Les investissements directs à l'étranger (IDE) sortants de la Chine ont connu des débuts tardifs par rapport aux autres pays du monde. Selon le Bureau national des statistiques, les flux nets d'IDE sortants ont fortement augmenté, de 2,7 milliards de dollars en 2002 à 196,15 milliards de dollars en 2016, occupant 13,6 % du total mondial. Ces dernières années, les IDE sortants chinois se maintiennent entre 140 et 160 milliards de dollars. Dans une interview accordée à CHINAFRIQUE, He Zhenwei, secrétaire général de l'Association chinoise pour le développement des entreprises à l'étranger (ACDEE), partage son point de vue sur les IDE sortants chinois. 

La construction d’une centrale photovoltaïque engagée par des entreprises chinoises au Zimbabwe achevée en mars.  

Un développement rapide 

Entre 1978 et 2000, la Chine s'est principalement concentrée sur l'absorption des investissements étrangers. Suite à la mise en œuvre de la « Go Out Policy », stratégie adoptée en 2000, les grandes entreprises d'État ont d'abord joué un rôle de premier plan en la matière, car elles disposaient de ressources économiques et humaines plus importantes que les PME. Les projets liés à l'énergie, élément essentiel pour la productivité nationale, étaient les principaux investissements chinois effectués hors du pays. Néanmoins, au fil du temps, les IDE sortants du secteur privé ont dépassé ceux des entreprises publiques et leurs investissements ont touché un éventail de secteurs plus large, tels que les services, la fabrication et les industries légères. 

La « Go Out Policy » est favorable au renforcement du développement et de l'image de marque des entreprises. Le groupe Haier, l'un des plus grands fabricants d'appareils électroménagers et électroniques de Chine, a déployé son expansion à l'étranger depuis 1989. En 2006, l'entreprise a lancé une nouvelle stratégie pour renforcer sa marque à l'échelle mondiale et a établi des usines et des centres de recherche à l'étranger. Elle est désormais connue sur les marchés étrangers pour ses produits de haute technologie et devance la plupart de ses homologues internationaux en matière de recherche et de développement de produits. 

La mondialisation économique en plein essor permet aux pays de se lier de plus en plus étroitement, il est donc impossible pour un seul pays de se développer de manière isolée. Le nouveau paradigme de développement chinois de la double circulation met l'accent sur l'importance des marchés intérieur et extérieur qui se renforcent mutuellement, le marché intérieur étant le pilier central. Ce dernier ne doit cependant pas être considéré comme un simple retour à une économie repliée sur elle-même. 

La Chine n'aura pas d'autre choix que de respecter son engagement d'ouverture et s'efforcera de promouvoir un développement coordonné associant la demande intérieure et extérieure, des importations et des exportations, ainsi que des investissements entrants et sortants. 

Des industries prometteuses 

La Chine s'est engagée à atteindre un pic des émissions de CO₂ avant 2030 et la neutralité carbone avant 2060, deux objectifs ambitieux exigeant une bonne gouvernance environnementale mondiale, des percées dans les technologies en termes d'énergies nouvelles et des ajustements de la structure énergétique. En parallèle, la protection de l'environnement et l'atténuation du changement climatique sont des questions d'intérêt commun pour tous les pays. De nombreuses opportunités s'ouvrent pour les entreprises chinoises investissant à l'étranger dans les nouvelles sources d'énergie, telles que les énergies photovoltaïque et éolienne. Par ailleurs, la pandémie de COVID-19 a libéré le potentiel de certains secteurs, notamment l'e-commerce transfrontalier. 

Une logistique fiable est primordiale pour le commerce, comme en témoigne le récent blocage du canal de Suez, rappelant l'importance de la gestion de la chaîne d'approvisionnement. Par conséquent, le transport multimodal de marchandises par voie maritime et voie ferrée doit être mis en place. Il est également important pour les entreprises chinoises d'e-commerce d'investir dans la chaîne d'approvisionnement au niveau international, notamment en construisant des centres de distribution. 

Des résultats gagnant-gagnant 

Les investissements chinois dans les pays africains et les autres pays participant à l'initiative « la Ceinture et la Route » s'avèrent efficace concernant le partage des technologies. En plus de trouver un nouveau foyer pour leurs technologies existantes, les entreprises chinoises investissant à l'étranger font également progresser des technologies entièrement nouvelles dans le processus. 

Inspirée par l'initiative « la Ceinture et la Route », la coopération en matière de capacités industrielles sur les marchés tiers constitue une autre tendance émergente, impliquant la coopération économique entre les entreprises chinoises et les entreprises d'autres pays sur le marché d'un pays tiers. Ainsi, les compétences sont mises en commun afin de promouvoir l'amélioration des industries, des infrastructures et des moyens de subsistance de la population dans les pays tiers. La Chine a signé ce type d'accords de coopération avec 14 pays, dont la France, le Japon, l'Italie et le Royaume-Uni. 

Plateformes et entreprises 

Les entreprises chinoises doivent comprendre comment obtenir des informations précises sur les marchés cible et comment se sensibiliser aux risques avant de se lancer à l'international. C'est souvent la partie la plus difficile. Des plateformes et des organisations facilitant une communication efficace sont ainsi nécessaires. 

Chaque année, l'ACDEE organise la Foire chinoise pour l'investissement des entreprises à l'étranger, créant une plateforme de partage d'informations pour les entreprises chinoises et les gouvernements étrangers. En 2020, les ambassadeurs de 31 pays y ont participé et les hommes d'affaires chinois ont pu les consulter directement. Les événements multilatéraux tels que le Forum économique mondial de Davos, en Suisse, et le Forum de Boao pour l'Asie, dans la province insulaire chinoise de Hainan, jouent un rôle similaire. Les investisseurs et les parties en quête d'investissements se rencontrent lors de ces rassemblements pour discuter de questions d'intérêt commun, contribuant à relever les défis mondiaux. 

Ces plateformes permettent également aux entreprises de partager des informations utiles et des expériences vécues. 

Des défis à relever 

Alors que la COVID-19 continue de sévir dans le monde et que le protectionnisme international s'accroît, les IDE sortants chinois sont confrontés à de nombreux défis, notamment les restrictions sur la circulation mondiale des personnes. Dans une même volonté, la Chine et d'autres pays s'efforcent de résoudre ces problèmes. 

De nouveaux types de coopération doivent être conçus pour contrer le protectionnisme économique en général ainsi que les différends commerciaux spécifiques. La guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis a eu un impact considérable sur la coopération pour les entreprises des deux pays. Si les États-Unis ont augmenté les droits d'importation sur des produits importés de Chine, ils ne l'ont pas fait pour les produits de nombreux autres pays, ce qui a laissé la possibilité aux usines des entreprises chinoises dans ces pays d'exporter leurs produits vers les États-Unis. 

Toutefois, nous finirons bien par avoir le dessus sur la COVID-19. Une fois la pandémie maîtrisée, toutes les nations se concentreront sur la reprise économique, en stimulant la demande du marché et des projets. Les entreprises chinoises devront se tenir prêtes à saisir ces opportunités.  

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