Le thé, bien plus qu'une simple boisson d'agrément, représente en Chine une véritable institution sociale et culinaire. Son influence est omniprésente dans toutes les régions chinoises, y compris la Région autonome ouïgour du Xinjiang, où il est consommé sous formes diverses : brique de thé (thé compressé), thé au lait, thé aux fleurs et thé curatif.
Brique de thé
Au Xinjiang, le thé est étroitement lié à la vie quotidienne, bien que cette région n'en soit pas productrice. Le thé y a été introduit à l'époque ancienne grâce au commerce, par la Route de la Soie, dont Xinjiang est un passage incontournable. Du fait de la prospérité de la fameuse voie commerciale qui relie la Chine à de nombreux pays d'Europe, le thé a été peu à peu accepté par les indigènes, devenant un boisson très populaire.
La majorité des ethnies minoritaires qui vivent au Xinjiang sont des éleveurs et fermiers. Les viandes de bœuf et de moutons ainsi que les produits laitiers sont leurs nourritures principales. Très anciennement, les vertus de thé ont déjà été reconnues : faciliter la digestion, apaiser la soif, diminuer l'envie de dormir, fortifier le cerveau, améliorer la vue. Selon Li Yuan, secrétaire générale de l'Association de la culture du thé du Xinjiang, il y a deux façon de prendre du thé dans la région, celle de la noblesse et celle du petit peuple. Mais ces deux méthodes sont toutes très originales.
Cérémonie de thé ouïgoure
Une fois, Li Yuan a rendu visite à des familles de l'ancienne aristocratie pour enquêter sur les cérémonies du thé. On lui a dit que c'est à une grande-mère très respectée du coin de confectionner le petit sac destiné à contenir le thé, sur lequel sont bordés des fleurs. Quand le thé est mis dans le sac, celui-ci doit être accroché au plafond de la maison, plus haut que le sommet de la tête.
« La cérémonie du thé s'effectue de manière très stricte. Si le convive ne veut plus de thé, il doit couvrir sa tasse d'un couvercle ou de sa main », dit Li Yuan.
Si vous êtes invité chez une famille ouïgour, vous faites sûrement l'objet d'un accueil chaleureux. On vous offre une tasse de thé chaud pour saluer votre présence. Les voyageurs en provenance des autres régions du pays ont souvent la chance d'être invités chez des familles locales. Après avoir pris un repas copieux, composé de viande de mouton grillé et de yaourt, vous pouvez vous régaler avec une tasse de thé offert par l'hôte pour bien digérer.
Au Xinjiang, la brique de thé est une spécialité unique. Dans la Chine Ancienne, les thé compressés étaient généralement constitués de feuilles moulues séchées, qu'on pressait en en forme de briques ou autre. On utilisait aussi des feuilles entières et partiellement sèches. Certaines briques de thé étaient mélangées à des agents liants comme la farine, le sang ou le lisier, afin de maintenir leur forme, ainsi elles pouvaient être utilisées pour un usage physique (ex: la monnaie). Une fois les briques formées, on les laissait sécher et vieillir, avant d'être vendues ou échangées. Jusqu' au 19ème siècle, l'utilisation des briques comme monnaie dans le commerce était courante. Leur aspect compact facilitait le trajet et limitait les altérations durant le voyage en caravanes sur l'ancienne route du thé.
A Kashi et à Hetian, se répand une sorte de thé surnommé « thé ouïgour », composé de diverses plantes médicinales séchés. « A Hetian, la majorité des familles possède un théier. De temps en temps, on prend une prise de thé ouïgour, baptisé « Yi Dai Zi » (en sachet). Il est fait sous forme de boulette ou de poudre, dont la recette est préparée par des vieux de la région selon un certain pourcentage. Ce genre de thé est un peu piquant, mais capable de prévenir contre le rhume », a continué Li Yuan.
Hetian est une région connue pour la longévité de ses habitants. Tout le monde attribue ce phénomène au thé curatif largement pris dans la région. Pendant les premiers jours de l'importation du thé, il était considéré comme une sorte de plante médicinale. Il était donc tout à fait naturel de mélanger le thé avec des plantes et des minéraux propres à la région, pour en faire une infusion.
Outre la briqué de thé et le thé médicinal, le thé au lait est aussi très bien accueilli dans la région. Faisant ressortir à la fois le parfum du thé et du lait frais, le thé au lait est très agréable à boire et à savourer.
Au Xinjiang, dans le bassin de la rivière de Tarim et de celui de la rivière de Paon, pousse une sorte de plante curative, qui s'appelle Loubuma. Elle est découverte en 1952 par l'économiste agronome chinois Dong Zhengjun, sur la plaine de Luobu, d'où son nom éponyme.
Luobuma
Cette plante est particulièrement efficace pour prévenir l'hypertension. Cette qualité s'est avéré dans le « Compendium de Materia Madica », grand classique médicinal, rédigé par le fameux pharmacologue chinois Li Shizhen, qui vécut entre 1518 et 1593, sous la dynastie des Ming (1368-1644).
Les feuilles et fleurs de Luobuma sont la tasse de thé des habitants locaux. « Tous les thés que l'on consommes sont importés de l'extérieur, sauf le thé Luobuma. Bien que la nature le couvre de poussières, il est épargné par la pollution car il se retire au fond du désert », explique Li Yuan.
Outre les thés susmentionnés, le thé à la rose ou au cassis est également très apprécié dans la région. L'Association de la culture de thé du Xinjiang a été fondé en 2002. Dès lors, divers stages concernant l'art, la technique et les connaissances en matière de thé sont souvent ouverts. Mais le plus important est de remettre en ordre la culture de thé issue des ethnies minoritaires du Xijiang. « L'association s'est vue confier la mission d'étudier les fluctuation du marché de thé, d'établir la conception pour l'exploitation des maisons de thé, de promouvoir le développement du secteur de thé, et notamment de propager la culture en la matière », indique M. Cheng Xianming, vice-président permanent de l'Association de la culture de thé du Xinjiang.
Beijing Information
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