Avec de nouvelles sanctions imposées à l'Iran, les Etats-Unis montrent que leur hostilité profondément enracinée à l'égard du pays du Moyen-Orient persiste malgré la mise en place d'un accord historique sur le programme nucléaire iranien.

Les Etats-Unis ont annoncé dimanche de nouvelles sanctions contre le programme de missiles balistiques de l'Iran, un jour seulement après la levée des sanctions contre le programme nucléaire iranien par le gouvernement américain.

Lundi, l'Iran a dénoncé ces nouvelles sanctions américaines contre son programme de missiles balistiques qu'il a qualifiées d'"illégitimes".

"Les missiles iraniens n'ont jamais été conçus pour avoir la capacité de transporter des têtes nucléaires et ne violent aucun principe international", a souligné le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hossein Jaber Ansari, cité par l'agence de presse ISNA.

Les nouvelles sanctions imposées à l'Iran en raison de son programme de missiles et de dissuasion sont "illégitimes d'un point de vue juridique et moral", a-t-il ajouté.

UN ECHANGE DE PRISONNIERS SUIVI DE NOUVELLES SANCTIONS 

Les médias ont rapporté que les nouvelles sanctions ont été en fait repoussées de plus de deux semaines par les Américains, ces derniers craignant que ces nouvelles mesures restrictives ne fassent dérailler les négociations avec l'Iran au sujet d'un échange de prisonniers prévu.

Les Etats-Unis ne souhaitaient pas que les nouvelles sanctions aient un impact négatif sur les négociations nucléaires, a déclaré à Xinhua Chu Yin, professeur adjoint de relations internationales à l'Université des relations internationales à Beijing.

En vertu de l'accord sur l'échange de prisonniers atteint par Washington et Téhéran, cinq Américains ont été libérés samedi des centres de détention de Téhéran. En échange, sept Iraniens condamnés ou reconnus coupables de violations des sanctions ont été graciés par les Etats-Unis.

Mais l'échange de prisonniers a été suivi de près par l'annonce américaine de nouvelles sanctions.

D'après un communiqué publié par le département américain du Trésor, six ressortissants iraniens et onze compagnies ont été placés sur la liste noire de l'autorité américaine pour leur implication dans le programme de missiles.

"Cette action est cohérente avec l'engagement du gouvernement américain de poursuivre tous ceux qui aident l'Iran à s'approvisionner en matériaux pour son programme de missiles balistiques", explique le communiqué.

Adam Szubin, sous-secrétaire du département du Trésor en charge de la lutte anti-terrorisme et du renseignement financier, a réitéré que les Etats-Unis allaient soutenir vigoureusement les sanctions contre les activités iraniennes s'inscrivant en dehors de l'accord nucléaire.

Outre celles liées au programme de missiles balistiques, les activités liées au soutien iranien au terrorisme, à la déstabilisation régionale et à la violation des droits de l'Homme sont également visées par les sanctions américaines.

Dans un discours sur l'Iran prononcé dimanche à la Maison Blanche, le président américain Barack Obama a promis d'agir fermement contre "le comportement déstabilisateur" de l'Iran, alors que "des différends profonds" subsistent entre les deux pays.

EQUILIBRER LA POLITIQUE SUR LE MOYENT-ORIENT 

Les nouvelles sanctions font clairement partie des efforts de Washington pour rééquilibrer sa politique sur le Moyen-Orient alors qu'un dégel des relations avec l'Iran ajouterait de la complexité à la situation régionale.

"Nous n'allons pas vaciller dans la défense de notre sécurité ou de celle de nos alliés et partenaires", a souligné M. Obama dans son discours retransmis dimanche à la télévision.

En octobre dernier, l'Iran a annoncé avoir tiré un missile à longue portée Emad, qui "peut être guidé et contrôlé jusqu'à ce qu'il atteigne sa cible avec une très grande précision".

Dans un rapport publié en décembre, des experts de l'ONU ont déclaré que l'Iran avait violé une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU en tirant le missile Emad capable de porter une ogive nucléaire, permettant ainsi aux Etats-Unis d'imposer de nouvelles sanctions à la République Islamique.

En limitant la capacité de frappe longue portée de l'Iran, les Etats-Unis tentent de protéger leurs alliés au Moyen-Orient, a expliqué Lu Jin, chercheur à l'Académie chinoise des sciences sociales.

Washington est sur le qui-vive concernant le développement des armes de haute précision par Téhéran, a noté M. Chu.

"Les nouvelles sanctions, différentes des anciennes, portent sur les missiles de l'Iran dans un cadre global visant à limiter son ambition nucléaire", a-t-il ajouté.

Source: Xinhua