Des médecins chinois partagent leur expérience concernant la lutte contre le COVID-19 avec leurs pairs zimbabwéens et équato-guinéens

Le docteur Hu Yue a été surpris par sa rencontre avec un médecin parlant chinois dans un hôpital de banlieue au Zimbabwe.

Membre de l’équipe d’experts médicaux anti-COVID-19 au Zimbabwe et en Guinée équatoriale mise en place par la province chinoise du Hunan, le médecin chinois ne pensait pas entendre sa langue maternelle à l’Hôpital Mahusekwa (également appelé China-Zimbabwe Friendship Hospital), dans la province de Mashonaland East, au Zimbabwe.

Le monde est petit : le médecin zimbabwéen a passé six ans en Chine car elle fait ses études à l’école de médecine de Xiangya de l’Université centrale du sud (Hunan), où le docteur Hu travaille comme directeur adjoint de l’unité de soins intensifs au troisième CHU de Xiangya.

Le docteur Hu explique à CHINAFRIQUE qu’il est particulièrement gratifiant de voir un médecin formé en Chine mettre ses compétences au service de son pays d’origine, en particulier alors que la pandémie de COVID-19 se propage dans le monde entier. « Nous travaillons maintenant en étroite collaboration afin d’aider à sauver plus de personnes touchées par la pandémie », déclare-t-il, ajoutant que la boucle est ainsi bouclée.

Au cours de leur voyage d’un mois dans les deux pays africains en mai, l’équipe médicale de 12 membres (experts issus des services respiratoires, des services des maladies infectieuses et des domaines de la médecine intensive, de la médecine traditionnelle chinoise, du contrôle des infections, de la santé publique et des soins infirmiers) a coopéré avec les services médicaux locaux sur la planification des traitements et a guidé les laboratoires locaux pour améliorer leurs capacités en matière de test virologique PCR. Ils ont partagé leurs recherches sur le COVID-19 et ont pu établir des relations durables avec les habitants pendant leur séjour.

Lutte commune contre la pandémie

Les membres de l’équipe ont rapidement déterminé le principal sujet de préoccupation suite à leur visite à l’Hôpital Wilkins, l’Hôpital Parirenyatwa et d’autres hôpitaux provinciaux, en se basant sur leur expérience de médecins de première ligne acquise en soignant des milliers de patients en Chine.

« La tâche principale du pays était de prévenir et de contrôler la transmission du COVID-19, car la plupart des cas confirmés étaient des cas entrants », déclare le docteur Zhang Di, membre de l’équipe et directeur adjoint du laboratoire clinique du troisième CHU de Xiangya de l’Université centrale du sud.

L’équipe a donc travaillé avec les institutions médicales locales pour les aider à mettre en place des systèmes et des procédures de contrôle et de traitement du virus. « Je faisais office d’instructeur, j’ai enseigné aux médecins locaux comment empêcher le virus de se propager parmi le personnel médical », déclare le docteur Zhang.

Des pratiques telles que les tests, l’aménagement d’un espace pour le contrôle des patients et le bon usage des masques, des lunettes et des vêtements de protection sont désormais la norme dans les hôpitaux de la capitale Harare, grâce aux directives proposées par l’équipe médicale chinoise.

Le vice-ministre de la Santé et de l’Enfance, John Mangwiro, affirme que l’échange d’idées entre les experts zimbabwéens et chinois contribuera grandement à lutter contre la propagation du COVID-19.

Selon lui, le fait que l’équipe chinoise se soit rendue au Zimbabwe a été bénéfique car elle a pu répondre directement aux questions concernant les erreurs à éviter par rapport au virus.

La province du Hunan et le Zimbabwe ont bénéficié d’une coopération dans le domaine de la santé depuis l’envoi de la première équipe médicale du Hunan dans le pays en 1985.

Un second défi de taille

Ayant terminé sa mission de six mois au Zimbabwe le 25 mai, l’équipe chinoise a enchaîné avec une nouvelle mission en Guinée équatoriale face au nombre croissant de cas et à la capacité limitée de test PCR dans ce pays.

Le 26 mai au matin, l’équipe est arrivée à Malabo, capitale de la Guinée équatoriale. « En fait, nous avions beaucoup de pression pour cette deuxième mission, car nous avions fait beaucoup de préparatifs avant la mission au Zimbabwe, mais le temps nous a manqué pour nous bien préparer avant le départ pour la Guinée équatoriale », raconte le docteur Zhang à CHINAFRIQUE.

Pendant leur vol, les membres de l’équipe ont quand même pu se pencher sur les caractéristiques des cas locaux et ce qu’ils ont découvert les a choqués : l’épidémie y avait atteint un niveau de gravité tel qu’il se trouvait quasiment au même niveau que celui de la province du Hubei, épicentre initial du COVID-19 en Chine.

La population de la Guinée équatoriale s’élève à 1,3 million d’habitants et 1 043 nouveaux cas de coronavirus ont été signalés au 25 mai. Le taux d’incidence du COVID-19 en Guinée équatoriale avait atteint 0,08 %, selon l’équipe.

Au cours de sa mission de deux semaines, après ses visites sur le terrain et les échanges avec des experts locaux en matière d’isolement et de traitement du COVID-19, l’équipe chinoise a suggéré des mesures efficaces pour aider le pays à prévenir la propagation de la pandémie et a offert à ses pairs une formation sur le diagnostic et le traitement du COVID-19.

Elle a également réalisé des vidéos simples à diffuser à la télévision locale afin de sensibiliser le public sur les bonnes pratiques pour se protéger du COVID-19.

Suite à une réunion avec les médecins chinois, les hauts responsables locaux de la santé ont déclaré être confiants concernant la lutte contre COVID-19 car l’expérience de la Chine a montré à la Guinée équatoriale que la maladie pouvait être éradiquée. Ils ont reconnu que l’essentiel était de gérer la source de l’infection et de mobiliser l’ensemble de la population à participer à la campagne de prévention.

Donner et recevoir en échange

Lorsque l’équipe médicale chinoise a quitté le Zimbabwe et la Guinée équatoriale, elle a laissé en cadeau à ses pairs les Recommandations sur la prévention et le contrôle COVID-19, document spécialement rédigé pour les deux pays en fonction de leur situation spécifique et des conditions de service médical.

Bien qu’elle ait connu des difficultés lors des missions, elle a également vécu une expérience inoubliable et enrichissante.

« Au cours de ces séjours, nous avons pu observer de part et d’autre la simplicité, la gentillesse, la diligence et la sagesse de ces populations, ainsi que la responsabilité et le professionnalisme du personnel médical local. Un tel professionnalisme et un tel dévouement m’ont vraiment ému », confie le docteur Hu à CHINAFRIQUE. « Je ressens un profond respect pour eux ».

De la même manière, les médecins chinois ont gagné le respect et l’appréciation de la population locale qui les a félicités partout où ils allaient.

Selon le docteur Zhu Yimin, chef d’équipe et directeur général adjoint de la Commission de la santé de la province du Hunan, le plus impressionnant aura été l’optimisme des populations locales. « Être optimiste était une bonne attitude à avoir en ces temps compliqués pour rester en bonne santé », déclare-t-il.

Le docteur Zhu explique que le retour en Chine n’a pas mis fin à l’assistance de l'équipe médicale dans les deux pays, précisant que l’équipe médicale y mène un travail de recherche plus approfondi sur la prévention et le contrôle de l’épidémie.

Le slogan adopté il y a trois mois exprime clairement cette détermination : « Nous ne battrons jamais en retraite tant que nous n’aurons pas vaincu la pandémie ».

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