Les exportations de café ougandaises augmentent à mesure que l’industrie se tourne vers le marché chinois

La culture du café en Ouganda stimule les exportations.

Lors de la Conférence Afrique-Chine sur la réduction de la pauvreté et le développement de 2019, qui s’est tenue en novembre de l’année dernière en Ouganda, les délégués ont eu la chance de déguster un produit bien local. En effet, le café tant apprécié par les participants pour son arôme inimitable, était fait à partir de grains produits sur place.

La conférence, à laquelle ont participé plus de 20 délégués chinois et des centaines d’autres venus de divers pays, a assuré un approvisionnement constant en café pendant les deux jours de l’événement.

Le café a été largement apprécié pour son goût mémorable, de nombreux délégués souhaitant le commercialiser à leur retour dans leur propre pays. « Nous avons donné [des échantillons de] café aux délégués non seulement pour qu’ils en profitent, mais aussi comme une stratégie de commercialisation du café ougandais. Nous avons encore besoin de plus de parts de marché pour notre café dans leurs pays », a déclaré le ministre ougandais de l’Agriculture, de l’Industrie animale et de la Pêche, Vincent Ssempijja, lors de la conférence.

Selon M. Ssempijja, les exportations de café ont considérablement augmenté ces dernières années en raison d’une augmentation de la production, d’une amélioration de la qualité et d’une commercialisation sans relâche.

Principale culture commerciale

Le café est la principale culture commerciale en Ouganda depuis les années 60. Le pays est le plus grand exportateur de café d’Afrique, suivi de l’Éthiopie et de la Côte d’Ivoire, affirme l’Uganda Coffee Development Authority (UCDA), selon laquelle plus de 600 000 familles dépendent de la production de café dans le pays.

L’UCDA a déclaré qu’au cours des 20 dernières années, environ 80 % du café ougandais était destiné à l’Union européenne, alors que 20 % était exporté vers le Soudan. Depuis environ cinq ans, de plus en plus de café est expédié vers les pays asiatiques, y compris la Chine.

Le 25 mai 2020, le ministère de l’Agriculture, de l’Industrie animale et de la Pêche de l’Ouganda a publié un rapport indiquant que les exportations de café au cours des quatre derniers exercices financiers ont augmenté de 17 %.

Le rapport, intitulé État de la mise en œuvre des engagements du Manifeste NRM dans le secteur agricole 2016-21, précise que les exportations de café sont passées de 3,56 millions de sacs au cours de l’exercice 2015/16 à 4,17 millions de sacs en 2018/19, soit une croissance de 17 %.

Le gouvernement a également généré davantage de revenus suite à l’augmentation des exportations. La valeur du café exporté a augmenté de 18 %. Elle est passée à 416,2 millions de dollars au cours de l’exercice 2018/19, par rapport à 351,53 millions de dollars en 2015/16.

Le rapport explique que la production totale de la récolte de café au cours des quatre dernières années a également augmenté de 56 % pour s’élever à 6,95 millions de sacs au cours de l’exercice 2018/19, par rapport à 4,46 millions de sacs en 2015/16.

« L’augmentation de la production et des exportations de café est due au programme gouvernemental de lutte contre la pauvreté mis en œuvre par le National Agricultural Advisory Service (NAADS). Cela s’avère être une initiative réussie », a affirmé la ministre du Commerce, de l’Industrie et des Coopératives Amelia Kyambadde à CHINAFRIQUE.

Selon Laura Walusimbi, la porte-parole de l’UCDA, cette augmentation de la production de café fait en sorte qu’il est devenu nécessaire de chercher de nouveaux marchés. À ce titre, l’Asie est un continent de choix.

Au sujet de la hausse des exportations de café de l’année dernière, Mme Walusimbi a précisé qu’il s’agissait du volume d’exportation le plus élevé que l’Ouganda n’ait jamais enregistré dans son histoire. Ce record s’explique par les campagnes massives de plantation que l’UCDA et d’autres parties prenantes ont mises en œuvre.

Marchés asiatiques

Il y a quelques années, l’Ouganda a commencé à exporter son café vers la Chine, mais pour ce faire, elle devait relever un défi de taille : une culture bien établie de consommation de thé dans ce pays.

Le 21 septembre de l’année dernière, des responsables de la Bourse internationale du café du Yunnan ont effectué une mission d’enquête de sept jours en Ouganda. Leur but : identifier la meilleure façon pour s’associer à l’UCDA et promouvoir le café ougandais sur le marché chinois.

Basée dans la province du Yunnan, dans le sud-ouest de la Chine, la Bourse internationale du café du Yunnan est une entreprise publique dont l’objectif principal est de promouvoir le développement de l’industrie du café en Chine. La bourse s’occupe du stockage, de la vente aux enchères et du commerce électronique du café.

Des discussions sur différents aspects du commerce du café ont eu lieu entre le Premier ministre ougandais Ruhakana Rugunda, qui a signé un accord de coopération dans le domaine du café avec l’UCDA, et Cao Ronggen, qui dirigeait la délégation chinoise de la Bourse internationale du café du Yunnan.

« La culture du café en Ouganda est tout à fait unique du point de vue environnemental. Il est rare de trouver une région productrice semblable à l’Ouganda dans le reste du monde », a déclaré M. Cao.

Mme Walusimbi a déclaré qu’en mai 2020, l’Ouganda avait exporté 3 800 sacs de 60 kg de café vers la Chine. En moyenne, entre 1 et 2 % des exportations de café ougandaises sont destinées à la Chine chaque année. Selon elle, l’UCDA a mis en place un bureau de promotion du café au sein du Consulat général ougandais à Guangzhou, en Chine, qui, avec les initiatives de la Bourse internationale du café du Yunnan, devrait augmenter les exportations vers la Chine.

Lutter contre la pauvreté

« Les familles [d’agriculteurs] qui possèdent des plantations de café vivent une vie assez confortable parce qu’elles gagnent périodiquement de l’argent grâce à leur café », a expliqué Mutwalubi Kasabuli, responsable du développement du café dans le district d’Iganga, dans l’est de l’Ouganda.

Des agriculteurs locaux à l’instar d’Ambrose Musaki ont déclaré qu’il avait commencé à cultiver du café il y a quatre ans après avoir reçu des plants gratuits de la part du gouvernement.

« Avant de commencer à cultiver du café, la vie n’était pas facile. Je n’avais pas d’argent pour payer les frais de scolarité de mes enfants. J’avais également du mal à obtenir de l’argent pour acheter des vivres et satisfaire mes besoins de base. Mais maintenant, je gagne assez d’argent avec le café pour résoudre tous mes problèmes », s’est réjouie Mme Musaki.

Les marchands de café profitent aussi des retombées bénéfiques. Rogers Amuge va de village en village dans l’est de l’Ouganda où il achète du café aux agriculteurs et le transporte vers les usines pour le transformer. Ce faisant, il réalise des profits intéressants.

« J’aime mon travail. J’achète un kilogramme de café brut à 1 500 shillings (14 dollars) aux agriculteurs et je le vends à 1 900 shillings (environ 18 dollars) aux usines, où il est transformé pour l’exportation », a précisé M. Amuge.

Le Président ougandais Yoweri Museveni a toujours affirmé que cultiver le café était un bon moyen de lutter contre la pauvreté. « Je conseille à chaque famille de cultiver au moins une acre de café, car il s’agit d’un des moyens d’éliminer la pauvreté au niveau familial », a déclaré le Président lors des célébrations de la fête de l’indépendance du pays, le 9 octobre de l’année dernière.

Pour vos commentaires : liuwei@chinafrica.cn

(Reportage d’Ouganda)