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Délicate réforme économique en Afrique du Sud

Hannah Marais, Hanns Spangenberg et Sam Rolland  ·  2020-12-19  ·   Source: Chinafrique
Mots-clés: réforme économique; Afrique du Sud

Après avoir été fortement touchée par la pandémie de COVID-19 en 2020, l’Afrique du Sud entame désormais le long chemin de la reprise économique.

Depuis plusieurs années, l’Afrique du Sud fait face à un faible taux de croissance, à un chômage en augmentation et à une dette publique toujours plus élevée. Avec deux trimestres consécutifs de croissance négative lors du second semestre 2019, le pays était déjà en récession avant même d’être frappé par la COVID-19. La pandémie a depuis aggravé la situation tout en mettant en lumière de profonds problèmes structurels.

En mettant en place un confinement strict dès la fin du mois de mars 2020, l’Afrique du Sud a choisi de répondre en priorité à la crise sanitaire afin de sauver le plus de vies possible. Mais cette politique a placé le pays dans une situation sans précédent : l’activité économique s’est interrompue dans de nombreux secteurs au cours du deuxième trimestre. Le PIB réel a chuté de 51 % au cours du deuxième trimestre de 2020, après une contraction de 1,8 % lors du premier trimestre.

Secteurs les plus touchés

Selon les données de l’Office statistique d’Afrique du Sud, c’est le secteur manufacturier qui a été le plus atteint par la crise, avec une chute de 74,9 %. Le deuxième secteur le plus touché est celui du commerce et de l’hébergement, qui s’est contracté de 67,6 %. Avec une baisse de 67,9 %, le secteur des transports vient en troisième position. Le secteur agricole est quant à lui le seul à avoir enregistré une croissance positive, bien que marginale.

Les dépenses des ménages dans les secteurs du commerce de détail, des loisirs et des voyages ont connu une forte baisse en raison de mesures de confinement, de couvre-feu et de limitation des déplacements. Les plus fortes baisses ont été observées dans le secteur des biens semi-durables et durables. Autre conséquence négative de cette crise, le taux de chômage a atteint un niveau record de 30,8 % lors du troisième trimestre 2020, à la suite de la perte de 2,2 millions d’emplois entre avril et juin 2020.

Si les consommateurs ont retrouvé une relative confiance au cours du troisième trimestre grâce à la réouverture de certains secteurs de l’économie, cette dernière demeure faible. Une étude menée par Deloitte en octobre 2020 a montré que les ménages sud-africains demeurent inquiets de la perspective de paiements à venir, retardent leurs achats les plus onéreux et craignent de perdre leur emploi.

Des lueurs d’espoir commencent cependant à apparaître au sein de ce sombre paysage économique. Les données de l’Office statistique d’Afrique du Sud ont indiqué que la production minière a augmenté de 40,6 % lors du troisième trimestre, tandis que la production manufacturière a connu un accroissement de 32,9 %. Un autre indicateur de reprise économique est la hausse de 6,8 % des ventes de véhicules en août 2020 et de 2,6 % en septembre.

Quelles mesures pour stimuler la croissance ?

Malgré ces signes encourageants, le Trésor national sud-africain prévoit une contraction du PIB réel de 7,8 % en 2020. Compte tenu de l’ampleur de la récession attendue dans cette économie déjà fragilisée, mener une action concertée pour stimuler la reprise économique est plus urgent que jamais, et ce d’autant plus que les outils politiques classiques tels que la relance budgétaire d’urgence ou un assouplissement de la politique monétaire ne devraient permettre que de limiter l’ampleur des dommages plutôt que d’y pallier.

