Le commerce électronique transnational va accompagner ce rééquilibrage et laisse entrevoir des perspectives commerciales phénoménales : les BRICS comptent en effet 1,46 milliard d’internautes et un potentiel de consommation considérable, notamment en raison de la jeunesse de la population. Lors de la 7ème réunion des ministres du Commerce des BRICS à Shanghai début août, la coopération dans le commerce en ligne avait d’ailleurs été l’un des 8 points de consensus. Durant le Sommet, l’Initiative du commerce électronique des BRICS qui a été proposée prévoit d’organiser le développement du commerce en ligne pour surmonter certains obstacles techniques. Les PME, les micro-entreprises, mais aussi les jeunes et les femmes, seront le fer de lance de ce développement, selon Wang Shouwen.
La Chine a aussi proposé un Plan stratégique d’ensemble pour le développement des zones de libre-échange (ZLE), réitérant ainsi son opposition au protectionnisme et son engagement à promouvoir l’ouverture des marchés, ainsi qu’un Plan de facilitation des investissements, qui inclut notamment plus de transparence dans les politiques d’investissement. Les pays BRICS ne reçoivent en effet que 12 % des flux d’investissements directs étrangers (IDE) mondiaux, et les flux d’IDE intra-BRICS ne représentent que 5 % du total mondial. Le potentiel reste donc considérable dans ce domaine.
Les BRICS doivent aussi se projeter dans l’avenir selon deux modalités.
Une modalité interne tout d’abord, en favorisant l’adhésion de nouvelles économies émergentes dans le cadre du modèle « BRICS Plus » proposé par la Chine. Signe fort, le Sommet de cette année s’est déroulé en présence du Mexique, de l’Egypte, de la Thaïlande, de la République de Guinée et du Tadjikistan.
Au bloc actuel pourraient donc s’agréger des géants économiques en développement. L’arrivée de nouveaux membres pourrait alors donner une impulsion considérable aux échanges et aux investissements tout en favorisant les réformes économiques dans l’ensemble du bloc afin de parvenir à une convergence. Cette évolution vers le modèle « BRICS Plus » permettrait d’étendre le partenariat économique et commercial avec d’autres pays en développement, notamment avec les pays les moins avancés, dont la plupart se trouvent en Afrique. En devenant une importante plateforme pour la coopération Sud-Sud, les BRICS pourraient ainsi être en première ligne pour impulser une nouvelle dynamique de développement.
Une modalité externe ensuite, par le renforcement de la synergie avec deux initiatives chinoises pour le développement et les échanges : le Forum pour la coopération sino–africaine et l’Initiative des Nouvelles routes de la soie. La présence symbolique du Tadjikistan, le long de la Ceinture économique de la Route de la Soie, et de la République de Guinée, qui assume la présidence tournante de l’Union africaine, envoie un message fort de développement inclusif et de leadership de la Chine. Le président guinéen Alpha Condé l’a noté lors de son allocution au Sommet : « Notre partenariat avec les BRICS (...) continuera de façonner de nouveaux visages d'un Continent qui a décidé de prendre son destin en main en parlant désormais d'une seule voix », ajoutant que « tous les pays jadis marginalisés [avaient l’espoir] d'être de véritables acteurs du combat pour le progrès et la prospérité partagés. »
Le bloc des BRICS a proposé un modèle alternatif de développement et de coopération économique lors de sa création qui répondait aux défis de son temps. Une décennie après sa création, il est temps qu’il sorte d’un cadre qui l’enserre plus qu’il ne le libère et qui génère des déséquilibres, pour s’ouvrir aux autres pays en développement et exploiter le potentiel des nouvelles technologies. Au niveau national, cela signifie que les pays BRICS devront de manière fondamentale procéder à des réformes structurelles afin de développer la demande intérieure, accroître la part de la consommation et des services dans le PIB, et stimuler les échanges commerciaux. La pérennité et le succès des BRICS 2.0 en dépendent.
