Un ouvrage nationaliste, grand succès des librairies chinoises soulève diverses controverses en Chine, de nombreuses voix s'élevant pour davantage de réalisme dans les pensées.
Li Li
La popularité de La Chine n'est pas contente : Une époque magnifique, une vision grandiose et nos défis, sur les étals depuis le 12 mars a de loin dépassé les attentes de sa maison d'édition pékinoise Kong Hong Book Co.
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Un livre qui se vend comme des petits pains: La Chine n'est pas contente, placé en évidence sur un étal en face de l'entrée d'une librairie du centre de Beijing, dans le cadre d'une opération de promotion. (Li Li) | Li Ying, employée du service de promotion de l'entreprise nous apprit que 440 000 exemplaires avaient été imprimés le 2 avril. Cependant, en raison de l'immense popularité de l'opus, les exemplaires gratuits fournis aux salariés de la maison d'édition furent rappelés afin de pallier aux commandes. Lors de la quinzaine qui a suivi sa publication, cet essai grimpa au sommet des listes des ventes hebdomadaires toutes catégories de Dangdang.com, l'une des premières librairies en ligne du pays.
La Chine n'est pas contente, recueil d'essais de cinq chercheurs qui se livrent à une féroce critique du manque de confiance des intellectuels chinois envers leur propre pays, recommande que le pays entreprenne davantage de politiques strictes à l'encontre d'un monde occidental qui y a toujours été hostile.
Cet écrit soutient que « vu que la puissance nationale croit à un rythme sans précédent, la Chine devrait cesser de se rabaisser, reconnaître le fait qu'elle a le potentiel de mener le monde et de rompre avec l'influence occidentale ».
« Nous devrions prendre pleinement conscience que les pays occidentaux ont fait preuve de constance et de coopération pour limiter le développement de la Chine », écrit l'un des auteurs en référence à la rencontre de décembre dernier entre le président français Nicolas Sarkozy et le dalaï-lama. Wang Xiaodong, rédacteur de ce paragraphe, pousse son raisonnement jusqu'à avertir la population que ceux-ci devraient prendre pleinement mesure de « la manière avec laquelle l'Occident intimide les Chinois, grâce à leurs avantages technologiques » et que « la Chine est très isolée sur le plan international ».
Dans un autre chapitre intitulé « Les Etats-Unis ne sont pas un tigre de papier, mais davantage un vieux concombre peint en vert », rédigé par Song Xiaojun, celui-ci affirme « [Par rapport aux années 1960], la diplomatie de la Chine est trop douce et ne possède pas l'esprit des nouveaux-nés qui n'ont pas peur des tigres ».
« Notre ouvrage a pour intention de faire ressentir à la population le malaise que provoque le statu quo et de les amener à envisager des changements sur ce plan », a reconnu Song Qiang lors d'un entretien avec le journal chinois International Herald Leader. « Notre rôle est de mettre la puce à l'oreille et nous voulons que le gouvernement américain prenne conscience de notre existence ».
En revanche, ce collaborateur du livre précise que les nationalistes chinois sont assez réceptifs aux critiques de l'Occident. « Nous critiquons également la société chinoise et nous sommes en mesure d'accepter les critiques sincères de l'Occident », a-t-il exposé au même journal.
La Chine n'est pas contente, a été perçu par beaucoup comme s'inscrivant dans la droite lignée d'un autre grand succès La Chine peut dire non, qui, selon de nombreuses personnes, avait indiqué le réveil du nationalisme chez certains intellectuels chinois. Point commun entre ces deux essais : ceux-ci ont été rédigés par des journalistes, des rédacteurs et des commentateurs télévisés chevronnés.
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