Le Hunan se prépare à maximiser les opportunités économiques et commerciales avec l’Afrique lors de la deuxième édition de l’EECSA.

Un exposant ghanéen présente des petits djembés aux visiteurs de son stand lors de la première édition de l’EECSA, le 28 juin 2019.

Avec pour thème « Nouveau départ, nouvelles opportunités et nouvelles réalisations », la deuxième Exposition économique et commerciale sino-africaine (EECSA) se tiendra du 26 au 29 septembre à Changsha (Hunan), lieu permanent de cet événement qui se déroule tous les deux ans.

L’édition 2021 inclura 12 forums thématiques et des entretiens de coopération économique mettant en avant les domaines clés et émergents de la coopération sino-africaine, tels que les produits agroalimentaires, la santé et la médecine, les infrastructures et les chaînes industrielles.

Les expositions se tiendront au Centre international des expositions et des congrès de Changsha, ainsi qu’au Marché Gaoqiao, troisième plus grand marché de gros de Chine. L’Algérie, l’Éthiopie, le Kenya, le Rwanda, l’Afrique du Sud et le Sénégal seront les invités d’honneur de l’événement de cette année, tandis que les provinces chinoises du Zhejiang et du Jiangxi seront spécialement mises en avant pour l’occasion.

COVID-19 oblige, l’EECSA se tiendra simultanément sur site et en ligne. Les invités se trouvant hors de Chine seront invités à assister à la cérémonie d’ouverture et à certains forums via liaison vidéo et les expositions seront également disponibles en ligne.

Mbelwa Kairuki, ambassadeur de Tanzanie en Chine, fait partie des diplomates invités sur place. Son seul regret, que les entreprises africaines, groupe cible important de l’EECSA, subissent les contraintes de la pandémie et ne puissent pas faire le déplacement. L’événement ne sera pas aussi animé que la première édition. Toutefois, il estime qu’il est important de perpétuer ce dispositif de coopération gagnant-gagnant entre la Chine et l’Afrique.

La coopération croissante entre la Chine et l’Afrique est une raison importante pour laquelle la province du Hunan a décidé de maintenir l’événement malgré la pandémie, selon Shen Yumou, cadre du secrétariat du Comité d’organisation de l’exposition et secrétaire du groupe des membres du Parti dirigeant du Département du commerce de la province. La coopération sino-africaine a été durement touchée par la pandémie en 2020, mais a connu une forte reprise lorsque la situation s’est améliorée.

« La reprise a montré la résilience et la vitalité de la coopération sino-africaine et la nécessité de développer la coopération entre les entreprises chinoises et africaines. Nous sommes confiants quant au bon déroulement de l’événement », indique M. Shen à CHINAFRIQUE.

Un soutien sans faille

Hall d’exposition permanent dédié à la Zambie. (COURTOISIE)

En tant que principal organisateur de l’exposition, la province du Hunan n’a pas ménagé ses efforts pour assurer le succès de l’événement. Le gouvernement provincial a organisé de nombreuses conférences de promotion dans des villes importantes du pays, telles que Beijing et Guangzhou, et a ajouté un nouveau site, le Centre international des conférences de Changsha.

Le gouvernement mise beaucoup sur l’impact de cette nouvelle édition de l’EECSA, une fois celle-ci terminée. De nouvelles initiatives ont été mises en place à cet effet au Marché Gaoqiao, situé dans l’arrondissement de Yuhua à Changsha, site annexe de l’exposition.

Le marché compte plus de 8 000 vendeurs proposant environ 1,7 million de produits. Au début de l’année, le parc d’innovation pilote pour la promotion de la coopération économique et commerciale sino-africaine a été inauguré et accueille désormais environ 200 entreprises spécialisées dans le commerce sino-africain.

Pendant l’événement, le marché lancera officiellement des halls d’exposition permanents spécifiques à chaque pays, qui mettront en lumière les pays africains et les marques africaines, en présentant une sélection de secteurs et de produits spécifiques. Actuellement, les halls d’exposition de huit pays africains, dont l’Éthiopie, le Kenya et la Zambie, ont été autorisés par leurs ambassades respectives en Chine.

Conscient de l’importance de l’image de marque dans la promotion des produits africains, encore peu connus en Chine, le marché a lancé une initiative visant à incuber les marques africaines. Le marché présentera 100 produits africains de marque, dont 60 pour le café, 30 pour les noix et 10 pour d’autres produits agricoles.

