire plusieurs hôpitaux et des constructions hydrauliques, ainsi qu'à former des hommes dans différents domaines.
Il y a un an, le gouvernement chinois a envoyé un représentant à Moscou, pour la conférence internationale de l'Organisation de coopération de Shanghai sur la question de l'Afghanistan. J'ai moi-même participé aux conférences internationales de l'ONU tenues en Turquie et à Londres. (N.D.T. : Toutes deux se sont déroulées en janvier 2010).
Au cours de ces deux conférences, j'ai eu la chance de m'entretenir avec le président afghan, son ministre des Affaires étrangères et le conseiller de la sécurité. Ils ont attaché beaucoup d'importance à la position de la Chine ainsi qu'à l'aide chinoise en l'Afghanistan.
Lors des conférences, de nombreux représentants ont estimé que la solution militaire n'était pas la bonne. Plusieurs pays, ainsi que la Chine, ont appelé la communauté internationale à soutenir les efforts du gouvernement et du peuple afghans. Nous croyons que le peuple afghan atteindra l'objectif de paix et de stabilité, d'indépendance et d'autonomie, de développement et de progrès, de bon voisinage et d'amitié.
Je suis persuadé que l'Organisation de coopération de Shanghai et ses pays membres continueront à porter leur attention sur l'évolution de la situation en Afghanistan. Actuellement, cette situation présente encore des incertitudes. L'Organisation de coopération de Shanghai continuera à soutenir le gouvernement et le peuple afghans pour leurs efforts.
Le conseil de sécurité de l'ONU joue un rôle important dans le traitement de la question afghane. Nous souhaitons qu'il continue à jouer un rôle constructif en la matière. La Chine, pays permanent du Conseil de sécurité, continuera à y contribuer.
Je crois que le gouvernement pakistanais contrôle efficacement la situation du pays. Ensemble avec le Pakistan, nous continuerons à développer notre coopération efficiente dans différents domaines, sur la base de l'égalité et des avantages mutuels, à soutenir la stabilité, le développement et la prospérité au Pakistan.
Agence de presse du Maroc : Lors de la 4ème réunion ministérielle du Forum de coopération sino-africaine tenue l'année dernière à Sharm el-Sheikh, le premier ministre Wen Jiabao a annoncé huit nouvelles mesures d'aide à l'Afrique. Pourriez-vous parler de l'application de ces mesures ? Comment jugez-vous l'avenir de la coopération sino-africaine ? Pourquoi certains pays occidentaux s'inquiètent-t-ils de la coopération entre la Chine et l'Afrique ? Pourquoi affirment-ils sans cesse que la Chine ne développe ses relations avec l'Afrique que dans le but de s'emparer des ressources et des énergies du continent ?
Yang : La coopération sino-africaine est entrée dans une période de développement sain. En 2006, nous avons organisé le Sommet de Beijing du Forum de coopération sino-africaine au Grand palais du peuple. Les dirigeants chinois et africains s'y sont réunis pour discuter des affaires importantes de la coopération sino-africaine.
Au nom du gouvernement chinois, le président chinois Hu Jintao a annoncé huit mesures concernant la coopération efficiente avec l'Afrique. La plupart de ces mesures ont été réalisées, seulement un petit nombre de travaux sont en cours d'achèvement. La réunion et les huit mesures lancées par le président Hu Jintao ont porté la coopération sino-africaine à un nouveau niveau.
En novembre dernier, la 4ème réunion ministérielle du Forum de coopération sino-africaine s'est déroulée à Sharm el-Sheikh, le premier ministre Wen Jiabao était présent à la cérémonie d'ouverture. Il a expliqué les idées principales de la coopération chinoise avec l'Afrique, lesquelles ont été approuvées par de nombreux participants. Il a aussi annoncé huit nouvelles mesures d'assistance à l'Afrique.
Actuellement, les actions s'y rapportant ont démarré, telles que l'exonération de dettes et de tarifs douaniers, le Plan de partenariat scientifique et technologique sino-africain, et le Plan d'échange et de recherche conjointe. Nous sommes convaincus que les programmes d'autres domaines seront appliqués et que la coopération sino-africaine sera plus féconde.
