La République de Chine (1912-1949)
Puis vint la Révolution de 1911 en Chine. L'année suivante fut fondée la République de Chine réunissant les ethnies han, mandchoue, mongole, hui, tibétaine et autres. Sous le régime de la République de Chine, le pouvoir central changea de mains à plusieurs reprises, mais la politique fondamentale de l'État insistant sur l'unité, la souveraineté et l'intégrité du pays ne varia jamais.
Premièrement, sauvegarder la souveraineté de l'État sur le Tibet en recourant aux déclarations du gouvernement et à la législation. Le 11 mars 1912, la « Constitution provisoire de la République de Chine » fut arrêtée et promulguée sous la présidence du Dr Sun Yat-sen. L'article 3 de ses principes généraux stipulait que le Tibet était l'une des 22 provinces de la République. Le gouvernement de la République de Chine possédait donc légalement la souveraineté sur le Tibet. Dans la Constitution officielle promulguée plus tard, les articles concernant le Tibet insistaient aussi sur le fait que le Tibet était partie intégrante du territoire de la Chine et que le gouvernement central exerçait sa souveraineté sur lui.
Deuxièmement, établir un organisme central chargé d'administrer les régions peuplées de Tibétains et de Mongols – le Bureau des affaires mongoles et tibétaines. Ce bureau fut fondé en 1912 et relevait directement du Conseil des affaires d'État. En 1914, il changea de nom et prit celui de Conseil des affaires mongoles et tibétaines. En 1927, la République de Chine transféra sa capitale à Nanjing et constitua un gouvernement nationaliste. Le Conseil des affaires mongoles et tibétaines fut réorganisé en Comité des affaires mongoles et tibétaines. Le IXe panchen-lama et le XIIIe dalaï-lama ainsi que Gongjor Zongnyi, Zamgyia Hutogtu et Xeirab Gyamco, représentants du gouvernement local du Tibet et accrédités à Nanjing, étaient membres de ce comité, et Xeirab Gyamco, célèbre maître de bouddhisme, en était le vice-président.
Troisièmement, octroyer au dalaï-lama et au panchen-lama des titres honorifiques et présider la cérémonie d'intronisation de l'enfant-incarnation du dalaï-lama ou du panchen. Au début de la République de Chine, le XIIIe dalaï-lama, qui s'était réfugié en Inde et avait donc perdu le titre honorifique octroyé par le gouvernement des Qing, exprima son vœu de regagner le pays. Yuan Shikai lança le 28 octobre 1912 son ordre présidentiel de lui rendre le titre. Peu après, le dalaï-lama retourna au Tibet. Pour atténuer les contradictions au sein du Tibet et citer le IXe panchen-lama pour sa contribution à la sauvegarde de l'unification du pays, Yuan Shikai lança encore une fois le 1er avril 1913 un ordre présidentiel de conférer le titre honorifique au panchen.
En décembre 1933, après l'entrée dans le nirvâna du XIIIe dalaï-lama, selon la coutume historique, les autorités locales du Tibet informèrent immédiatement de cet événement le gouvernement central et ce dernier lui conféra le titre posthume de « Grand maître d'intelligence parfaite, de bienveillance immense et défenseur du pays » et envoya Huang Musong, président du Comité des affaires mongoles et tibétaines, au Tibet participer aux obsèques. En 1938, sous la présidence du tulku Razhen, régent du Tibet, on trouva, selon la règle bouddhique, au Qinghai, l'enfant-incarnation du XIIIe dalaï-lama, qui s'appelait Lhamo Toinzhub. Le 5 février 1940, le gouvernement nationaliste émit une ordonnance approuvant que « Lhamo Toinzhub, enfant du Qinghai, succède, sans tirage au sort, au XIIIe dalaï comme XIVe dalaï-lama ». Wu Zhongxin, représentant spécial du gouvernement central, et Razhen présidèrent conjointement la cérémonie d'intronisation. En décembre 1937, le IXe panchen décéda au Qinghai, en route vers le Tibet. Le gouvernement nationaliste lui conféra le titre posthume de « grand maître d'intelligence parfaite, grand sage et défenseur du pays » et envoya Dai Chuanxian, président du Conseil des examens, à Ganze honorer sa mémoire. Au début de 1949, l'envoyé spécial du gouvernement nationaliste assista à l'intronisation de l'enfant-incarnation du IXe panchen qui eut lieu au monastère de Ta'er, au Qinghai, et donna lecture d'une ordonnance selon laquelle Guangbo Cidain devenait officiellement le Xe panchen. En août de la même année, Guan Jiyu, président du Comité des affaires mongoles et tibétaines, se rendit au Qinghai pour présider, en qualité d'envoyé spécial du gouvernement nationaliste, la cérémonie d'intronisation.
Quatrièmement, admettre des personnalités religieuses et laïques de couche supérieure du Tibet dans l'administration des affaires d'État. On trouve des délégués du Tibet au parlement et à l'assemblée nationale à tous les niveaux. Par exemple, lors de la convocation de l'Assemblée nationale à Nanjing du 15 novembre au 25 décembre 1946, 17 délégués du Tibet étaient présents à la session qui adopta la Constitution.
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