Grâce à de gros investissements et à d'importants placements financiers, l'économie chinoise a connu une croissance, principalement fondée sur les fonds débloqués par l'Etat. Aux yeux des économistes, il faut faire attention aux bulles économiques et à l'inflation.
Au moment où l'économie chinoise se redresse rapidement, certains experts expriment leurs inquiétudes. « Faire attention aux bulles économiques », tel est le point de vue partagé par de nombreux chercheurs en économie.
Afin de lutter contre la crise financière internationale, le gouvernement chinois a adopté une politique monétaire souple et une politique financière proactive, annonçant un plan de relance de 4 000 milliards de yuans. Ces mesures ont permis d'aboutir à de bons résultats : le taux de croissance de l'économie chinoise a augmenté de 7,9 % au deuxième trimestre, soit 0,1 % de moins que l'objectif annuel de 8 %.
Suite au développement de l'économie, le marché boursier et le marché du logement en Chine ont connu une croissance fulgurante, provoquant l'inquiétude des économistes.
Selon les statistiques, après une augmentation incroyable du marché boursier chinois, la valeur évaluée est déjà considérablement élevée. Les investisseurs n'hésitent pas à entrer sur le marché boursier. Au mois de juin, au total 1,6 million de comptes ont été créés, soit une hausse de 68 % par rapport à la même période de l'année dernière. Actuellement, la valeur totale du marché boursier de Shanghai et de Shenzhen a dépassé celle du Japon, se classant au deuxième rang mondial.
Parallèlement, le marché chinois du logement est également en surchauffe. La crise financière mondiale n'a pas eu de répercussions négatives sur ce secteur qui se développe depuis toujours à un rythme effréné. A partir du mois de juin, le prix des logements neufs dans 36 villes chinoises a augmenté de 6,3 %. De surcroît, le prix des terrains à la salle aux enchères a battu, à plusieurs reprises, des records et ne cesse d'augmenter. Au mois de juin dernier, la bulle immobilière a gonflé alors que le gouvernement s'efforce de prendre toutes sortes de mesures afin de stopper la frénésie du secteur immobilier.
L'augmentation excessive du prix des titres d'actions et des logements a suscité l'attention et la préoccupation des experts.
Comment se forment les bulles économiques ?
Selon Zhang Liqing, directeur de l'Institut des finances de l'Université centrale des Finances et de l'Economie, l'augmentation rapide et incontrôlable du crédit des banques a provoqué la hausse des prix des titres d'action et des logements.
Selon les données du Bureau d'Etat des statistiques, à la fin du premier semestre 2009, les crédits nouvellement émis ont dépassé les 7 370 milliards de yuans, représentant un record jamais établi depuis la fondation de la République Populaire de Chine. Début 2009, l'objectif annuel fixé par l'Etat n'était que de 5 000 milliards de yuans.
L'énorme volume du crédit a sans aucun doute stimulé la croissance économique du pays, mais a également entraîné certains problèmes. D'une part, 7 370 milliards de yuans ont fortement remédié aux difficultés causées par le manque de fluidité monétaire, ont élargi la demande d'investissements, et ont permis de redonner confiance dans le marché. D'autre part, cette grande quantité de fonds nécessite obligatoirement une surveillance accrue de leur orientation et de leur taux d'efficacité.
Selon M. Zhang, au premier semestre 2009, une grande part des fonds a été versée dans le marché boursier et le marché du logement, alors que les moyennes ou petites entreprises sont toujours confrontées à l'insuffisance monétaire. L'écart entre l'expansion des monnaies et la croissance de l'économie réelle ne cesse d'augmenter. Les bulles d'investissements sont en train de devenir le risque le plus significatif en termes de croissance de la fluidité monétaire.
Ba Shusong, directeur adjoint de l'Institut des Finances du Centre de recherche et de développement du Conseil des Affaires d'Etat, a déclaré que la Chine présentait déjà les facteurs fondamentaux de la formation des bulles économiques.
Selon lui, le gouvernement n'a pas l'intention de changer dans un proche avenir sa politique monétaire souple ; la croissance du volume du crédit se développera à un rythme plus rapide, ce qui devrait former des bulles plus importantes que celles de 2007.
