Cette année marque le 20e anniversaire du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA). En tant que coprésident, le Sénégal accueillera la prochaine réunion ministérielle du FCSA en 2021. CHINAFRIQUE s’est entretenu avec l’Ambassadeur du Sénégal en Chine, M. Mamadou Ndiaye pour partager son point de vue sur ce sujet.

Mamadou Ndiaye, ambassadeur du Sénégal en Chine.

À votre avis, depuis la création du FCSA, quelles nouvelles réalisations ont été mises en œuvre dans le domaine de la coopération Afrique-Chine et Sénégal-Chine ? Quels en sont les thèmes essentiels ?

M. Mamadou Ndiaye : Je voudrais tout d’abord vous remercier de l’occasion que vous me donnez de vous rencontrer et de répondre à vos questions. Depuis le lancement du FCSA en octobre 2000, la Chine et l’Afrique ont réalisé ensemble de nombreux projets dans divers domaines, notamment la coopération économique. Les statistiques officielles sont assez éloquentes à cet égard : grâce à la coopération sino-africaine, environ 10 000 km de route, 6 000 km de voie ferrée et environ une soixantaine de projets énergétiques ont été réalisés en Afrique au cours de ces vingt dernières années. À cela s’ajoutent une vingtaine de terminaux aéroportuaires et une trentaine de ports et de ponts qui ont également été réalisés en Afrique. Mais la coopération sino-africaine est également active dans le domaine du commerce. Entre 2000 et 2019, les échanges commerciaux sino-africains sont passés en valeur de 10 milliards de dollars à 208 milliards, ce qui représente donc une progression considérable. Par ailleurs, il y a eu beaucoup d’avancées en matière de coordination sur les questions politiques, notamment en politique internationale. La Chine et l’Afrique discutent des questions relatives à la gouvernance mondiale, notamment la réforme du Conseil de sécurité des Nations Unis, et ce dans le cadre du FCSA. Pour synthétiser, on peut donc dire que les domaines de coopération concernent principalement la coordination des questions politiques, le commerce, les investissements, les questions économiques, d’une manière générale, ainsi que les échanges entre les peuples.

Le Sénégal et la Chine travaillent étroitement surtout sur le plan économique et commercial. La Chine est aujourd’hui le premier partenaire commercial du Sénégal et même le premier investisseur au Sénégal. Au cours de ces dernières années, nous avons réalisé avec la Chine beaucoup de projets dans des secteurs importants, comme les infrastructures de transport, les infrastructures énergétiques, les technologies de l’information et de la communication, sans compter les secteurs sociaux, comme l’éducation et la santé. D’une manière générale, c’est une coopération très diversifiée et très fructueuse.

En tant que coprésident du FCSA, comment le Sénégal se prépare-t-il pour le Forum de l’année prochaine ?

Le Forum qui va se tenir l’année prochaine au Sénégal est une rencontre très importante, parce que ce sera la première réunion ministérielle du FCSA après la commémoration du 20e anniversaire. En effet, nous célébrons cette année le 20e anniversaire du FCSA et l’édition de l’année prochaine arrive au moment où le FCSA a atteint l’âge de la maturité. Et nous sommes en train d’y travailler avec nos partenaires chinois et nos partenaires africains. Les attentes se situent surtout au niveau de la consolidation des acquis, surtout en ce qui concerne le renforcement de la coopération économique, en particulier l’augmentation des investissements chinois en Afrique. Du côté africain comme du côté chinois, je peux donc affirmer que ces attentes sont très fortes, parce que si on analyse ce qui a été fait depuis le lancement du FCSA, on peut se rendre compte que chaque édition est un pas en avant vers la consolidation et le raffermissement de la coopération sino-africaine.

La préparation se fait à deux niveaux : d’une part au niveau logistique, le Sénégal procédera comme par le passé concernant l’organisation d’événements à caractère mondial. Nous allons certes y apporter une nouvelle touche, mais cela reste confidentiel pour le moment. D’autre part, sur le plan scientifique, la préparation s’effectue en collaboration avec la partie chinoise ainsi qu’avec d’autres pays africains. La pandémie de COVID-19 a légèrement perturbé l’agenda initial, mais des échanges informels ont lieu avec les partenaires africains et chinois sur les sujets qui seront abordés lors de cette conférence ministérielle du FCSA. Ceux-ci concerneront l’approfondissement de la coopération politique, le raffermissement de la coopération économique et des échanges commerciaux ainsi que la promotion des échanges entre les peuples africains et chinois, dans la continuité de ce qui a été fait jusqu’ici.

Cette année, la coopération sino-africaine dans la lutte contre l’épidémie de COVID-19 reflète l’entraide et l’assistance mutuelle entre l’Afrique et la Chine en vue de construire un destin commun. Quel rôle pensez-vous que le Forum pourrait jouer pour promouvoir davantage la communauté sino-africaine de destin commun ?

Vous avez bien fait de parler de ce que la Chine et l’Afrique ont fait ensemble dans la gestion de la pandémie de COVID-19. Nous avons pu assister à beaucoup de situations de solidarité et d’entraide entre les pays africains et la Chine pour faire face à cette pandémie. Il s’agit d’un modèle de coopération et de solidarité remarquables prouvant que la communauté de destin, dont on parle depuis quelques années, existe réellement entre l’Afrique et la Chine. Qu’est-ce que la communauté de destin ? Ce sont les actions que la Chine et l’Afrique ont mis en œuvre jusqu’ici en matière de développement partagé. Et cette pandémie de COVID-19 a montré que cette solidarité et cette coopération, ce partenariat qui va dans les deux sens, existent réellement. Le FCSA va nous permettre de continuer à approfondir cet esprit de solidarité et de partenariat gagnant-gagnant.

Cette année est primordiale pour l’éradication de la pauvreté en Chine. D’après vous, comment l’Afrique et la Chine coopèrent pour lutter contre la pauvreté ?

Je fais personnellement partie de ceux qui sont impressionnés par les résultats de la Chine en matière de lutte contre la pauvreté. En effet, le fait de sortir 800 millions de personnes de la pauvreté en un peu plus de 30 ans est réellement exceptionnel, voire fabuleux. Par conséquent, je pense que le modèle chinois d’éradication de la pauvreté est une bonne source d’inspiration, non seulement pour l’Afrique, mais pour les pays en développement encore confrontés au spectre de la pauvreté. La lutte contre la pauvreté fait partie des sujets traités dans le cadre du FCSA. Il existe d’ailleurs un sous-forum Chine-Afrique sur la lutte contre la pauvreté, dont une édition s’était tenue à Dakar en 2018. À mon avis, nous pouvons énormément apprendre à partir du modèle chinois de lutte contre la pauvreté. Bien sûr, il ne s’agit pas de copier ce que la Chine a mis en place mais juste de s’en inspirer pour l’adapter aux réalités africaines.

Pour vos commentaires : glj@chinafrica.cn