Tang Yuankai
La nouvelle « Loi sur la sécurité alimentaire », entrée en vigueur le 1er juin, a conféré un gardien invisible dans le secteur de la lutte contre la fraude alimentaire.
Ce gardien a un nom : la Radio-identification (de l'anglais Radio Fréquency IDentification (RFID)). Il s'agit d'une méthode qui mémorise et récupère des données à distance en utilisant des marqueurs appelés « radio-étiquettes ». Invisibles comme une poussière, ces micros puces peuvent être facilement collées ou incorporées à des objets quels que soient leurs conditionnements, émettre des ondes radio et transmettre à un lecteur des informations identiques, permettant ainsi de dévoiler les fraudes éventuelles.
Selon les professeurs de la Faculté de la Science alimentaire et de l'ingénierie de la nutrition de l'Université de l'agriculture de Chine, la chaîne qui va « de la fourche à la fourchette » est une chaîne complexe. Pour garantir la sécurité alimentaire, il faut exercer une surveillance accrue, grâce à un système de traçabilité depuis l'origine de l'aliment, et à un système de contrôle de la qualité, en vue de créer un circuit fermé. La technologie de la RFID permet justement de réaliser cette traçabilité agro-alimentaire, comblant ainsi la dernière lacune dans le contrôle de la sécurité alimentaire en Chine, et jetant une base juridique à l'établissement de la responsabilité des fraudes alimentaires. Certains experts prédisent qu'avec la généralisation de l'étiquette radio-fréquence, le travail de traçabilité des aliments deviendra ludique.
La RFID est basée sur une technologie d'identification automatique à distance. Elle est capable d'identifier un objet, même en mouvement rapide, grâce à des ondes radios et de capter les données concernées. De plus, un lecteur de la RFID permet la lecture simultanée de plusieurs radio-étiquettes. Actuellement, cette technologie s'applique largement dans le contrôle de la circulation des produits.
Pour être plus précis, la RFID est un simple système de radio détection. Il est composé de quatre parties : les lecteurs, qui servent principalement à lire les données et qui sont également capables de les inscrire dans les marqueurs ; les radio-étiquettes (chacune possède un code électronique unique) qui comprennent une puce reliée à une antenne interne permettant de communiquer avec l'antenne RF ; l'antenne RF qui transmet les ondes radios entre l'étiquette et l'émetteur-récepteur ; le système de logiciels.
Le fonctionnement de ce système n'est pas compliqué. Le lecteur émet des radiofréquences qui vont activer les étiquettes en leur fournissant l'énergie nécessaire pour transmettre les données qu'elles ont captées. Puis, ces données seront lues par le lecteur selon un certain ordre, et traitées par le système de logiciels.
En comparaison avec la méthode du code à barre, la technologie de la RFID possède des avantages évidents. Si le code à barres est instantané et fragile, la RFID fonctionne automatiquement sans intervention humaine. Les étiquettes sont non-polluantes, résistantes à une température élevée, à multiples usages et permettent la lecture et l'inscription des données.
Grâce à ces avantages, la RFID devient un outil idéal dans le contrôle de tous les chaînons du réseau d'alimentation, tels que les matières premières, la transformation, le transport et le stockage. Les radio-étiquettes sont conçues pour enregistrer toutes les informations sur le développement d'un aliment, afin de permettre un contrôle efficace depuis l'origine des aliments.
En Chine, le contrôle de la sécurité alimentaire par la RFID est en train de se généraliser. Chun est une marque de poissons bio élevés dans le lac des Mille Îles à Hangzhou. Pour protéger cette marque locale, le Bureau de l'aquaculture du Zhejiang et le Bureau du contrôle technique de Hangzhou, en collaboration avec le ministère de la Protection environnementale, ont créé une carte d'identité RFID pour les poissons de la marque Chun, en vue de les protéger de la fraude. Avec cette carte, toute la chaîne de fabrication des poissons Chun, qui va de l'eau où ils sont cultivés jusqu'à la table du consommateur, est soumise à la surveillance des départements compétents.
