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En chantier: site des travaux du Pavillon national de Chine. |
Li Tiangang
Il est certain que l'Exposition universelle de Shanghai en 2010 sera pleinement couronnée de succès grâce à l'énorme soutien humain, matériel et pécuniaire du gouvernement central et de l'échelon local. Mais une chose est peut-être inconnue en Occident : le complexe d'Expo des Chinois, notamment des Shanghaïens, remonte au XIXe siècle.
Au cours des 150 ans écoulés depuis le déroulement de la première édition de l'Expo à Londres en 1851, la Chine consacre des efforts inlassables pour s'intégrer dans le monde, en dépit de multiples vicissitudes. Shanghai, ville pilote de la modernisation de la Chine, fut éblouie par les inventions et les nouvelles technologies des pays occidentaux, tels que la Grande-Bretagne, la France, les Etats-Unis et l'Allemagne. Il fut donc normal pour la cour impériale des Qing (1644-1911) de charger des hommes d'affaires locaux, des sinologues et des diplomates résidant à Shanghai de concevoir le Pavillon de l'empire pour les premières Expo, avant de le prendre directement en charge pour l'Expo de Vienne en 1873 et celle de Philadelphie en 1876. Bien sûr, les deux pavillons furent tous construits à Shanghai.
Depuis la fondation de la République de Chine en 1911, la Chambre de commerce de Shanghai, principalement composée des industriels locaux, devint l'organisateur et l'investisseur du Pavillon de la Chine. Pendant cette période, tous les milieux sociaux de Shanghai, tels qu'usines, fermes, magasins, instituts de recherches, églises, furent invités à présenter des objets.
Après plusieurs participations, les Shanghaïens révèrent d'accueillir cet événement mondial dans leur propre ville au début du XXe siècle. Cette aspiration fut exprimée dans la littérature de l'époque. En 1902, Liang Qichao, un des réformistes les plus prestigieux au tournant des deux siècles, décrivit que dans 60 ans, Shanghai organiserait une Grande Expo. A ce jour, toute la ville devenait l'emplacement de cette rencontre mondiale, où se déroulaient non seulement des foires commerciales, mais aussi divers forums religieux et conférences des sciences naturelles et sociales. En 1905, le romancier Wu Jianren réécrivit l'« Histoire de la Pierre », titre originel du « Rêve dans le Pavillon Rouge », un des quatre grands romans de la littérature classique chinoise. Dans cet ouvrage, le héros Jia Baoyu, s'étant réincarné, était invité à visiter l'Expo tenue dans la zone Pudong. En 1910, Lu Shi'e, un autre écrivain né à Shanghai, avait prévu dans son livre « Nouvelle Chine » que l'Expo viendrait à Shanghai dans les 100 ans à venir, ce qui semble maintenant une prédiction finalement fondée.
Au cours des 150 ans écoulés, Shanghai s'est fait un nom parmi les villes chinoises les plus ouvertes vers le monde. La passion pour la mondialisation va de pair avec le caractère extraverti des habitants locaux, qui sont convaincus qu'à condition que la ville s'intègre dans le système économique mondial, les individus auront l'occasion de faire du business et de s'épanouir. Cet enthousiasme explique également la prédestination de Shanghai à l'Expo.
M.Jeffrey Wasserstrom, professeur d'histoire à l'Université de Californie, a récemment rédigé un livre intitulé « Global Shanghai, 1850-2010 », après avoir suivi les préparatifs de la ville pour l'Expo 2010 depuis plusieurs années. Dans son ouvrage, il considère cet événement comme une marque importante de la re-mondialisation de Shanghai. Il apprécie les efforts de la ville visant à retourner au centre de la scène humaine et baptise Shanghai « ville futuriste du XXIe siècle ».