Le Trésor national a proposé, dans sa déclaration de politique budgétaire à moyen terme, plusieurs options pour stimuler la croissance. Parmi celles-ci, on peut citer :

- Une trajectoire d’assainissement budgétaire sur cinq ans qui favorise la croissance et lutte contre l’endettement ;

- Une réforme du secteur de l’électricité autorisant l’approvisionnement auprès de fournisseurs indépendants, la scission de la compagnie d’électricité Eskom en entités commerciales distinctes et la possibilité pour les municipalités d’acheter de l’électricité auprès de différents fournisseurs ;

- Soutenir l’investissement en matière d’infrastructure, notamment en facilitant l’investissement des fonds de pension dans les projets d’infrastructure ; et

- l’amélioration de la facilité générale de faire des affaires, notamment via un assouplissement des réglementations.

Les projections macroéconomiques jusqu’en 2023 prévoient un rebond de 3,3 % en 2021, avec une croissance qui devrait se ralentir par la suite (1,7 % et 1,5 % pour 2022 et 2023 respectivement). Avec un ratio dette/PIB en expansion rapide et une marge de manœuvre budgétaire limitée, la principale priorité définie dans la déclaration de politique budgétaire à moyen terme est la nécessité urgente de poursuivre l’assainissement budgétaire, tout en mettant en œuvre des réformes immédiates pour stimuler la croissance. Le financement devrait être assuré par des emprunts croissants ainsi que par la réorientation des dépenses des publiques.

Un autre objectif est le passage d’une croissance axée sur la consommation à une croissance alimentée par l’investissement, et en particulier par l’investissement privé. La pierre angulaire de cette initiative est le fonds d’infrastructure conçu pour attirer les financements du secteur privé.

Mais ce fonds soutenant le plan de reconstruction et de relance économique sud-africain publié à la mi-octobre 2020 et qui met l’accent sur la création d’emplois par le biais d’investissements dans les infrastructures, la réindustrialisation, la lutte contre la criminalité et la corruption, et la création d’un État performant, est susceptible de faire face à un certain nombre de difficultés.

Les défis du plan de croissance

Le plus grand défi est l’augmentation de la dette publique. L’Afrique du Sud dépense 2,1 milliards de ZAR (138,6 millions de dollars) par jour en frais d’emprunt - le poste de dépenses qui connaît la plus forte croissance à moyen terme. La possibilité de contenir la dette a été entravée par la forte diminution des recettes fiscales attendue à la suite de la pandémie de COVID-19. Il est donc peu probable qu’une augmentation des impôts génère des recettes fiscales supplémentaires.

Si les dépenses de l’Afrique de Sud ne sont pas contrôlées, le pays devra inévitablement se tourner vers les institutions financières internationales pour obtenir de l’aide. En outre, les ajustements budgétaires proposés nécessitent une limitation drastique de la croissance des salaires dans le secteur public, ce qui pourrait avoir plusieurs ramifications. Enfin, la réduction des dépenses publiques pourrait avoir des effets négatifs sur la croissance économique et le bien-être, en particulier pour les ménages les plus pauvres, qui sont également les plus gravement touchés par la pandémie.

Le besoin de réformes économiques est aujourd’hui plus urgent que jamais. Malgré les difficultés actuelles, la situation offre une opportunité à l’Afrique du Sud de mettre en place des réformes visant à stimuler l’économie, qui permettront à terme d’atteindre une nouvelle trajectoire de croissance, plus inclusive et plus durable, mais aussi plus compétitive et plus résiliente, qui lui permettra de dépasser les maigres résultats que le pays a connus au cours des années précédant la pandémie.

En d’autres termes, l’Afrique du Sud s’apprête aujourd’hui à emprunter le difficile chemin de la reprise économique. Mais cette reprise ne deviendra réalité que si tous les acteurs concernés, aussi bien publics que privés, se réunissent pour mener à bien un programme coordonné et proactif de reconstruction de l’économie.

Hannah Marais est directrice associée et chef de file en matière d’analyse chez Deloitte Africa. Hanns Spangenberg et Sam Rolland sont tous deux économistes chez Deloitte Africa. Une version plus longue de cet article a été précédemment été publiée par Deloitte Insights.

Pour vos commentaires : liuwei@chinafrica.cn

 

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