Pomme de discorde
Dans son discours du 11 mars, le président Sarkozy a justifié la décision du retour complet à l'OTAN par un renforcement de l'influence française et de la défense européenne.
« C'est dans l'intérêt de la France d'être au cœur d'un réseau dense de solidarités et d'alliances (...) nous conserverons notre dissuasion nucléaire indépendante (...) nous conserverons notre liberté d'appréciation sur l'envoi de nos troupes (...) nous ne placerons pas de contingent en permanence sous commandement allié en temps de paix », a-t-il souligné, promettant l'indépendance nationale dans ce processus de rapprochement avec l'OTAN.
L'opposition a fermement dit « non » à cette démarche. Lors des débats de mardi à l'Assemblée nationale, l'ancien Premier ministre socialiste, Laurent Fabius, a déclaré à propos du gouvernement « Vous êtes complètement à contre-courant ».
« Alors que ce monde multipolaire est en vue, vous vous raccrochez à la logique des blocs », a signalé M. Fabius, notant par ailleurs que le retour complet à l'Alliance atlantique « risquait de tuer » la défense européenne, une notion chère aux Français.
La France aurait été « dans l'incapacité pratique et politique » de s'opposer à la deuxième guerre d'Irak en 2003 si elle avait déjà réintégré le commandement militaire de l'OTAN, a-t-il lancé, accusant le gouvernement de « banaliser » la France, ce qui « portera tort à l'influence de la France ».
Même au sein de la famille de la droite, les députés ne sont pas dans le même ton vis-à-vis de ce choix du gouvernement. L'ancien Premier ministre, Dominique de Villepin, a décrit la décision comme une « faute ».
Le député chiraquien François Baroin, dans son intervention mardi dans l'hémicycle, a « regretté » la décision gouvernementale, s'interrogeant sur la « modalité », le « calendrier » et l'« urgence » d'un tel débat et du « risque de briser un consensus de plusieurs décennies entre la droite et la gauche ».
« Quel avantage allons-nous tirer de cette perte d'originalité et de singularité. De quelle influence supplémentaire allons-nous disposer ? », a-t-il demandé.
« Quelle que soit la sympathie, chacun sait que l'Amérique restera toujours l'Amérique », a-t-il noté.
Fini le trait d'union entre l'Est et l'Ouest?
Le député gaulliste Nicolas Dupont-Aignan, qui avait quitté l'UMP pour créer le parti Debout la République, a critiqué quant à lui que la France abandonne sa spécificité pour des « chimères », sans aucune contrepartie « réelle ».
Il a également regretté le retour de la France dans un « camp occidental » alors que la vision d'un monde « multipolaire » se fait jour, et une France qui renonce à position de « trait d'union entre l'Est et l'Ouest, entre le Nord et le Sud. »
Source : Xinhua
|