Dans la banlieue nord de Lhassa, entre le marais de Lalu et la colline de Serawuze, s'étend un chemin adorné sur ses deux flancs de pierres. C'est un chemin sacré. Un jour d'automne 1958, à midi, un groupe de gens s'avançait lentement et majestueusement sur ce chemin désert. Les gens escortaient un grand palanquin décoré de brocart jaune orné d'un baldaquin. Deux personnes brandissaient de grands parasols. Le palanquin et les deux parasols furent offerts par l'empereur Shunzhi des Qing. Ils étaient également réservés aux grands bouddhas vivants incarnés lors de leurs déplacements. En 1652, le Ve dalaï-lama se rendit à Beijing pour se présenter à l'audience impériale. L'empereur Shunzhi lui accorda un palanquin de couleur jaune au toit doré. Depuis lors, le Ve dalaï-lama employait toujours ce palanquin lors de ses déplacements. Plus tard, tous les dalaï-lamas se déplaçaient en palanquin selon la règle établie.
Selon cette règle, lors du déplacement d'un grand bouddha vivant, les nobles et les moines en tenue officielle de soie doivent être à cheval, les chefs religieux marchent devant les officiels laïques et tous les officiels se rangent selon leurs différents grades. Leurs serfs ou domestiques respectifs portant un sabre à la ceinture et bien vêtus les accompagnent comme garde du corps ou suite pour les protéger ou tenir le cheval par la bride. Seize porteurs de palanquin en tenue de soldat des Qing s'avancent à pas coordonnés et avec précaution. Dans le palanquin trône, solitaire, le jeune bouddha vivant. Sous cette règle coercitive, seul le palanquin peut être employé, peu importe les désirs de cette personnalité religieuse.
À l'époque, il était interdit aux gens ordinaires de traverser le chemin sacré. Ils ne pouvaient que faire un pèlerinage, regarder ou marcher hors de la ligne de sécurité. (Chen Zonglie)