Plus de 200 pays et organisations participeront à l'Expo 2010 de Shanghai, qui durera 184 jours. On estime le nombre de visiteurs à 70 millions de personnes. La sécurité alimentaire est l'une des garanties majeures du succès de cet événement. Elle nécessite un système doté d'un programme de surveillance – prévention - réaction urgente – protection, qui se concrétise par l'origine des matières premières, les lieux de transformations désignés, les aliments étiquetés et le contrôle informatisé. Dans ce système, la technologie de la RFID jouera un rôle crucial.
L'approvisionnement alimentaire pour l'Exposition universelle de Shanghai doit se soumettre à un contrôle de tous les chaînons de l'acheminement des aliments. Les radio-étiquettes rendent ce contrôle possible. Les données qu'elles captent enregistrent clairement la traçabilité d'un aliment, de la matière première jusqu'à ce qu'il arrive entre les mains des consommateurs. Si jamais un problème était détecté, on pourrait localiser précisément et rapidement le chaînon concerné et trouver une solution dans les meilleurs délais.
En plus de garantir la sécurité alimentaire, la RFID aide également à rationaliser l'approvisionnement. La demande de différents aliments dépend de la fréquentation des visiteurs, du temps, des horaires et de l'origine des consommateurs. Même si l'on estime que la fréquentation quotidienne de l'Expo 2010 avoisinera les 400 000 personnes, il ne s'agit que d'une estimation moyenne. Il y aura des hauts et des bas, ce qui entraînera une fluctuation de la demande alimentaire. La RFID permet de suivre instantanément les informations sur les ventes, notamment le volume et la structure, ce qui permet de procéder à de bonnes commandes. Grâce à la RFID, les points de vente situés à l'intérieur du Parc de l'Expo pourront s'approvisionner en temps voulu et éviter un surstockage. Le réseau d'approvisionnement alimentaire à réaction rapide, fondé sur le système de la RFID, optimise le service et répondra mieux à la satisfaction des visiteurs de l'Expo 2010.
La chaîne de l'approvisionnement alimentaire est une chaîne complexe et active. L'analyse et la synthèse des informations de cette chaîne ne sont pas de tout repos, mais elles sont nécessaires pour garantir l'efficacité de cette chaîne. Traditionnellement, ce travail nécessite l'intervention de l'homme, mais les informations ainsi recueillies ne sont pas toujours exactes en raison des inévitables erreurs qui peuvent subvenir. En remplaçant l'homme par la RFID, on accède à un mode de travail automatique et visuel qui non seulement garantit l'efficacité et l'exactitude des données, mais évite également la perte d'informations. Ceci jette une base solide à la bonne programmation de l'approvisionnement alimentaire.
Selon le système de contrôle alimentaire spécialement conçu pour l'Expo 2010 de Shanghai, les radio-étiquettes enregistreront toutes les données concernant la transformation, l'acheminement, le stockage et la vente des produits alimentaires, assistant ainsi les contrôleurs dans la programmation de l'approvisionnement (distribution, niveau de stockage et redistribution entre les différents points de vente...), et dans la surveillance de la sécurité alimentaire.
Ce système comprend le flux substantiel, le flux de données et le contrôle informatique. Le flux substantiel correspond à la circulation des aliments des fabricants aux consommateurs. C'est un flux physique à sens unique. Le flux de données est la transmission des données dérivées du flux substantiel. Il est à double sens entre les fabricants et les consommateurs, et aide à régulariser le rapport offre-demande. Le contrôle informatique est le cerveau du système. Il est chargé d'analyser toutes les informations que le lecteur reçoit des radio-étiquettes afin d'orienter le travail de contrôle et de régularisation.
Dans le chaînon de la transformation, chaque lot de matières premières qui arrive à l'usine est équipé d'une radio-étiquette. Avant de les transformer en aliments, le lecteur doit lire et enregistrer les informations émises par cette étiquette, telles que l'origine, et les dates de culture et de récolte des matières premières. Après la transformation, l'usine incorpore aux produits finis une nouvelle radio-étiquette qui contient non seulement les données de l'étiquette des matières premières, mais également les nouvelles informations concernant la transformation. Ces produits sont ensuite emballés et placés sur des palettes comprenant, elles aussi, des étiquettes.