J'ai remarqué qu'à l'étranger, certains ne regardent pas le développement des relations sino-africaines, mais ne parlent que de la coopération énergétique entre les deux parties. En fait, la Chine importe du pétrole d'Afrique à hauteur de seulement 13 % de l'exportation de cette dernière. Pour l'Europe et les Etats-Unis, ce chiffre dépasse les 30 %.
Les investissements chinois dans le domaine pétrolier en Afrique représentent seulement un seizième de la totalité mondiale. Les investissements européens et américains sont beaucoup plus importants que les nôtres. Nous encourageons les autres pays à entamer la coopération dans le domaine de l'énergie sur la base de l'égalité et de l'avantage réciproque, mais ils n'ont aucun droit de s'opposer à la coopération sino-africaine égalitaire et mutuellement bénéfique.
De plus, la coopération chinoise avec l'Afrique couvre aussi bien les pays riches en ressources que ceux qui ont en moins. Je voudrais faire remarquer que l'Afrique appartient au peuple africain. C'est lui le maître de l'Afrique, les autres n'en sont que les hôtes.
Nous devons respecter le maître dans ses choix de partenariat de coopération ainsi que dans sa volonté et sa liberté de choisir ses amis. A mon avis, pour être l'ami et le partenaire du peuple africain, il faut agir concrètement et positivement, et éviter toute parole en l'air. En ce qui concerne la Chine, d'une part, elle coopère avec le peuple africain, en transformant ses ressources et énergie en puissance de développement. D'autre part, elle coopère avec le peuple africain en construisant ensemble des chemins de fer, des routes et des ponts, en améliorant les infrastructures et en créant du bien-être pour les Africains.
Le président zambien Rupiah Banda a dit récemment : « Tout le monde constate la promotion du développement de l'économie africaine par les investisseurs chinois. C'est eux qui nous aident réellement. » Tandis que le président rwandais Kagame a estimé : « Les investissements et les prêts de la Chine apportent ce dont l'Afrique a besoin. » Je crois que ces jugements sont justes.
O Estado de Sao Paulo (Brésil) : En avril prochain, le Brésil organisera le IIème Sommet du BRIC. La Chine estime-t-elle la coopération au sein du BRIC plus importante pour elle-même depuis la crise financière internationale et la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques à Copenhague ?
Je voudrais savoir si vous croyez que des pays aussi différents que la Chine, le Brésil, l'Inde et l'Afrique du Sud peuvent établir réellement un mécanisme de coopération bénéficiant d'un même intérêt de développement. Ma deuxième question concerne l'Amérique latine. Ces dernières années, la Chine a renforcé la coopération dans les domaines du commerce et de l'investissement avec l'Amérique latine. Quels sont les domaines qui comptent pour la Chine ?
Yang : Les pays du BRIC ont effectivement des caractéristiques différentes, mais leur niveau et période de développement économique ainsi que leur position sur les questions internationales importantes sont similaires. Face aux défis mondiaux, dont le nombre augmente toujours, les pays du BRIC renforcent leur coopération. En recourant au principe de « pragmatisme, positivité, ouverture et transparence », ils renforcent la coopération interne et externe. Je crois que c'est favorable au monde. Nous souhaitons un plein succès du IIème sommet du BRIC, qui se tiendra en avril prochain au Brésil.
Par ailleurs, je crois que la Chine et l'Amérique latine sont hautement complémentaires dans les domaines économique, commercial et social. Le développement des relations bilatérales présente de bonnes perspectives.
Reuters : Cette année, la communauté internationale fait face à un sujet passionnant : les négociations sur les changements climatiques après la conférence de Copenhague. Qu'attend la Chine de ces négociations ? La Chine craint-t-elle qu'on ne parvienne pas à un accord efficace à la fin de l'année ?
Yang : La Chine n'est pas seule à croire que la conférence de Copenhague a obtenu des résultats positifs et importants. La communauté internationale en général le croit également. Mais il y a encore beaucoup de choses à faire. De concert avec les organisations et les pays concernés, conformément à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et à son Protocole de Kyoto, en respectant la Feuille de route de Bali et le principe de « responsabilités communes mais différenciées », la Chine est prête à promouvoir le processus de lutte contre les changements climatiques, afin que les efforts des pays du monde en la matière puissent obtenir des résultats plus remarquables. Nous espérons que la conférence de Mexico enregistrera d'importants résultats.
Beijing Information
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