Les courants idéologiques de la Chine antique étaient généralement baptisés sous le nom de « différentes écoles de pensée », telles que le confucianisme représenté par Confucius et Mencius, le modisme par Mozi, le taoïsme par Laozi et Zhuangzi, et le légalisme représenté par Shang Yang et Han Fei. En raison de leur apparition préexistante à la dynastie des Qin, ces différentes écoles de pensée furent appelées les « différents courants de pensée antérieurs aux Qin ».
Parmi la philosophie et la culture traditionnelles de la Chine antique ressortent principalement trois écoles : le confucianisme, le bouddhisme et le taoïsme. De ces différents courants de pensée, le confucianisme prédominait. Dans la société antique de Chine, le système politique et étatique, les normes régissant les mœurs et les théories qui influencèrent la manière de gouverner le pays, adoptés par toutes les dynasties, étaient avant tout fondés sur la pensée et la culture confucéennes qui exercèrent non seulement une influence profonde et durable sur la société chinoise et qui eurent également une incidence prépondérante en Asie orientale sur la péninsule coréenne et le Japon.
Lors de l'Antiquité chinoise, le concept de « confucianisme » désignait d'abord le maître de cérémonie pour désigner ultérieurement l'appellation générale des lettrés qui était plus ou moins équivalente à celle des maîtres actuels.
Le confucianisme qualifie une école de pensée créée par Confucius (551-479 av. J.-C.). Natif de la principauté de Lu (actuellement Qufu, province du Shandong), Confucius était un intellectuel polyvalent : à la fois penseur, politicien et éducateur du dernier stade de l'époque Chunqiu (époque des Printemps et Automnes). Il compila et rédigea les « Liu Jing » (documents importants de la Haute Antiquité chinoise) : le Shi Jing (Livre des odes ou Canon des poèmes), le Shu Jing (Canon des documents), le Li Jing (Canon des rites), le Yue Jing (Classique de la musique), le Yi Jing (Livre des mutations) et la Chunqiu (Annales des Printemps et des Automnes). Les « Liu Jing » étaient également nommés « Liu Yi » (six arts : rites, musique, tir à l'arc, conduite du char, calligraphie, calcul). La quintessence de la pensée de Confucius est rapportée dans le Lun Yu (Entretiens de Confucius rédigés par un de ces disciples). La « vertu d'humanité » et les « rites » constituent l'axe de la pensée confucéenne. Dans le système idéologique confucéen, la « vertu d'humanité » est constituée de plusieurs volets de la valeur éthique, dont l'essentiel est d'« aider les autres ». Pour pratiquer la vertu d'humanité, on doit agir ainsi : « aider les autres à s'affirmer autant qu'on veut s'affirmer soi-même, et souhaiter la sienne propre » et « ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fît à toi-même ». A l'époque de Confucius, la société chinoise connaissait d'importants changements, la maison royale des Zhou devenait de plus en plus vétuste et les diverses principautés redoublaient de puissance. Selon l'analyse de Confucius, cette période était marquée par la déshérence des rites et la décadence de la musique, c'est pourquoi des changements devaient s'opérer. De telle sorte qu'il insista sur la nécessité de « se maîtriser soi-même, et revenir aux rites de la courtoisie, c'est cela le sens d'humanité », c'est-à-dire de commencer par soi-même, respecter les normes régissant les rites et de reprendre consciencieusement les rites hiérarchisés. Selon le maître, les rites constituaient un système régissant les conduites de l'homme et permettaient de rééquilibrer les rapports entre hommes, de sorte qu'ils puissent vivre en bons termes. C'est ce principe que rappelle la formule confucéenne « pour mettre en application les rites, l'important est de vivre en harmonie avec les autres ».
En tant que pédagogue, Confucius fut le premier à instaurer une académie par ses propres moyens. C'est pourquoi il fut baptisé « Vénérable maître Kong » et « Feu le maître suprême ». Selon la légende, il parvint à réunir 3 000 disciples autour de lui, dont 72 laissèrent une trace inoubliable dans les annales historiques. Parmi les principes confucéens, la plupart furent formulés en réponse aux questions des disciples. Sur le plan de l'éducation, il laissa aux générations futures de nombreuses idées inestimables qui auront mutuellement des répercussions sur l'évolution de l'une et de l'autre. Jusqu'à nos jours, les maximes qu'il nous a légués se perpétuent : « Apprendre sans réfléchir est une occupation vaine ; réfléchir, sans livre ni maître, est dangereux », « Si deux personnes marchent avec moi, l'une des deux est apte à devenir mon professeur », « Étudier tout en répétant, n'est-ce pas source de plaisir ? », pour ne citer que les plus connues.
