Le Sénégal a lancé la campagne de vaccination le 23 février. (Photo : Xinhua)

Ce fut un ouf de soulagement. Une bouée de sauvetage. À l’image de la communauté internationale, le Sénégal, rudement éprouvé par la pandémie de COVID-19, a reçu le 17 février dernier 200 000 vaccins Sinovac du laboratoire chinois Sinopharm. Le Président de la République du Sénégal en personne, Macky Sall, s’est déplacé jusqu’à l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass pour y réceptionner les doses. Il était accompagné du ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, ainsi que d’autres personnalités du ministère sénégalais de la Santé. L’ambassadeur de Chine au Sénégal, Xiao Han, ainsi que les représentants de l’OMS étaient également présents.

Au pied de l’avion d’Air Sénégal qui a ramené les vaccins depuis Beijing, M. Sall a adressé ses « sincères remerciements » au gouvernement chinois pour avoir facilité l’acquisition des doses. Il a, entre autres, remercié l’ambassade de Chine pour son suivi concernant « cette opération complexe ». Il a également affirmé que les vaccins avaient été acquis « sur le budget propre » de l’État. Toutefois, le montant de la transaction n’a pas été officiellement annoncé. Certaines sources ont indiqué qu’il s’agissait de 2,2 milliards de francs CFA (3,99 millions de dollars).

Dans une tribune publiée dans le quotidien national Le Soleil 48 heures après la réception des vaccins chinois, M. Xiao a soutenu que la Chine continuerait à aider le Sénégal dans ses efforts de stabilisation de l’économie, de promotion de l’emploi ainsi que de préservation du bien-être du peuple. La Chine, poursuit le diplomate, continuera à accompagner le Sénégal dans sa marche accélérée vers le statut de pays émergent. Il a rappelé que ce lot de vaccins ne comblait certes pas la totalité des besoins sénégalais, mais pourrait avoir de grands effets et fournir en temps voulu une garantie sécuritaire au personnel sanitaire ainsi qu’aux populations ciblées et touchées par une situation d’urgence. Il a également souligné que le Sénégal et la Chine allaient renforcer leur coopération vaccinale, non sans ajouter que son pays mobiliserait plus de ressources internationales vers le Sénégal et l’Afrique de manière à sauver plus de vies précieuses.

Le Président sénégalais Macky Sall réceptionnant les doses de vaccin chinois Sinovac à l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass. (Photo : Xinhua)

Un grand jour

Le vaccin de Sinopharm a déjà servi dans plusieurs pays africains, dont les Seychelles, le Zimbabwe et l’Égypte. M. Sall avait promis un démarrage rapide de la vaccination avec son « appel à toutes les populations pour une adhésion totale à [la] stratégie [du gouvernement] ». Justifiant le choix du vaccin chinois, le Directeur de la Prévention, Dr El Hadj Mamadou Ndiaye, avait évoqué sa plus grande maniabilité.

Dans un premier temps, la campagne de vaccination s’est adressée à quelque 20 000 membres du personnel de santé et les plus de 60 ans présentant des comorbidités, soit environ 3 % des 16 millions de Sénégalais. Ils ont été suivis par les personnes atteintes de maladies chroniques (3 % de la population) et les plus de 60 ans sans comorbidité (17 %). Rappelons que cette campagne a débuté le 23 février et M. Sarr a été le premier Sénégalais à se faire vacciner.

Ainsi, le Sénégal représente le septième pays africain à se lancer dans la vaccination de masse. Pour le ministre, « ce 23 février est un jour historique ». « Il convient ici et maintenant de remercier Son Excellence le Président Macky Sall, son ambition pour notre pays qui nous a permis d’acquérir 200 000 doses de Sinopharm », précise-t-il. En fonction des critères susmentionnés, les 14 régions administratives du Sénégal ont toutes reçu leurs doses et ont pu commencer la campagne de vaccination. Pour la première phase, les autorités sénégalaises entendent vacciner 20 % de la population, soit 3,5 millions de Sénégalais. Notons que le Sénégal a offert aux Républiques sœurs de Gambie et de Guinée-Bissau 10 % des 200 000 doses reçues de Chine, soit 10 000 doses à chacun de ces deux pays.

Des doses pour l’ensemble de la population

À terme, le Sénégal devrait acquérir 6,798 millions de doses. Ainsi, à ces 200 000 vaccins chinois, viendront s’ajouter d’autres vaccins. Selon la Directrice générale de la Pharmacie nationale d’approvisionnement (PNA), Dr Annette Seck Ndiaye, « les concertations sont entamées pour acquérir également le vaccin Spoutnik ». Elle précise : « Comme dans beaucoup de pays, nous utiliserons plusieurs vaccins ». C’est ainsi que le 3 mars, le Sénégal a reçu un premier lot de 324 000 doses d’AstraZeneca/Oxford au titre de l’initiative Covax. Selon les autorités sanitaires, « près d’un million de doses supplémentaires sont déjà prévues au cours du second trimestre 2021, et d’autres vont suivre tout au long de l’année ». Dans la foulée, Irène Mingasson, ambassadrice de l’Union européenne au Sénégal, a récemment déclaré que huit millions de doses étaient destinées au Sénégal dans le cadre de l’initiative Covax.

De l’avis du professeur Moussa Seydi, chef du service de maladies infectieuses du Centre hospitalier universitaire de Fann à Dakar, « le vaccin Sinopharm est efficace à 79 % contre les formes symptomatiques. Selon des données publiées dans une grande revue scientifique, 28 jours après la deuxième dose vaccinale, 100 % des personnes qui ont participé à l’étude ont eu un taux d’anticorps neutralisant protecteurs ». Il a précisé que le vaccin était efficace dans 100 % des cas contre les formes sévères à l’origine des nombreux morts et que l’urgence était d’arrêter l’hécatombe. Au début du mois de mars, le Sénégal a fait le bilan annuel de sa lutte contre la COVID-19. Ainsi, à la date du 1er mars, soit un an après l’apparition du premier cas, le pays a comptabilisé 34 732 patients dont 29 161 guéris, 880 décédés et 4 681 patients sous traitement. Un bilan qui a, avec le temps, évolué. Pour le professeur Seydi, l’administration des vaccins permettra, sans aucun doute, de faire baisser le taux de contamination et à terme d’endiguer la pandémie. En présentant le bulletin épidémiologique du 1er mars, le Directeur de la prévention, Dr El Hadj Mamadou Ndiaye, a révélé que 27 018 personnes avaient été vaccinées au Sénégal une semaine après le lancement de la campagne de vaccination pour la cible prioritaire.

Pour atteindre le maximum de personnes, le ministère de la Santé et de l’Action sociale a lancé une plateforme électronique pour effectuer le recensement de toutes les personnes qui souhaitent se faire vacciner. L’objectif est de pouvoir définir le nombre de vaccins nécessaires sur le territoire ; classifier les personnes voulant se faire vacciner par groupes prioritaires comme énoncés par le gouvernement ; informer les administrés sur la campagne de vaccination ; permettre à ceux n’ayant pas accès à la vaccination pour des raisons logistiques ou autres de s’appuyer sur les services de santé afin de faciliter cette vaccination.

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