-- 60e anniversaire de la RPC vu par un journaliste algérien
Devenue l'un des parangons de la croissance économique mondiale, la République populaire de Chine a su étaler pendant les commémorations du 60e anniversaire de sa fondation un génie rarement égalé. Elle a su arborer fièrement la démonstration de son progrès qui fait pâlir d'envie bien des nations notamment durant la parade, un événement spectaculaire retransmis ou repris par des centaines de medias du monde.
Kamel Mansari
Song Xin avait 14 ans lorsque Mao Zedong proclamait du balcon de la porte sud de la Cité impériale, la naissance de la République populaire de Chine au matin du 1er octobre 1949. Adolescent, Song Xin saisissait à peine, alors, la portée d'un tel événement, mais était loin d'imaginer, 60 ans plus tard, qu'il allait changer autant la face de la Chine que celle du monde. Rencontré au boulevard Huixin Dongjie dans le district de Chaoyang, ce septuagénaire a rejoint les rangs des «volontaires», hommes et femmes, ayant tous vu naître, grandir puis changer presque fondamentalement un pays qui pointe au 3e rang des puissances économiques mondiales. Comme Song Xin, des volontaires, tous aussi âgés que lui, avaient battu le pavé, occupé les trottoirs et les coins des rues de Pékin, qui avait été le théâtre de l'un des plus grandioses défilés du nouveau millénaire. Ces pionniers de la révolution éprouvaient une immense fierté à faire partie de ces contingents chargés de renseigner ou d'assister quiconque sur les festivités du 60e anniversaire. Habillés en pull jaune ou bleu frappé d'écriture rouge en mandarin à la gloire de la Chine nouvelle, ils sont les témoins d'une histoire jalonnée de succès, acquis avec patience et abnégations, parfois dans la douleur.
«C'est un privilège pour moi de faire partie des volontaires», a affirmé M. Song Xin, arborant son badge remis par la municipalité. Le septuagénaire n'aurait jamais pensé, dit-il, voir son pays atteindre un niveau de développement aussi élevé et suscité l'admiration des étrangers. L'événement avait attiré plus de 1 300 journalistes venus de 108 pays, un chiffre record pour la circonstance, sans compter les invités de marque.
Un privilège
Le plus surprenant est de découvrir parmi ses volontaires des expatriés comme Mike, un Américain de la Caroline du sud rencontré parmi une équipe postée à Sanlitun, le quartier huppé de Pékin, une ville devenue, cependant, cosmopolite et très ouverte sur le monde. Mike est installé depuis bientôt trente ans en Chine et se considère comme citoyen chinois à part entière. Force est de constater que le pays accueille de plus en plus d'étrangers. En raison de la crise financière, la Chine s'est transformée en bouée de sauvetage pour de nombreux employés mis au chômage dans les pays occidentaux. Il était, dès lors, un privilège pour les journalistes qui ont convergé, tel dans un pèlerinage, vers Pékin afin d'assister à un événement historique et rendre compte, aussi fidèlement que la raison le suggère, des progrès que la Chine a su atteindre en six décennies. Ce progrès est d'autant plus frappant à l'instant où l'on foule le sol de l'aéroport international, qualifié de joyau du 21e siècle. Il se traduit, aussi, à travers les vastes boulevards et édifices modernes de la capitale, mais surtout de la fierté des Pékinois à afficher souvent de la manière la plus ostentatoire leur attachement à leur pays.
«Les Chinois sont de véritables patriotes et sont fiers du progrès qu'ils ont atteint alors que leur pays était en voie de développement il y a trente ans», soulignait M. Djamel Eddine Grine, l'ambassadeur d'Algérie en Chine lors d'une rencontre au siège de son ambassade. En diplomate rompu aux affaires sino-algériennes, il ne manqua pas de faire le parallèle avec les efforts accomplis par l'Algérie, ainsi que de nombreux autres pays émergeants, pour emboîter le pas à la Chine en matière de développement.
Les échanges commerciaux entre l'Algérie et la Chine qui entretiennent des relations privilégiées vieilles de 51 ans ont atteint 3,91 milliards de dollars en 2008, faisant de la Chine le troisième partenaire commercial de l'Algérie. En outre, aux yeux de tout citoyen algérien, la Chine est aussi le pays qui a adopté la lutte du peuple algérien pour sa libération du colonialisme et lui a apporté un soutien inconditionnel. C'est ce qui, d'ailleurs, enseigné dans les manuels d'histoires des écoles algériennes.
Un lien viscéral
Cependant, Il était tout à fait commun de croiser avant, pendant et après la fête nationale, des personnes de tout âge exhibant le drapeau à cinq étoiles, que l'on voit suspendu aussi bien aux édifices publics qu'aux magasins dont certains proposaient à l'occasion, T-shirts, badges, pins et toutes sortes de souvenirs marquant le 60e anniversaire. Les jeunes autant que les vieux en raffolaient et l'événement était une occasion de raffermir le lien viscéral qu'ils avaient avec leur nation, celle qui a surclassé en quelques années les traditionnelles puissances à l'ouest du globe. En même temps, dans les locomotives du métro de la capitale, des écrans vidéo continuent à transmettre, presque en boucle, les séquences de la parade du jeudi 1er Octobre tandis que dans les supermarchés ou autre surface commerciale, la rediffusion de l'événement continuait à susciter la fierté des chalands scotchés, par groupes, devant les téléviseurs des rayons de l'électroménager.
Au quartier de Nuijie, où se trouve la plus veille mosquée de la capitale, des banderoles accrochées aux devantures de certains magasins ou restaurants rappelaient fièrement en mandarin, arabe et anglais l'importance de la fête nationale. Les Chinois, toutes ethnies et convictions confondues, avaient été représentés, au cours de la parade, telle une mosaïque au regard du monde.
Lors du défilé organisé pour célébrer l'anniversaire, la Chine avait certes, ce jour là, fait étalage autant de son progrès scientifique que militaire, mais surtout d'une osmose entre ses 56 ethnies minoritaires.
De mémoire des habitants de Pékin, jamais la place Tiananmen, le cœur historique de la ville, n'a été aussi bien transformée en vaste plateau de scène, à ciel ouvert, pour faire défiler le fleuron d'un armement «100% made in China» et lequel, de surcroît, atteste de la puissance de dissuasion acquise par l'armée populaire de Chine.
L'arsenal militaire et technologique de la Chine avait impressionné bon nombre d'invités au fait des dernières nouveautés dans le marché de l'armement, mais il a consacré un rapprochement encore plus fort entre la population et son armée.
Suite à l'ouverture de la place de Tianamen au grand public, des marées humaines convergeaient, chaque jour vers ce lieu notamment la Cité interdite, objet de gloire de la population, dont beaucoup profitaient de leurs vacances pour s'y rendre seul ou en famille dans l'espoir de s'imprégner de l'ambiance qui avait régné le jour de la parade. Les boutiques de souvenirs avaient été prises d'assaut alors que beaucoup s'empressaient à prendre des photos avec les soldats postés tout au long de la place. Fait probablement de plus en plus en vogue, le jeune soldat chinois, en uniforme impeccable, représente, aujourd'hui plus que jamais, l'assurance pour laquelle les Chinois avaient fondé leur République il y a 60 ans. Mais il convient de souligner que la fête nationale avait révélé également au peuple chinois la dimension qu'ils ont acquise et surtout qu'ils peuvent servir d'exemple pour tout peuple aspirant à prendre sa destinée en main.
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