Mencius (385-304 av. J.-C.) qui suivit immédiatement Confucius apporta une contribution importante au confucianisme. Il était à la fois penseur, politicien et pédagogue de l'époque des Royaumes Combattants. Le Mencius (Menzi) , ouvrage de Mencius, occupe une place importante dans la pensée de l'école confucéenne. Toute sa vie durant, il ne se départit pas d'une grande estime envers Confucius et oeuvra inlassablement à populariser la pensée de Confucius. C'est pourquoi, il fut reconnu en tant que « deuxième sage » et son principal legs au confucianisme fut la « voie de Confucius et de Mencius » (Kong men zhi dao). En parachevant la pensée de Confucius, il préconisa la théorie de « qualification humaine du gouvernement ». Il estimait que le dominateur ne bénéficierait du soutien populaire uniquement s'il se montrait capable de pratiquer le gouvernement à visage humain. Par « qualification humaine du gouvernement », on caractérise ici le gouvernement par sa bonté, c'est-à-dire qu'il faut « convaincre les autres par la vertu ». Après avoir établi une comparaison entre le climat idéal, la position géographique favorable et le consensus populaire, il parvint à la conclusion que le consensus populaire est le facteur clé qui décide du succès et de l'échec du dominateur. C'est pourquoi il s'opposait fermement à ce que le dominateur applique la tyrannie et convainque les autres par la force. En ce qui concerne la nature humaine, Mencius préconisait la théorie qui affirme sa bonté en estimant que la nature humaine était à l'origine bonne et que les hommes à la naissance possédaient le même caractère inné. Cette théorie instiguée par Mencius eût un fort retentissement sur la société traditionnelle chinoise. Dans le Livre des Trois caractères, premier manuel d'enseignement de la Chine antique, on trouve le premier passage suivant : « Les hommes à la naissance naturellement sont bons ».
Contemporain de Mencius, Xunzi (318-238 av. J.-C.) fut un autre penseur de premier ordre, apporta sa pierre à l'édifice du confucianisme. Sa pensée est reflétée dans le Xunzi, recueil des œuvres de l'auteur éponyme. Xunzi développa le concept de « rites » véhiculé par Confucius. D'après lui, « sans rites, il n'y aura pas d'espoir que les hommes vivent ; sans rites, pas d'affaire réussie ; sans rites, pas de jour de paix dans le pays ». Il estimait qu'en tant que normes régissant le régime et la société hiérarchiques, les « rites » étaient d'une nécessité vitale pour le genre humain, la société et l'Etat. Il présenta cette théorie sous la remarquable métaphore sous le titre du « bateau et de l'eau ». D'après cette thèse, « Le peuple est à l'eau, ce que l'empereur est au bateau ; il le porte, mais peut le renverser ». En ce qui concerne la « nature humaine », il s'opposait à la théorie de Mencius préconisant sa bonté et réaffirmait sa perversité.
Formée avant la dynastie des Qin, la pensée confucéenne ne fut pas mise en pratique par les souverains de l'époque. Lors de la dynastie des Han occidentaux, l'empereur Wudi (140-87 av. J.-C.) appliqua la politique philosophique et culturelle qui consistait à « pratiquer le culte exclusif du confucianisme tout en discréditant les autres écoles ». C'est ainsi que le confucianisme devint une pensée orthodoxe. Sous les Song et les Ming, la pensée confucéenne continua à se développer, et la « philosophie du principe » (qui insistait sur la justice divine) et la « philosophie de la conscience » (qui mettait l'accent sur la conscience) firent leur apparition successivement. Non seulement elles adaptèrent à un nouveau contexte le confucianisme, mais elles y apportèrent des innovations. Ce mouvement fut donc surnommé de « néo-confucianisme ». Elles approfondirent les normes régissant la morale avancées par Confucius et Mencius en les alliant avec la loi divine, elles abordèrent tous les domaines de la nature humaine, la place des hommes dans l'univers et les relations entre l'homme et le cosmos et insistèrent sur la recherche de la vie spirituelle par les hommes, ce qui permit d'enrichir la compréhension éthique du confucianisme.
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