Pourrait-on assister à des aménagements de la politique chinoise du planning familial dans quelques années ? En 2020, dénombrera-t-on 30 millions d'hommes célibataires? L'autorisation de donner naissance à un deuxième enfant dans un foyer a récemment été l'origine d'un grand débat de société. Sujet phare pour le peuple, celui-ci divise néanmoins les divers experts.
Partisans d'une réforme
« Le planning familial n'a jamais été une politique raisonnable. Je le considère toujours comme une solution draconienne. Si la situation le permet, nous devrions réaménager la législation », a critiqué Ji Baocheng, directeur de l'Université du Peuple de Chine et député de l'APN.
L'année dernière, il avait soumis lors des « deux sessions annuelles » de l'APN et du Comité national de la CCPPC, la Proposition de recherche sur l'amélioration de la politique démographique du pays, appelant au changement graduel de la politique démographique actuelle. Ses propos ont été immédiatement relayés par une grande couverture médiatique. Cette année, celui-ci a récidivé, avançant lors des « deux sessions annuelles » la Proposition sur le rajustement le plus tôt possible de la politique procréatrice du pays.
Si le thème de ces deux documents ne varie pas, l'évolution de leur titre traduit la réflexion et l'inquiétude de M. Ji. Celui-ci cumule diverses fonctions, dont celle d'économiste, d'ancien fonctionnaire du Ministre du Commerce et du Ministre de l'Education, de directeur d'une école supérieure renommée en Chine, entre autres, ce qui peut renforcer le crédit de sa réflexion.
« A mes yeux, le changement de la politique démographique de Chine est une nécessité impérieuse. En raison de la particularité du problème démographique auquel s'ajoute un certain retard, nous devons agir au plus tôt pour saisir cette occasion dans un moment favorable. La politique démographique est l'une des politiques primordiales du pays, c'est pourquoi la réalité doit être fidèlement prise en compte et nous devons agencer le planning familial selon l'évolution de la situation », a-t-il indiqué le 3 avril, lors d'un entretien exclusif accordé au Southern Weekly.
« Le problème démographique a non seulement trait au développement durable du pays, mais également à l'harmonie et au bonheur de la famille. Le séisme de Wenchuan nous a révélé la vulnérabilité des enfants uniques face aux risques sociaux. Il faut néanmoins reconnaître que l'application du planning familial dans les années 1980 était un impératif face à une démographie qui s'accélérait rapidement. A partir de 1992, la natalité (1,6 enfant par femme) restait inférieure au seuil de renouvellement des générations (2,1 enfants par femme). Je crois que le problème relatif à la structure démographique devient plus grave que celui relatif au nombre de la population », a-t-il ajouté.
Quant aux manifestations du problème relatif à la structure démographique, Ji Baochen a expliqué ses deux illustrations principales.
Selon lui, ce problème existe depuis le début des années 1980, où son influence était négligeable. Cependant accompagnant le développement socioéconomique, celui-ci devint de plus en plus patent. Premièrement, le rapport des sexes à la naissance est gravement déséquilibré. Il se situait à 108,5 en 1992, 117 en 2000, mais 120,56 en 2008. Deuxièmement, il s'agit du vieillissement de la population. En général, le vieillissement d'une société implique le prolongement de la longévité, cependant la Chine est entrée à grand pas dans la société du troisième âge, en raison de sa politique mettant l'accent sur une natalité faible. Le vieillissement précédant la richesse, de nombreux systèmes et assurances sociales semblent sous-développés.
Défenseurs de la politique de l'enfant unique
A l'opposé de la vive condamnation de Ji Baocheng, Zhai Zhenwu, le directeur du département de sociologie et de démographie relevant de l'Université du Peuple de Chine, est résolument plus conservateur.
« Dans une perspective à long terme, la politique de natalité pourrait être réexaminée. Le Rapport de recherche stratégique sur le développement démographique du pays (publié en 2007) indique clairement que le taux moyen de fécondité doit osciller autour d'1,8 pendant les trois prochaines décennies, soit 1,8 enfant par femme, pour réaliser le développement harmonieux de la démographie, de l'économie et de la société. Nous avons d'ores et déjà permis aux couples dont le mari et la femme sont issus d'une famille à enfant unique d'avoir un deuxième enfant, ce qui constitue un léger aménagement de la politique de natalité », a-t-il fait remarquer.
Cependant, Zhai Zhenwu estime que retirer les restrictions de la politique du « deuxième enfant » n'est pas une solution viable à l'époque actuelle. « Etant donné que de nombreuses provinces pratiquent la mesure d'1,5 enfant (si le premier enfant est une fille, il est autorisé d'avoir un deuxième enfant) voire de 2 enfants permis par femme. De plus, le non-respect de la politique du planning familial est un phénomène assez grave dans certaines zones du pays. Par conséquent, le taux moyen de fécondité total se situe en réalité entre 1,7 et 1,8 en Chine. Par ailleurs, le quatrième baby-boom qui a surgi en 2007 devrait durer une décennie. Ainsi l'abandon du planning familial, possible facteur d'augmentation de la pression socio-économique, ne s'adapte pas à la situation actuelle du pays », a-t-il conclu.(Rédigé par Wang Wenjie)
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