La diffusion en ligne sera également exploitée pour étendre la visibilité des produits africains grâce au centre de diffusion en direct dédié à l’e-commerce Chine-Afrique, installation spécialement conçue pour la promotion des produits africains. Quelque 62 activités de diffusion en direct sont prévues, incluant la présence d’influenceurs, d’opérateurs de réseaux multicanaux et d’étudiants africains en Chine, chargés de faire la promotion de produits africains sur les principales plateformes d’e-commerce afin de booster les ventes.

Le marché ouvrira son propre système de vente en ligne et hors ligne dédié aux produits africains et appellera les revendeurs implantés sur le marché à inviter les acheteurs de tout le pays à venir y faire des affaires. « Nous estimons que l’EECSA attirera plus de 100 000 acheteurs », confie Liu Yajuan, vice-présidente du marché.

Des bénéfices concrets

Piments séchés du Rwanda. (COURTOISIE)

Pour James Kimonyo, ambassadeur du Rwanda en Chine, la bonne nouvelle du moment est l’arrivée, le 4 août, de 200 kg de piments séchés rwandais au Hunan. Une grande première pour ce produit.

Le diplomate attribue ce succès à la première édition de l’EECSA en 2019 où des accords préliminaires avaient été conclus entre entreprises chinoises et rwandaises concernant l’importation de 50 000 tonnes de piments séchés rwandais sur le marché chinois pour une période de cinq ans.

Suite à la signature de ces accords, le gouvernement rwandais avait soumis une demande concernant l’exportation de ce produit agricole en Chine. En raison de sa nature de produit dérivé de plantes soumis à des exigences douanières strictes, le piment séché n’était auparavant importé qu’en provenance de sept pays par la Chine, premier consommateur mondial de nourriture épicée.

Les douanes hunanaises ont traité le dossier de ce produit agricole rwandais de manière proactive : après un examen minutieux, y compris une inspection sur place, le piment séché rwandais a été validé, devenant le premier produit agricole africain à accéder au marché chinois.

Pour la deuxième édition de l’EECSA, l’ambassadeur rwandais est convaincu que le moment est venu de présenter davantage de spécialités de son pays. Il a assisté à la conférence de promotion de l’EECSA à Guangzhou le 29 juillet où il a prononcé un discours, exprimant le soutien résolu des pays africains à cet événement. Selon lui, il s’agit d’une plateforme efficace, mettant en contact entreprises africaines et chefs d’entreprise chinois afin de nouer des partenariats commerciaux.

« La conclusion d’un contrat ou d’un accord est l’assurance que les commerciaux et les agriculteurs peuvent poursuivre leur activité professionnelle », confie-t-il à CHINAFRIQUE.

L’ambition du Hunan

Concernant son rôle dans les interactions Chine-Afrique, la province du Hunan voit bien plus loin que le simple fait d’être le lieu permanent de l’exposition. Des initiatives sont mises en place pour faire d’elle un centre pionnier dédié à la coopération économique sino-africaine.

En septembre 2020, le projet visant à établir une Zone pilote de libre-échange dans la province a été approuvé et la Zone pilote pour une coopération économique et commerciale approfondie Chine-Afrique a été lancée dans ce cadre.

Le projet de la Zone pilote prévoit également la construction de centres d’importation, de transformation et de distribution de produits agricoles africains, tels que le café, les noix et le cacao.

À l’instar des piments séchés du Rwanda qui seront désormais disponibles sur le marché chinois, le rôle de ces centres sera de contribuer à y introduire d’autres produits africains, tels que l’anchois kenyan, le bœuf ougandais et l’agneau malgache.

Parmi les autres projets en cours de construction, citons un centre de logistique et de ressources humaines, des centres de promotion et de recherche sur la coopération économique et le commerce avec l’Afrique, ainsi que le Centre du RMB transfrontalier, proposant des services d’accompagnement aux entreprises souhaitant s’impliquer dans la coopération sino-africaine.

Depuis le lancement de la Zone pilote, le Hunan a fait de la promotion de la coopération sino-africaine une priorité absolue et met en commun les ressources de toute la province à cette fin. Des parcs industriels et autres installations axés sur la coopération économique et commerciale Chine-Afrique sont en cours de construction dans des villes comme Shaoyang, Yueyang et Liuyang. Dans le parc industriel de Yueyang établi plus tôt cette année, les importations de produits africains tels que le mica, le caoutchouc naturel et le bois, ont atteint 740 millions de yuans (114 millions de dollars) au cours du premier semestre.

La province vise désormais plus haut. « L’exposition servira de vitrine à l’ensemble du pays et à l’Afrique pour faire connaître la Zone pilote du Hunan et y centraliser toutes les ressources touchant de près ou de loin à l’Afrique », envisage M. Shen.

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