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Voler de ses propres ailes

Li Xiaoyu  ·  2021-08-17  ·   Source: Chinafrique
Mots-clés: tourisme; biodiversité; économie; environnement

Le tourisme ornithologique permet à la revitalisation rurale d’aller de pair avec la valorisation de la biodiversité. 

Un observatoire installé chez Mi Bosi facilite l’observation des oiseaux, pour le plus grand bonheur des photographes amateurs. (CNSPHOTO)

Au chant du coq, Ren Weidong se réveille naturellement. De sa fenêtre, il prend de grandes bouffées d’air pur, marqué par les odeurs rafraîchissantes de la forêt après la pluie, tout en observant la brume s’élever dans le canyon. Les oiseaux chantent gaiement leurs refrains dans la montagne. Comme pour rythmer la cadence, les chiens aboient de temps à autre à leur tour. La matinée s’annonce belle et bucolique. Il a pourtant hâte de quitter le gîte situé en plein milieu de la Réserve naturelle nationale de la montagne Gaoligong au Yunnan.

Ce photographe amateur, équipé d’un appareil photo et d’une paire de jumelles, profite de sa retraite pour effectuer des sorties ornithologiques. À cet effet, il n’a pas hésité à parcourir des milliers de kilomètres en voiture depuis sa région d’origine au Zhejiang, avec pour seul objectif de s’adonner à l’observation et à l’étude des oiseaux.

Pour mener à bien sa mission du jour, il a pour guide Mi Bosi, 41 ans, vivant dans le village de Sanhe, relevant du bourg de Luzhang, dans la préfecture autonome lisu de Nujiang (Yunnan). Ce dernier l’amène dans l’observatoire implanté chez lui. À peine installé, M. Ren s’émerveille d’apercevoir diverses espèces aux multiples couleurs venir se percher et s’alimenter sur les tiges de bambou que M. Mi a placées devant les érythrines dans sa cour. À l’abri d’une tente en toile de camouflage, il ne peut s’empêcher d’appuyer sur le déclencheur et de mitrailler tout ce qu’il voit. Il se renseigne de temps en temps sur les noms d’oiseaux auprès de son guide avec les photos qu’il vient de prendre. En une demi-journée, il a pu photographier et identifier cinq espèces de souimangas (souimanga queue-de-feu, à poitrine noire, à croupion jaune, à gorge bleue et à ventre jaune), soit quasiment la moitié des espèces observables du pays. Il n’aurait pas pu être plus satisfait du résultat.

Chaque année, des milliers de passionnés à l’image de M. Ren se rendent dans ce petit paradis ornithologique, ouvrant la voie à une nouvelle sensibilisation à la biodiversité et à la prospérité pour les générations à venir.

Le village de Sanhe est engagé dans le tourisme ornithologique depuis l’ouverture de sa « vallée des oiseaux » en 2018. (CNSPHOTO)

Valorisation de l’écosystème

La Réserve naturelle nationale de la montagne Gaoligong a été inscrite sur la Liste des réserves naturelles d’importance internationale du World Wildlife Fund en 1992 et ajoutée au Réseau mondial des réserves de biosphère de l’UNESCO en 2000. Considérée comme un véritable sanctuaire ornithologique, elle permet l’observation de plus de 520 espèces d’oiseaux, représentant plus de 30 % du total au niveau national.

L’abondance en ressources naturelles n’a pourtant pas pu permettre aux habitants locaux de mener une vie décente pendant des générations. Il y a à peine quatre ans, M. Mi était encore chauffeur poids lourds. Il a vu sa santé se détériorer sous l’effet du stress consécutif aux longues heures de travail.

L’apparition d’une néo-profession en lien avec la mise en valeur du patrimoine et le développement des loisirs verts a fini par changer la donne. En 2018, son village s’est embarqué dans le tourisme ornithologique. M. Mi est ainsi devenu guide et chef de l’étang aux oiseaux n° 7 de Sanhe. Ses services comprennent la restauration, l’hébergement, l’installation d’appareils photo, la préparation des sacs à dos, l’interprétation-traduction, la vulgarisation scientifique, la formation, etc. Rien que sur la période octobre-novembre 2019 (haute saison de l’année), il a gagné 20 000 yuans (3 094 dollars), équivalant à son revenu annuel du passé.

Son succès est loin d’être un cas isolé. Le village compte désormais 15 étangs et 45 guides, qui sont tous sortis du seuil de pauvreté. Mais à l’origine, la population locale se montrait incrédule à l’égard de ce métier émergent, comme l’atteste la remarque de M. Mi à l’époque : « Des oiseaux, j’en vois plein depuis mon enfance. Mais en quoi pourraient-ils nous rapporter de l’argent ? »

La Réserve naturelle nationale de la montagne Gaoligong permet l’observation de plus de 520 espèces d’oiseaux. (CNSPHOTO)

Évolution des mentalités

Zhang Chaojiang, du Bureau des sciences et technologies de la préfecture et rattaché au village pour la réduction de la pauvreté, est à l’origine de cette idée. Il n’a pas tardé à dissiper leurs doutes en organisant une visite collective dans le village de Baihualing, à Baoshan, située également dans la Réserve de la montagne Gaoligong. De fait, celle-ci avait déjà senti le bon filon de ce marché de niche. Pour preuve, le festival international qui s’y est tenu pendant trois années consécutives depuis 2016 a attiré l’attention des observateurs d’oiseaux du monde entier. M. Zhang, lui-même passionné de photographie, a eu un aperçu de ce que pourrait être le futur de son village lors d’une sortie à Baihualing en 2016.

L’aboutissement de son projet aurait été impossible sans le financement de Yuan Kaiyou, homme d’affaires engagé dans le tourisme au Zhejiang avant de revenir à Sanhe en 2007 pour développer sa région natale. Ils ont convenu de la mise en place d’un système d’affectation d’un certain nombre de visiteurs à chaque guide local en fonction de leurs besoins, permettant à tous de profiter du développement du secteur de manière équitable. Selon leurs calculs approximatifs, un touriste dépense facilement 200 à 300 yuans (31 à 46 dollars) par jour pour le gîte, le couvert et d’autres services liés à l’observation des oiseaux.

La visite de Baihualing a fini par convaincre l’ensemble des habitants du village de Sanhe du potentiel de ce secteur, porté par la prise de conscience croissante de la beauté et de la fragilité de la biodiversité chez la population. Pour mettre toutes les chances de son côté, Sanhe s’est enfin décidé à ouvrir les portes de sa « vallée des oiseaux » en 2018.

Entre janvier 2019 et septembre 2020, celle-ci a accueilli 4 360 visiteurs d’origines diverses, avec un revenu total de plus de 200 000 yuans (30 940 dollars). La commercialisation des produits agricoles locaux (champignons sauvages, miel, herbes médicinales, etc.) a aussi le vent en poupe grâce à l’essor du tourisme.

Les mentalités des habitants par rapport aux volatiles ont ainsi fini par évoluer. Les oiseaux sont désormais considérés comme une source de revenus non négligeable, comme une poule aux œufs d’or dont il faut bien prendre soin. Aujourd’hui, plus de 1 300 habitants du village sont des ornithologues amateurs. « Que quelqu’un ose venir chasser les oiseaux du village, et tout le monde lui tombera assurément dessus sans attendre », plaisante M. Zhang.

La chaîne de valeur du tourisme ornithologique ne se limite pas au village de Sanhe mais couvre désormais tous les villages du bourg de Luzhang. Dans les années à venir, M. Zhang prévoit d’étendre cette expérience à des bourgs voisins.

 

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