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France/législatives: une large victoire du président Macron à l'Assemblée nationale mais qui n'est pas un plébiscite |
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· 2017-06-19 · Source: Xinhua | |
Mots-clés: France; législatives |
Le président français Emanuel Macron a obtenu dimanche une des plus larges majorités parlementaires de la Ve République à l'occasion du second tour des élections législatives, et a désormais les mains libres pour appliquer son programme.
Selon les estimations disponibles dans la soirée, la victoire de La République En Marche, qui acte la recomposition de l'échiquier politique dans l'Hexagone, n'est pas pour autant le plébiscite annoncé par certains sondages, d'autant que l'abstention enregistre un nouveau record.
Selon les estimations disponibles dans la soirée, la République en marche (LREM) et ses alliés centristes du MoDem obtiendraient de 355 à 360 sièges des 577 fauteuils que compte l'Assemblée nationale, très largement au-delà de la majorité absolue de 289 sièges. Un scénario auquel personne ne croyait vraiment il y a encore quelques semaines. LREM disposera de la majorité absolue sans son allié du Modem, le parti centriste du ministre de la justice François Bayrou. Ce score reste cependant nettement en deçà de la barre des 400 évoqué à l'issue du premier tour, le 11 juin.
L'abstention figure comme l'autre grand vainqueur de ce second tour des législatives et reflète le malaise démocratique que l'on observe dans l'Hexagone. Elle a en effet enregistré un nouveau record et devrait dépasser les 56%. La participation au scrutin a encore baissé par rapport au premier tour lors duquel plus d'un Français sur deux ne s'était pas déplacé aux urnes. Et la forte désaffection des électeurs est amplifiée par un nouveau nombre record de votes blancs. Ces indicateurs traduisent les profondes divisions de la société française.
Le 7 mai dernier, lors du second tour de la présidentielle, un Français sur trois s'était déjà abstenu ou avait voté blanc. Emmanuel Macron a été élu avec seulement 18,19 % des inscrits au premier tour de l'élection présidentielle (24,01% des exprimés) et 43,61% des inscrits au second, soit moins que la moitié du corps électoral, et alors qu'il bénéficiait de facto d'un front républicain contre sa rivale d'extrême-droite Marine Le Pen.
Par ailleurs, l'opposition, que l'on annonçait moribonde, aura malgré tout droit voix au chapitre dans la nouvelle Assemblée nationale. D'un côté, la droite résiste et devrait remporter environ 130 sièges. Son chef de file François Baroin a salué un groupe "suffisamment important pour faire valoir les convictions" de la droite. Se dessine d'autre part un pôle de gauche d'une soixantaine de sièges, grâce à la percée de la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, ex-candidat arrivé 4e à la présidentielle, qui a réussi à se faire élire dimanche à Marseille. Son mouvement est crédité de 16 sièges, de quoi constituer un groupe sans le Parti communiste qui obtiendraient 10 sièges.
Le Parti socialiste et ses alliés, qui détenaient 302 sièges dans l'Assemblée sortante, décrocheraient entre 46 et 50 sièges. Son premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis, qui a annoncé dimanche soir son retrait de la direction du parti, a concédé une "déroute incontestable". La débâcle du Parti socialiste (PS) serait moins catastrophique qu'annoncée. Le PS craignait en effet de ne pas parvenir à constituer un groupe parlementaire (15 personnes minimum).
La présidente du Front national (FN), qui a obtenu plus de 10 millions de voix à la présidentielle le 7 mai, ainsi que son compagnon Louis Aliot, font leur entrée au Palais-Bourbon. Le numéro 2 de son parti, Florian Philippot, est en revanche battu. Le FN triple malgré tout le nombre de ses députés et compterait entre six et huit députés sans parvenir à constituer un groupe parlementaire.
Le visage de l'Assemblée nationale sera profondément transformé à l'issue de ces législatives. Seuls 222 députés sortants étaient qualifiés pour le deuxième tour et 224 autres sortants ne se représentaient pas, plus du double qu'en 2012. Un nombre record de femmes vont être élues. La décision du mouvement d'Emmanuel Macron, La République en Marche (REM), d'investir un grand nombre de candidats issus de la "société civile" et la nouvelle loi sur le non-cumul des mandats, ont largement contribué à ce renouvellement inédit des députés. A quoi s'ajoute les effets du "dégagisme" qui a gagné un grand nombre d'électeurs français dans un pays où la défiance envers la classe politique traditionnelle est croissante.
Ces législatives consacrent la victoire de l'incroyable pari d'Emmanuel Macron, ancien haut fonctionnaire et banquier de 39 ans, jamais élu auparavant, qui a réussi à conquérir l'Élysée en mai grâce à un mouvement créé un an plus tôt.
Il y a quelques mois encore, personne ne croyait vraiment en l'hypothèse d'une majorité absolue pour M. Macron. Pas même Emmanuel Macron qui, le 28 février, lors d'un meeting à Angers, déclarait: "Dans tous les sondages, aucun candidat à la présidentielle ne fait résolument plus de 25%. Mais est-ce que quelqu'un peut penser raisonnablement que, élu président, il aura une majorité présidentielle uniquement avec son parti? Moi je n'y crois pas". Avant d'ajouter: "Mais non seulement ça n'est pas possible, mais ça n'est pas souhaitable! Parce que ça serait un hold-up!". Nul doute que ses opposants vont le lui rappeler avec insistance.
Une manifestation a d'ores et déjà été annoncée pour ce lundi par le "front social qui s'oppose à la refonte du code du travail". "L'Assemblée, du fait de l'abstention, n'a pas la légitimité de perpétrer le coup d'état social préparé par le gouvernement", a tonné, dimanche soir, Jean-Luc Mélenchon.
La période qui s'ouvre, malgré la majorité absolue de LREM à l'Assemblée nationale, comporte un certain nombre d'inconnus. Les grandes manoeuvres se poursuivront cette semaine chez les grands partis.
Comme le veut l'usage après un scrutin législatif, le Premier ministre Edouard Philippe devrait remettre lundi ou mardi la démission de son gouvernement et en former immédiatement un nouveau, qui ne devrait pas comporter de grands changements.
Le Premier ministre prononcera vraisemblablement le 4 juillet sa déclaration de politique générale à l'Assemblée nationale. Si son approbation ne fait aucun doute, le vote des groupes minoritaires sera à examiner à la loupe.
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