La cérémonie d’ouverture du projet de village de démonstration de coopération agricole entre la Chine et le Zimbabwe, dans le village de Chirimanyemba, le 25 novembre 2019.

Malgré la fatigue, Zhang Shihong est tout sourire. Accompagné de son équipe, l'expert chinois dirige une enquête de terrain dans le village de Chirimanyemba, dans la province Mashonaland West du Zimbabwe. Ce village en apparence des plus ordinaires est en fait la base de démonstration du projet de coopération agricole sino-zimbabwéenne.

« Le projet de village de démonstration est un nouveau modèle pour renforcer la coopération agricole. À cet effet, nous avons mené des enquêtes et des discussions approfondies avec nos partenaires locaux pour choisir le village et décider du modèle de coopération, sous la direction du Centre de services pour la coopération internationale relevant du ministère chinois de l'Agriculture et des Affaires rurales et du Bureau de l'économie et du commerce de l'Ambassade de Chine au Zimbabwe », a-t-il fait part.

Selon M. Zhang, deux modèles ont été finalement retenus : l'un est la combinaison de la plantation de maïs et de l'élevage de lapins, l'autre est celle du maïs et de poulets. « En effectuant cette démonstration technologique, nous allons contribuer au développement de ce type d'économie circulaire pour augmenter les revenus et améliorer la vie des habitants ici », a-t-il affirmé, en regardant les 30 hectares de la plantation de maïs.

Zhang Shihong travaille au Centre de prévention et de contrôle des maladies animales du district de Fuling, dans la municipalité chinoise de Chongqing (sud-ouest). Engagé dans l'élevage et la médecine vétérinaire depuis 33 ans, il possède une riche expérience théorique et pratique. En tant que chef du troisième programme de coopération agricole sino-zimbabwéenne, il est arrivé au Zimbabwe le 8 novembre 2018 avec neuf autres experts agricoles chinois, pour une mission de trois ans. Les dix membres de l'équipe ont chacun leur spécialité : l'élevage, la médecine vétérinaire, l'agriculture, l'horticulture, la machinerie agricole, l'irrigation et l'aquaculture.

Ce n'est pas une première expérience en Afrique pour M. Zhang. Il a déjà œuvré en Ouganda en 2009 et au Zimbabwe en 2013, également dans le cadre de projets de coopération agricole sino-africaine. « En participant à ces programmes, je montre non seulement mon soutien pour l'initiative 'la Ceinture et la Route' et les huit initiatives majeures dévoilées au cours du Sommet de Beijing du Forum sur la Coopération sino-africaine, mais également mon amour pour l'Afrique. J'espère que mes connaissances et mes expériences pourront bénéficier à plus de gens ici », a affirmé M. Zhang à CHINAFRIQUE.

Un énorme potentiel

Dès son arrivée au Zimbabwe, Zhang Shihong a constaté que les conditions naturelles ici étaient très adaptées au développement de l'élevage. Le pays dispose de 33,28 millions d'hectares de terres arables, avec près de 170 000 fermes de tailles différentes, couvrant plus de 6 millions d'hectares. Tout cela constitue des apports importants pour la production d'aliments pour animaux et le pâturage des bovins et ovins.

« Cependant, le manque de technologies, d'équipements et d'infrastructures a sérieusement entravé le développement de l'agriculture et de l'élevage. Après avoir mené des enquêtes, nous allons tenter de résoudre ces problèmes, afin d'exploiter le potentiel de développement », a expliqué M. Zhang.

Après des recherches approfondies, M. Zhang a identifié les facteurs qui freinaient le plus le développement de l'élevage local. Premièrement, le manque de technologies, notamment en matière de prévention et de contrôle des maladies animales. Deuxièmement, le manque d'équipements et d'installations. Par exemple, la faible production d'aliments pour animaux limite la productivité et fait monter les prix, ce qui ralentit la croissance du bétail et de la volaille. Troisièmement, les infrastructures défaillantes, qui causent souvent des pénuries d'eau et d'électricité dans les villages.

Zhang Shihong (gauche) et des agriculteurs posent devant le logo « CHINA AID ».

Remèdes efficaces

« La formation et la démonstration technique sont des mesures efficaces. » En coordination avec le ministère des Terres, de l'Agriculture, de l'Eau, du Climat et de la Réinstallation rurale du Zimbabwe, M. Zhang et son groupe ont organisé des formations dans huit écoles d'agriculture locales et se sont rendus sur le terrain pour mener des démonstrations auprès des agriculteurs. À la moitié du calendrier du projet, déjà plus de 2 000 participants ont pris part aux formations données par le groupe, dépassant l'objectif initial de 900 participants.

Par ailleurs, ils ont choisi certains villages pour lancer le projet de démonstration, dont celui de Chirimanyemba. « Après tout, nous ne pouvons pas tout faire nous-mêmes. Ce projet peut permettre aux agriculteurs bénéficiaires d'aider plus d'agriculteurs afin de réaliser un développement continu. » Selon M. Zhang, pour le moment, plus de 2 000 agriculteurs ont bénéficié de ce projet.

« Nous sommes heureux d'accueillir les experts chinois. Le logo 'CHINA AID' est entré non seulement dans notre village, mais aussi dans nos cœurs », s'est exclamé Mudede Chamunoruia, participant au projet.

Pour la pénurie d'équipements, le groupe d'experts a demandé de l'aide auprès du gouvernement chinois, qui a fait don de 112 appareils au Zimbabwe, dont des incubateurs, des tracteurs, des pompes et l'équipement de laboratoire. Dès l'arrivée de la cargaison, les experts ont réalisé les travaux d'installation avec l'aide de techniciens locaux, auxquels ils ont montré les méthodes d'utilisation et d'entretien, afin de garantir le plus vite possible la mise en service des appareils.

Cependant, les pannes d'électricité dans les zones rurales limitent l'utilisation de ces nouveaux outils. Le groupe de M. Zhang a donc décidé de se tourner vers l'énergie solaire. Grâce aux efforts conjoints des techniciens locaux, un centre d'incubation des œufs à énergie solaire a vu le jour.

Afin de bien comprendre le développement agricole du Zimbabwe, le groupe d'experts a mené de nombreuses enquêtes. Chaque expert a proposé des conseils et des solutions aux problèmes existants en fonction de sa spécialité. « Nous avons achevé huit rapports approfondis. Ce faisant, nous espérons contribuer au développement agricole du Zimbabwe », a affirmé M. Zhang.

Développement durable

Après plus d'un an, les efforts du groupe d'experts ont été reconnus par les fonctionnaires agricoles locaux et la population du Zimbabwe. Le groupe a même fait l'objet de plusieurs articles dans les médias locaux. Moffat Nyamangara, directeur du département de l'enseignement agricole et de la formation des agriculteurs du ministère des Terres, de l'Agriculture, de l'Eau, du Climat et de la Réinstallation rurale du Zimbabwe, a salué plusieurs fois le travail des experts.

« Bien que nous ayons obtenu certains résultats, de nombreux problèmes sont encore difficiles à résoudre à court terme. Par conséquent, nous devons réellement améliorer leurs propres capacités de développement, ce qui est plus important et plus précieux que l'enseignement des technologies. »

Selon M. Zhang, ce n'est qu'en développant l'autonomie des partenaires locaux que ces derniers arriveront fondamentalement à promouvoir le développement durable de l'agriculture.

Zhang Shihong estime que le pays devra accroître le soutien aux agriculteurs, et augmenter les investissements dans les infrastructures et les technologies agricoles, afin d'améliorer la résistance aux catastrophes naturelles, l'utilisation des terres et la productivité.

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