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Le Peace Hotel, immeuble emblématique du Bund, fait peau neuve avant d'accueillir ses clients pour l'Expo 2010. |
Le site de l'Expo 2010 se trouve sur les deux rives du fleuve Huangpu, entre les deux bornes marquées par les ponts Nanpu et Lupu, couvrant une superficie de quatre km². D'une largeur de plusieurs centaines de mètres, le fleuve Huangpu engendre Shanghai à l'instar de la Tamise à l'origine de Londres, de la Seine qui nourrit Paris, et du Hudson qui génère New York. Outre les beaux paysages qui s'incarnent en lui-même, le Huangpu est également le berceau de l'industrialisation de l'Empire du Milieu à l'époque moderne. L'Arsenal Jiangnan, un chantier naval de 150 ans situé au bord du fleuve, a été déplacé pour laisser le passage à l'Expo. Fondée en 1865 par le général Zeng Guofan, l'usine a construit plusieurs bateaux de 10 000 tonnes pour les Etats-Unis, tels que le Mandarin, le Celestial, l'Oriental et le Cathy. L'entreprise s'est désormais installée sur l'île Changxin, près de l'embouchure du fleuve Yangtsé. Elle deviendra tôt ou tard le plus grand chantier naval du monde. Après avoir servi l'Expo, son ancien emplacement sera reconverti pour devenir le Musée de l'industrie moderne de Shanghai, en vue de faire connaître la longue histoire de la ville rompue aux méthodes d'échanges commerciaux.
Que ce soit dans les milieux politiques, financiers et commerciaux, le premier souci est la rentabilité de l'Expo pour Shanghai et la Chine. Une grosse somme d'argent a été pompée dans la construction des installations, en provenance des investissements gouvernementaux, des sponsors, du revenu de la franchise et des profits de l'exploitation de terrains. Les gouvernements des pays participants prendront en charge la construction de leur pavillon national.
La vente des billets d'entrée est aussi une principale source de revenu pour la ville d'accueil. Durant les six mois de l'Exposition, environs 70 millions de visiteurs viendront à Shanghai, le prix de base des billets est fixé à 160 yuans (23,5 dollars). D'autres sources de revenu comprennent le tourisme, l'hôtellerie, les expositions, la vente au détail, la restauration, le divertissement, la publicité, la logistique et les services financiers. Les organisateurs sont persuadés qu'ils ne perdront pas d'argent en accueillant cet événement historique. Vicente Gonzalez Loscertales, secrétaire général du Bureau International des Expoitions (BIE), attend même de l'Expo de Shanghai l'établissement d'un record similaire à celui des JO de Los Angeles en 1984 : redresser la situation déficitaire et réaliser des bénéfices.
En raison des différentes méthodes de calcul, il est difficile d'évaluer le montant total des investissements pour l'Expo de Shanghai. Selon les estimations de certaines institutions non gouvernementales, la somme globale s'élèverait à 400 milliards de yuans (58,8 milliards de dollars) si l'on tient compte des investissements dédiés à la construction d'infrastructures autour du site de l'Expo, comme des aéroports, des lignes de métro et des hôtels. En 2010, les travaux des lignes de métro, du n°1 au n°14, seront tous achevés, avec une longueur totale de 400 km. En même temps, le chemin de fer reliant Shanghai avec les provinces du Jiangsu et du Zhejiang, la ligne ferroviaire Beijing-Shanghai à grande vitesse, et le chemin de fer à sustentation magnétique seront tous terminés, faisant de Shanghai la ville n°1 dans le monde pour son système de transport urbain par rail (plus de 1 000 km).
De toute façon, l'Expo de 2010 va léguer à Shanghai et à la Chine un patrimoine spirituel plus important qu'un patrimoine matériel. Entre avril et octobre 2010, 70 millions de personnes venues du quatre coins du monde se réuniront dans la « ville futuriste », et échangeront leurs opinions sur le thème majeur « meilleur ville, meilleure vie ». A ce moment-là, les différents pays, les différentes villes et les différentes couleurs rivaliseront dans un esprit coopératif. Dans une telle perspective, l'Expo n'en est pas moins un catalyseur pour l'intégration de l'humanité.
(L'auteur, né à Shanghai, est maintenant professeur à l'Université Fudan. Ses principaux ouvrages portent sur l'histoire de Shanghai et le parcours du christianisme en Chine)
Beijing Information |