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Un projet emblématique en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, réalisé dans une centrale de Beijing dans le cadre de la coopération Chine-Australie. Le projet permet de récupérer 85% du gaz émis et de produire un dioxyde de carbone pur à 99,99%. | Liu Junhong, directeur du Centre sur la mondialisation de l'Institut de recherche sur les rapports internationaux modernes de Chine
Lors de la récente Conférence de Copenhague, les pays développés ont lancé le « projet de texte danois ». En dépit du principe des « responsabilités communes mais différenciées », déterminé il y a plusieurs années par les Nations unies, ils ont fixé dans le projet des « quotas d'émission plafonds » et des « échéances » aux pays en développement, semant à nouveau la discorde entre le « Nord et le Sud ».
Dès la publication du projet de texte danois, le « groupes des 77 » et la Chine se sont rangés du même côté pour défendre le droit au développement commun, accepté depuis la fin de la guerre froide, et les intérêts qui s'y rapportent. Leur opposition est justifiée et témoigne en outre d'un respect de l'histoire de la révolution industrielle du monde.
En réalité, selon la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et le Protocole de Kyoto, les normes de réduction des émissions de gaz à effet de serre présentent grosso modo trois formes. Primo, l'établissement de systèmes de réduction au moyen de technologies performantes. Citons en exemple les « système technique des nouvelles énergies », « système technique de stockage souterrain de CO2 » et « système technique d'amélioration de l'efficacité énergétique ». Secundo, le « mécanisme de développement propre » des Nations unies. Les pays développés aident les pays en développement à réduire les émissions en vue d'un échange de droit d'émission. Tertio, le « mécanisme de Marché du carbone ». Il est basé sur le principe du « cap and trade » : des quotas d'émission sont fixés pour chaque pays et ceux qui n'ont pas utilisé toutes leurs émissions peuvent vendre leur excédent aux pays qui dépassent leurs quotas.
Aujourd'hui, les pays développés ont le quasi monopole des systèmes techniques de réduction les plus sophistiqués. Que ce soient les systèmes des nouvelles énergies (atomique, éolienne, solaire et biologique), ou les systèmes des techniques de construction des « appareils électroménagers verts », des « véhicules automobiles électriques », des « centrales électriques propres » et des « aciéries à faible teneur en carbone », ils sont détenus, presque sans exception, par les pays développés. Il existe un « fossé technique » infranchissable entre ceux-ci et les pays en développement.
De plus, face aux menaces de l'humanité, les pays développés négligent volontairement les liens entre l'« histoire de l'évolution technique » et l'« histoire de la révolution industrielle », de même que le fait historique que l'accumulation de leur propriété intellectuelle et leurs émissions de CO2 ont évolué en parallèle. En prenant la protection de la propriété intellectuelle comme prétexte, ils ont refusé arbitrairement de transférer leurs techniques aux pays en développement, afin de maintenir le « fossé technique » et de les rendre incapables de prendre en charge les quotas de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Par ailleurs, ce « fossé technique » isole presque les pays en développement du mécanisme de développement propre des Nations unies. Dès l'entrée en vigueur du Protocole de Kyoto, presque tous les pays développés (le Japon et les pays européens) se sont rués vers les pays en développement. Ils comptent sur leurs techniques d'avant-garde pour « aider ces derniers à aménager des usines d'engrais chimiques et d'aciéries » ou à mettre en place des « projets d'épuration d'eau », en vue d'obtenir des droits d'émission du CO2 pour favoriser la réalisation de leurs quotas d'émissions. C'est là l'une des techniques utilisées pour respecter ses quotas d'émission sans effort de mesures politiques. Evidemment, les pays en développement ne remplissent pas de telles conditions techniques. C'est pourquoi ils font encore l'objet d'une aide extérieure et sont incapables de prendre des mesures similaires pour réduire massivement leurs émissions de gaz à effet de serre.
Ainsi, les pays en développement n'ont qu'un unique recours : acheter des quotas d'émission sur le marché du carbone. Cela signifie inévitablement que les pays en développement paieront un coût de développement économique plus cher, risquant de provoquer une perte de leurs richesses. L'écart économique entre le Nord et le Sud réapparaîtra.
L'humanité veut vivre et l'économie a besoin de se développer. Mais les énergies fossiles sont irremplaçables pour le moment. Les pays développés fixent des « quotas d'émission plafonds » et des « échéances » pour les pays en développement, mais cela revient à les étrangler. C'est une déformation du blocus économique et une véritable privation du droit au développement aux pays en développement.
Les problèmes de l'environnement et du climat sont des leçons communes de l'humanité. Leur résolution requiert la paix et la coopération entre les pays développés et en développement ainsi qu'un partage équitable des responsabilités. L'équité signifie qu'il faut connaître, de manière historique, matérialiste et générale, la révolution industrielle, le progrès technologique de même que le lien historique entre l'accumulation de la propriété intellectuelle et l'émission de CO2, et qu'il faut mesurer, du point de vue du développement social de l'humanité, le droit à l'existence et au développement de l'humanité et l'expression politique de chaque pays, en vue de créer ensemble un environnement agréable, caractérisé par la sécurité commune, l'harmonie et le développement.
Beijing Information |