Un expert chinois met ses compétences au service de l’aviculture au Zimbabwe.

Wu Chunhua en action sur un projet de démonstration, le 20 décembre 2020. (COURTOISIE)

Andrew Chirenda, agriculteur du district de Zvimba, dans la province du Mashonaland occidental au Zimbabwe, est très fier de ses volailles. Les 180 poulets qu’il a élevés en plein air pendant 200 jours lui ont apporté un revenu de 800 dollars. Bonne nouvelle également pour toute la région, y compris pour le projet de démonstration d’élevage avicole conduit par des experts chinois.

La majorité des petites et moyennes exploitations au Zimbabwe manque en général d’équipements professionnels et de techniques de gestion scientifiques. Wu Chunhua, expert chevronné en la matière, a décidé de remédier à cette situation. Grâce à ses connaissances approfondies, et à son expérience pratique au Zimbabwe depuis 2018, il effectue une mission d’assistance avec ses collègues et contribue à améliorer le niveau de développement agricole dans ce pays d’Afrique australe.

Enquêtes préalables sur le terrain

Wu Chunhua présente un plan de poulailler à un homologue africain, le 27 février 2020. (COURTOISIE)

En janvier 2019, l’équipe d’experts s’est rendue à l’Institut de recherche Henderson relevant du Département de la recherche et des services spécialisés du Zimbabwe pour aider leurs homologues locaux à lancer un projet d’incubation de volailles. M. Wu a noté la présence des deux éclosoirs fournis par les équipes chinoises précédentes, mais pas celle des incubateurs correspondants. « Les Zimbabwéens distribuaient l’équipement d’incubation des volailles en séparant les incubateurs des éclosoirs qui doivent être utilisés par paire. Aucune des deux unités impliquées dans le projet n’a pu utiliser l’équipement correctement », se souvient-il. « Le problème a pu être réglé rapidement », ajoute-t-il.

Après une enquête plus approfondie, il a découvert qu’aucun site ne disposait d’eau courante. Sans alimentation en eau, impossible d’utiliser les équipements. Suite à ses recherches approfondies, M. Wu a réussi à mettre au point un modèle de système de stockage d’eau et d’hydratation, qui a permis d’atténuer le problème d’approvisionnement en eau et d’assurer l’utilisation normale des équipements.

Il a ensuite fallu faire face à un problème d’alimentation électrique. En mai 2019, le Zimbabwe a connu des périodes de coupure constante d’électricité sur des durées allant de 10 à 18 heures par jour. « L’équipement fourni est entièrement automatique et contrôlé par ordinateur, il nécessite donc une alimentation électrique », relate-t-il. Les sites se trouvant dans des zones reculées, leur alimentation électrique étaient irrégulière, même en cas d’alimentation générale relativement stable. C’est peut-être une autre raison pour laquelle l’installation d’incubation n’avait pas été activée. M. Wu a ainsi réalisé l’urgence d’améliorer les installations et de les adapter aux réalités du Zimbabwe.

En novembre 2019, le projet de village de démonstration de la coopération agricole entre la Chine et le Zimbabwe a été lancé dans la circonscription 28 de la ville de Murombedzi, dans le district de Zvimba. « C’était une opportunité rare pour la mise en œuvre du projet », indique M. Wu, qui était bien décidé à passer à la mise en pratique.

Démonstration basées sur les conditions locales

M. Wu a lancé le projet de sélection de poulets et d’élevage en plein air dans le village de Chirimenyebas, avec un investissement total de 14 000 dollars et la participation de 14 agriculteurs du village, dont M. Chirenda. « La démonstration a dû être adaptée aux conditions locales. L’enthousiasme n’était pas suffisant, il a fallu faire preuve d’ouverture d’esprit pour résoudre des problèmes compliqués. Plus important encore, nous devions être physiquement actifs pour gagner la confiance des agriculteurs locaux », explique-t-il. « La démonstration a servi de référence pour la sélection et l’élevage de races de poulets locales au Zimbabwe », ajoutant qu’une fois le projet réussi, le Zimbabwe en profitera à grande échelle.

En parallèle, M. Wu a également réalisé des projets de démonstration pour la construction de centres d’incubation de volailles. En juillet 2020, la construction d’un centre avec une production annuelle de 100 000 poussins a officiellement démarré. « Nous avons épaulé le centre d’incubation pour l’achat de batteries solaires et l’installation de 12 panneaux solaires et huit générateurs, produisant actuellement 20 kwh d’électricité par jour. De même pour l’installation d’un moteur diesel et d’un système d’alimentation à conversion rapide avec trois types de sources d’énergie : solaire, générateurs et alimentation municipale », détaille-t-il. « Le premier ensemble d’équipement a fait l’objet d’une démonstration en novembre 2020, avec une capacité d’éclosion de 50 000 œufs par an. La mise à niveau d’un autre ensemble de l’équipement permettra de doubler la capacité d’éclosion. »

Une fois résolus les problèmes d’alimentation en eau et en électricité, M. Wu s’est concentré sur le taux de survie d’un grand nombre de poussins éclos et a mis en place un projet de démonstration de coélevage de poussins. Il a transformé un vieux poulailler en pièce d’incubation, a construit un four à air chaud et des lits grillagés, et l’a équipé de matériel d’éclosion. « Le taux de mortalité lié au coélevage est inférieur à 5 %, ce qui signifie que le programme est très réussi. » Cela contribuera à l’éradication de la pauvreté et augmentera les revenus des agriculteurs locaux. « M. Wu est très créatif et il utilise son intelligence pour nous aider dans notre lutte contre la pauvreté. Nous le remercions du fond du cœur ! », se réjouit M. Chirenda.

Transfert de connaissances

Aux yeux de M. Wu, l’amélioration du savoir-faire des agriculteurs locaux et l’enseignement des techniques d’incubation et de reproduction jouent un rôle important dans l’augmentation de leurs revenus et l’amélioration de l’aviculture dans le pays. C’est pourquoi, dès le début de sa mission au Zimbabwe, il a misé sur le transfert des technologies connexes. « Tout en enseignant les techniques d’élevage de base, j’ai mis l’accent sur la manière d’élever des poulets de manière rentable et sur les pratiques éprouvées de l’élevage de poulets en Chine. Lors des sessions de formation, j’encourage toujours les participants à mettre en pratique les connaissances acquises », mentionne-t-il.

En trois ans, il a dirigé quatre sessions de formation, avec un total de 318 personnes, incluant agriculteurs, techniciens agricoles et étudiants. Parallèlement, afin de renforcer l’impact de la formation technique, il a également travaillé avec d’autres experts chinois et les institutions officielles du Zimbabwe, et a lancé une coopération avec huit lycées agricoles du Zimbabwe pour organiser une formation technique agricole à grande échelle. M. Wu et ses collègues ont organisé au total 55 sessions de formation, avec plus de 15 000 exemplaires d’ouvrages pédagogiques compilés et distribués, et un total de 3 267 techniciens agricoles, agriculteurs et étudiants formés.

« En tant que membre du Parti communiste chinois, je suis bien conscient de l’importance de mon travail au Zimbabwe. Je souhaite profiter de cette occasion pour soutenir le peuple zimbabwéen dans l’éradication de la pauvreté et l’augmentation de ses revenus, et contribuer à la construction d’une communauté de destin Chine-Afrique », conclut-il.

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