M. Ba a précisé que les bulles économiques sont à court terme sources de bénéfices pour les investisseurs, mais qu'elles constituent un grand risque pour l'économie nationale.
Wei Jianing, membre du Centre de recherche et de développement du Conseil des Affaires d'Etat, a constaté que 50 % des fonds ont été versés dans le marché boursier et le marché du logement, tandis que l'autre partie a été investie dans l'économie réelle, notamment dans les plateformes d'investissements fondées par les gouvernements régionaux. Cette répartition du crédit n'est pas équitable.
Un récent communiqué de l'Agence de presse Xinhua a précisé qu'il fallait accorder une grande attention au gonflement des bulles économiques. Selon cet article, la politique monétaire doit mettre l'accent sur la qualité et la continuité de la croissance durable de l'économie et non sur une croissance courte et vigoureuse. Par rapport aux pays occidentaux tels que les Etats-Unis, le plus grand avantage de la Chine est qu'elle dispose de moins de dettes et de plus d'épargnes. C'est pour cette raison que le gouvernement chinois sera sans aucun doute capable d'élargir les dépenses et de redresser l'économie nationale.
Faut-il ou non s'inquiéter de l'inflation ?
Le 19 juillet lors d'un forum organisé à Beijing, le célèbre économiste Cheng Siwei a révélé que l'économie chinoise était en train de rebondir après avoir atteint son niveau le plus bas, mais qu'un phénomène d'inflation se produirait après l'éclatement des bulles boursières et immobilières.
Selon M. Cheng, il faut adopter une attitude modérément optimiste sur le rebondissement de l'économie chinoise, car plusieurs problèmes non négligeables, tels que l'inflation, existent toujours.
Actuellement, le taux d'inflation n'est pas élevé, car la plupart des fonds ont été injectés dans la bourse et l'immobilier. C'est pour cette raison que l'augmentation du prix des articles d'usage courant n'est pas significative.
En fait, ce phénomène n'est pas inconnu des Chinois. En 2007, l'excédent de la fluidité des monnaies n'a pas provoqué d'inflation dans la mesure où il a été digéré dans le marché boursier et le marché du logement. Cependant, suite à l'effondrement de l'un et à la dépression de l'autre au quatrième trimestre, l'inflation est brusquement apparue début 2008.
Selon Wei Jianing, la croissance rapide du placement des fonds constitue l'une des principales particularités de l'économie chinoise. 7 370 milliards de yuans des crédits nouvellement émis est fortement supérieur à l'objectif fixé en début d'année. Au cours de l'Histoire, des phénomènes similaires ont eu lieu à plusieurs reprises, notamment en 1985 et en 1992, ce qui était à l'origine des deux graves inflations en 1986 et en 1993.
L'injection d'une grosse somme d'argent sur le marché accentuera certainement la pression de l'augmentation des prix. Cependant, la Chine n'est pas confrontée actuellement à une inflation significative en raison de l'insuffisance de la demande sociale et de la surproduction dans certains secteurs,
En fait, les prix en Chine ont déjà augmenté. Selon les statistiques publiées le 21 juillet par la Commission nationale du développement et de la réforme, le prix des porcs vivants était le 15 juillet de 538,30 yuans pour 50 kg, soit une hausse de 2,49 % par rapport à la semaine précédente. Dans 36 grandes ou moyennes villes chinoises, la viande de cochons était vendue au détail à 21,9 yuans par kg, soit une augmentation de 1,11 %.
Ce phénomène a suscité l'inquiétude de la population qui craint une augmentation de l'indice des prix à la consommation.
De surcroît, le prix des denrées alimentaires a aussi monté en flèche. Selon les données publiées par le Bureau des statistiques le 20 juillet, celui-ci a connu une augmentation pendant six mois consécutifs, respectivement de 0,2 %, 1,0 %, 1,5 %, 0,4 %, 0,8 % et 0,6 %, soit une hausse cumulée de 4,9 %.
« Le prix des céréales était étroitement lié aux prix des produits agricoles. Il faut faire attention à l'augmentation du prix des denrées alimentaires », a averti le Bureau des statistiques.
Beijing Information
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