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Voitures électriques Chery. |
Huan Lu, journaliste de la Bourse de Shanghai
Entre les X e et XI e plans quinquennaux, les finances publiques chinoises en faveur des véhicules à énergie nouvelle sont passées de 800 millions à 5 milliards de yuans. Plus de 200 usines automobiles, fournisseurs commerciaux et établissements de recherches bénéficient de cette mesure. Une campagne nationale de fabrication des véhicules a été initiée en Chine.
En réponse à cette dynamique proposition, la société de prévision CSM a lancé vers la fin mars une enquête sur l'avenir des véhicules propres en Chine, créant un coup de tonnerre dans le secteur.
Selon cette enquête peu optimiste, le passage aux véhicules à énergie nouvelle et aux voitures électriques en particulier sera assez long en Chine. Pour préciser, cette enquête a prévu que la fabrication et la vente des véhicules hybrides et électriques du pays (véhicules non routiers et à usage commercial non inclus) atteindront 100 000 unités en 2015 (parmi lesquelles 20 000 automobiles électriques) soit à peu près 1% du marché automobile national.
D'après M. Zhang Yu, directeur général de la CSM pour la Chine, l'enquête susmentionnée, réalisée pendant un an, a été basée sur un large recueil d'avis auprès des experts dans les domaines de l'automobile, du pétrole, de l'électricité et de l'électrochimie, sur la modélisation existante pour la prévision, et menée pour mesurer la capacité réelle des chaînes de montage et des fournisseurs. Les plans pour les cinq ans à venir des industriels nationaux et étrangers de l'automobile à énergie nouvelle ont également été pris en compte.
« Tant que le cours du baril de pétrole ne dépassera pas 150 dollars, les voitures électriques ne représenteront qu'un choix supplémentaire sur le marché classique», d'après Zhang Yu.
Néanmoins, le plan stratégique sur les énergies nouvelles établi par le gouvernement chinois estime que la capacité de production des véhicules à énergie nouvelle s'accroîtra à 500 000 unités d'ici trois ans, largement au-delà du chiffre prévu par la CSM.
Face à ce contraste, M. Zhang explique que la définition faite par la CSM sur les véhicules à énergie nouvelle est relativement restreinte, ce qui exclut la solution micro hybride, technique déjà répandue chez les voitures classiques. Par exemple, BMW généralisera la plus faible hybridation sur toutes ses séries afin de réduire la consommation d'essence en milieu urbain.
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Un autocar électrique mis en service pendant les Jeux olympiques 2008 de Beijing. |
Les véhicules électriques forment-ils un raccourci pour le secteur automobile chinois ?
En comparant les automobiles hybrides et électriques, il semble plus raisonnable pour la Chine de choisir les dernières. En développant les voitures à piles, on évite la technique du moteur thermique, point faible des fabricants nationaux, et l'on pourrait même rêver de décrocher une place avancée par rapport aux autres pays.
Malgré un bon départ, il faut éviter de pratiquer un optimisme aveugle, a souligné M. Zhang. « Si les fabricants nationaux ne maîtrisent pas la technologie de la batterie, ils seront fragiles. Même si le moteur thermique était un jour retiré du marché, rien n'empêcherait un grand fabricant classique de se reconvertir dans l'assemblement des voitures électriques. Ils n'auront qu'à commander des batteries auprès des fournisseurs professionnels. Grâce aux meilleures technologies du châssis, de la carrosserie et du système de sécurité qu'ils possèdent, leurs produits conserveront leurs avantages ».
Les principaux obstacles à la généralisation des automobiles électriques
D'après Zhang, la généralisation des automobiles électriques requiert un processus complexe. Par exemple, la construction d'un service de recharge rapide nécessite le soutien du réseau d'électricité et du département des ressources territoriales. Pour installer des dispositifs de recharge dans les quartiers d'habitation, il faut coordonner les efforts des bailleurs de logements, des sociétés d'entretien ainsi que des fournisseurs d'électricité en équilibrant leurs investissements et intérêts.
Bien que tous les efforts soient réunis, une réalité peu plaisante obstrue cette perspective : certaines villes chinoises subissent déjà un manque d'électricité. La promotion des véhicules électriques rendra-t-elle le rapport offre-demande de l'électricité encore plus tendu ? Payera-t-elle la facture d'une hausse éventuelle du prix d'électricité ?
Maturation technique
La fabrication et la commercialisation en quantité des automobiles à piles dépendent de la maturation de la technologie de la batterie. La capacité, la sécurité, le temps pour la recharge et le rapport prix-coût des batteries doivent être tous réfléchis. Selon M. Zhang, il faudra des années d'expérimentation pour réaliser cette amélioration technique complète en Chine. A cela s'ajoutent encore plusieurs années pour la standardisation et la généralisation des nouvelles approches techniques dans l'ensemble du pays. Dans ce passage probablement très long, les entreprises s'engageant spécifiquement dans les automobiles électriques peuvent-elles tenir jusqu'au dénouement heureux ?
Avenir des véhicules propres
Pour Zhang Yu, l'avenir des véhicules électriques est lié au coût du pétrole. Si ce dernier demeure inférieur à 150 dollars, les véhicules à piles ne constitueront qu'un supplément idéal aux voitures classiques. Il estime que l'âge des voitures à piles viendra quand le prix de l'or noir dépassera 200 dollars. « Imaginons qu'un jour, les voitures classiques et électriques rivalisent sur le marché pour atteindre un certain équilibre, finissant par raisonner ou même baisser le tarif du pétrole et de l'électricité, ce serait un grand bonheur pour les consommateurs », a souhaité M. Zhang.
Beijing Information |