L'année 2009 est à marquer d'une pierre blanche dans l'histoire des relations entre la Chine et l'Europe, car ce 12e Sommet, tenu le 30 novembre à Nanjing, est déjà le deuxième du genre dans l'année, après celui de Prague en mai dernier.
Comme il est d'usage, une telle rencontre politique au plus haut niveau n'aurait dû avoir lieu qu'une fois cette année. Alors pourquoi un tel changement ?
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Le Premier ministre Wen Jiabao, le président de la Commission européenne Jose Manuel Barroso et le Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt, qui occupe l'actuelle présidence tournante de l'UE, ont rencontré la presse lors du 12e sommet. |
Selon certains spécialistes, cette seconde édition témoigne qu'une relation sino-européenne mature devrait être en mesure de tenir compte des intérêts communs, en dépit des divergences et conflits.
De 2003 à 2004, l'établissement d'un partenariat stratégique global a marqué le début de la lune de miel sino-européenne, caractérisée par un développement rapide de la coopération dans divers domaines. « Cependant, en 2006, l'image de la Chine a changé aux yeux de l'UE, passant d'un pays en développement nécessitant une aide extérieure, à une puissance mondiale. C'est ainsi que l'Europe a commencé à davantage insister sur la compétitivité et la prévention. Ce changement fut à l'origine de rudes épreuves. Par exemple, en 2007 et 2008, la rencontre de certains chefs d'Etat européens avec le Dalaï Lama a porté un grave préjudice à la Chine, compromettant sévèrement nos relations. Le 11e sommet Chine-UE, qui devait se tenir fin décembre dernier en France, a été reporté », a annoncé M. Zhou Hong, directeur de l'Institut des Etudes sur l'Europe relevant de l'Académie des Sciences sociales de Chine.
Alors pourquoi de récents signes de réchauffement ? Pour Ma Zhengang, directeur de l'Institut d'études internationales du MAE et ex-ambassadeur de Chine en Grande- Bretagne, les conditions de fond des relations sino-européennes demeurent inchangées, et des éléments positifs émergent continuellement. De plus, au niveau stratégique, la Chine et l'UE ne constituent pas une menace l'une pour l'autre en l'absence de conflits d'intérêts radicaux.
De fait, les efforts de deux parties ont contribué au réchauffement des relations bilatérales. Début 2009, le premier ministre chinois Wen Jiabao a effectué une « visite de confiance » en Europe. En mai, le 11e Sommet Chine-UE tenu en République tchèque a permis une médiation étroite sur d'importants dossiers internationaux et régionaux. Les sollicitations stratégiques mutuelles sont parvenues à vaincre « les douleurs de croissance ».
« L'année prochaine marquera le 35e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques sino-européennes. La tenue du 12e sommet Chine-UE est non seulement le dernier succès de l'année 2009, mais va aussi ouvrir un nouveau chapitre dans nos relations bilatérales », a exprimé M. Zhang Zhijun, vice-ministre chinois des Affaires étrangères.
Selon Zhang, la Chine souhaite que le sommet renforce la confiance stratégique mutuelle, et que chacun soutienne le choix de voie de développement de l'autre. Alors, quelles sont les mesures à prendre pour éviter de nouvelles vicissitudes ?
« Chine et UE n'ont pas les mêmes attentes. Il faut se prémunir contre toute transformation de cette différence en élément de discorde. L'UE devra respecter les intérêts fondamentaux de notre pays, en oubliant cette idée qu'elle peut l' «influencer » par ses revendications, et prendre exemple sur la Chine qui a toujours considéré l'UE comme un important partenaire stratégique, et a toujours soutenu son processus d'intégration », a indiqué M. Ding Yifan, vice-directeur de l'Institut du développement mondial.
D'après M. Gudrun Wacker, chercheur à l'Institut des études internationales et de sécurité (Institute of International and Security Studies) en Allemagne, il est certain que la Chine sera exposée à davantage de critiques au fur et à mesure de l'ascension rapide de son statut international, et de l'augmentation de sa puissance économique. « Il faudra qu'elle s'habitue à garder la tête froide face à cette situation ».
Et M. Ding Yuanhong, ex-ambassadeur chinois en Europe, se montre très confiant quant au développement des relations bilatérales. « Pour la Chine et l'UE, toutes deux des acteurs influents du monde, il y a milles et une raisons de renforcer notre coopération, et d'effacer tout différend. Si nous gardons en tête l'intérêt commun, le regard toujours dirigé vers l'avenir, nos relations pourront à coup sûr franchir tous les obstacles, et continuer à avancer sur de bons rails », a-t-il conclu.
Contexte
Mis en place en 1998, le sommet Chine-UE est un mécanisme consultatif bilatéral. Ce sommet se tient chaque année, en alternance entre Pékin et le pays occupant alors la présidence tournante de l'UE. Du côté chinois, le Premier ministre et d'autres ministres y participent. Quant à l'UE, elle est représentée par le président du Conseil des ministres, par le président de la Commission européenne, par le haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune, ainsi que par d'autres ministres et commissaires européens.
Le premier sommet Chine-UE s'est tenu en 1998 à Londres (durant la présidence britannique de l'UE).
Deuxième sommet : Pékin en décembre 1999.
Troisième sommet : Pékin en octobre 2000.
Quatrième sommet : Bruxelles en septembre 2001.
Cinquième sommet : Copenhague en septembre 2002.
Sixième sommet : Pékin en octobre 2003.
Septième sommet : La Haye en décembre 2004.
Huitième sommet : Pékin en septembre 2005.
Neuvième sommet : Helsinki en septembre 2006.
Dixième sommet : Pékin en novembre 2007.
Onzième sommet : Prague en mai 2009.
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