Au cours de la phase de stockage, lorsque les produits entrent ou sortent de l'entrepôt, il suffit de scanner l'étiquette de la palette afin de connaître la provenance, l'histoire du stockage, la destination, la durée d'expiration ainsi que d'autres informations concernant ces produits. Le système procède à un examen automatique de ces informations et accède au processus de l'inscription du stockage. Les données inscrites dans les étiquettes reflètent précisément la situation de stockage d'un certain produit. Quand la quantité des stocks d'un produit s'approche ou est inférieure au seuil de sécurité, le système émet une alerte afin de résoudre le problème. Une fois que cette alerte est confirmée, on envoie un bon de commande à l'usine de transformation.
Au cours de la distribution, le système dirige la répartition selon l'état des ventes et la situation instantanée des différents points de vente au détail. Une fois livrés aux vendeurs, les produits retournent à l'entrepôt après avoir été soumis au même processus d'enregistrement précédemment cité. En raison de la fluctuation et de la complexité des demandes des consommateurs, un produit peut se trouver en pénurie chez certains points de vente. Dans ce cas de figure, le système donne automatiquement l'alerte et le vendeur sera réapprovisionné soit par le stockage central, soit par d'autres points de vente.
La vente est le dernier chaînon de l'approvisionnement alimentaire. Les vendeurs retirent les produits de l'entrepôt et les mettent sur les rayons. En contact direct avec les consommateurs, les points de vente constituent le dernier chaînon du réseau alimentaire. C'est à partir d'ici que les informations sur toute la chaîne d'approvisionnement reçoivent des réactions. Au cours de la vente, un scanner balayera la radio-étiquette du produit ainsi que celle du billet d'entrée du visiteur, établissant ainsi un lien direct entre l'aliment vendu et le consommateur. Ces informations de vente aident également les vendeurs dans leur gestion des produits.
En plus du contrôle alimentaire, la technologie de la RFID sera également incorporée dans le système de contrôle d'accès lors de l'Expo 2010 de Shanghai. D'une part, cette identification automatique sera beaucoup plus efficace que l'intervention humaine et évitera aux visiteurs de faire une trop longue queue devant l'entrée ; d'autre part, elle empêchera l'utilisation de faux billets.
Ces billets intelligents comprennent un circuit et une puce qui enregistre les informations personnelles des visiteurs. Ils permettent d'échanger ces informations avec tous les lecteurs installés dans le Parc d'Expo. Grâce à ce billet, l'ordinateur central pourra identifier les visiteurs, et savoir, par exemple où se trouvent leurs compagnons...Une fois entrés dans le Parc de l'Expo, les visiteurs reçoivent sur leur portable un plan du parc avec un ordre de visites proposé, ainsi que d'autres renseignements utiles comme l'emplacement des arrêts d'autobus ou des restaurants les plus proches. Quant aux organisateurs, ils peuvent suivre à tout moment la répartition des visiteurs dans le parc et les conseiller sur les prochaines visites à faire, ceci permet de maintenir l'équilibre de la fréquentation dans toutes les zones du parc. Par ailleurs, ce système rationalise le dispatching des véhicules et augmente l'efficacité du transport à l'intérieur du Parc de l'Expo.
La RFID avait été introduite dans la billetterie à l'occasion des Jeux olympiques 2008 de Beijing. C'était une initiative décisive dans l'application de la RFID en Chine qui présage un bel avenir entre cette technologie et le système de billetterie. Shanghai Hua Hong NEC Electronics Co., Ltd est le fournisseur exclusif des puces des billets électroniques de l'Expo 2010. En 1999, cette compagnie a développé la première IC carte sans contact pour le réseau des transports publics de Shanghai. En 2004, elle a été désignée par le Ministère de la Sécurité publique pour concevoir la carte d'identité des Chinois de la deuxième génération qui contient une puce. Selon Li Rongxin, PDG du groupe Hua Hong, la RFID s'appliquera dans la billetterie des expositions, des sites touristiques et du transport ferroviaire. Cette technologie connaîtra une impulsion forte et durable en Chine.
En juin 2009, la Foire internationale des radio-étiquettes et des cartes intelligentes de Chine a eu lieu dans le Palais des Expositions de Beijing. C'est à cette occasion qu'a été publié le « Rapport 2008 sur le développement de la RFID en Chine ». Selon ce rapport, le chiffre d'affaires du marché chinois de la RFID atteindra 7,03 milliards de yuans en 2009, soit une augmentation de 20,6 % par rapport à 2008.
Beijing Information
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