Sannie Chinyadza est étudiante en deuxième année à l'Université des sciences et techniques de la Chine du Sud à Guangzhou, dans la province du Guangdong, dans le sud de la Chine. Bien qu'il lui reste encore deux ans à faire avant d'obtenir son diplôme, elle a tout de même entrepris de se rendre à un salon de l'emploi destiné aux étudiants africains. La jeune Zimbabwéenne cherche à obtenir des informations sur le marché du travail afin de mieux se préparer. Elle espère rentrer au pays une fois son diplôme en poche.

« Je cherche à acquérir une certaine expérience de choses que nous (les Zimbabwéens) pouvons reproduire chez nous. Nous avons beaucoup à apprendre de la Chine, qui est un pays plus développé, et ainsi se mettre à l'œuvre chez nous en tant que jeunes », a-t-elle expliqué à CHINAFRIQUE.

Sannie fait partie des quelque 300 jeunes Africains venus au salon de l'emploi. Plus de 30 entreprises du Guangdong investissant en Afrique ont recruté des talents africains sur place. Ces emplois couvrent divers domaines, notamment la médecine, l'énergie électrique, l'innovation scientifique et technologique, les machines et les équipements, la pétrochimie et les véhicules à moteur.

« Ce salon de l'emploi répond à deux besoins. D'une part, les entreprises chinoises peuvent dénicher des talents africains qui injecteront une force nouvelle dans leurs projets et investissements sur le continent. D'autre part, pour les étudiants africains en Chine, ces entreprises sont une opportunité de stage et d'emploi », a souligné à CHINAFRIQUE Lin Yi, vice-président de l'Association du peuple chinois pour l'amitié avec l'étranger.

Le Guangdong, première destination 

L'économie privée du Guangdong est active et la région se trouve être l'une des premières de Chine à avoir répondu à l'initiative « la Ceinture et la Route ». L'Afrique, ayant une place importante dans l'initiative, est devenue l'un des premiers choix pour les entrepreneurs cantonais. Selon les chiffres de la douane, le commerce d'importation et d'exportation du Guangdong avec l'Afrique est passé de 2,81 milliards de dollars en 2003 à 38,66 milliards de dollars en 2018, représentant 19 % du commerce total sino-africain. Jusqu'à l'année dernière, le Guangdong a créé près de 300 entreprises en Afrique.

Parallèlement, les échanges culturels entre le Guangdong et les pays africains se multiplient. Jusqu'en 2019, la province s'est jumelée à 12 villes dans huit pays africains et a signé des mémorandums de coopération amicale avec 12 ONG dans dix pays du continent. « Le Guangdong est une destination de choix pour les étudiants et travailleurs africains », s'est exprimé Ouyang Jiangxuan, vice-président de l'Association du peuple chinois pour l'amitié avec l'étranger de Guangdong. Près de 4 000 étudiants du continent étudient dans les universités de la province. Grâce au développement commercial et culturel, ce salon leur offre une multitude de possibilités.

Guangzhou Fekonmotor, entreprise de motos créée en 2005, a lancé ses activités en Afrique en 2010. Lors du salon, la société a recruté sept talents africains pour des postes de directeur marketing, de comptable, de vendeur et d'interprétateur. « Nous souhaitons que ces étudiants apprécient leur métier et nos produits. L'une des priorités de notre entreprise est d'aider nos employés à améliorer leurs compétences professionnelles. Par conséquent, tant qu'ils sont disposés à apprendre, ils sont les bienvenus », a indiqué à CHINAFRIQUE Zou Sheng, HR Manager de l'entreprise.

Ce type de salon organisé pour les étudiants africains n'est pas une première. Le premier a eu lieu à Beijing en novembre 2017, durant lequel environ 1 000 étudiants de 52 pays africains ont soumis leur curriculum vitae en ligne. 400 ont participé à l'événement et 66 entreprises chinoises ont pourvu près de 500 postes en Afrique.

Les étudiants africains au salon de l’emploi à Guangzhou, le 5 décembre. (Photo : COURTOISIE)

Relever les défis ensemble 

L'Afrique compte 1,3 milliard d'habitants, dont 20 % d'entre eux sont âgés de 15 à 24 ans. D'ici 2025, les jeunes Africains représenteront un quart de la jeunesse mondiale. Le taux de chômage important du continent, atteignant les 60 %, oblige les dirigeants à prendre des mesures pertinentes permettant aux jeunes de recevoir une éducation et une formation professionnelles.

En 2018, le gouvernement sud-africain a lancé un plan de service pour l'emploi des jeunes. Dans ce cadre, les entreprises mettront en place des stages rémunérés d'un an pour les jeunes de 18 à 35 ans, avec un salaire minimum de 252 dollars par mois. Ce plan a reçu un retour positif de certaines grandes entreprises sud-africaines. Le gouvernement kényan travaille également avec la Banque mondiale pour mettre en œuvre le plan d'opportunité pour l'emploi des jeunes Kényans (2016-2021). L'objectif est de proposer des formations à l'emploi et des stages à 280 000 jeunes. Les principaux bénéficiaires sont âgés de 18 à 29 ans et sont sans emploi.

Avec la promotion conjointe du Forum sur la Coopération sino-africaine et de l'initiative « la Ceinture et la Route », la coopération économique et commerciale sino-africaine ne cesse de s'intensifier. Selon les données du ministère chinois du Commerce, jusqu'à fin 2018, la Chine a créé plus de 3 700 différents types d'entreprises en Afrique. La coopération sino-africaine a apporté une contribution chinoise à la résolution du problème de l'emploi en Afrique.

Jeremy Stevens, économiste du Standard Bank Group en Afrique du Sud, affirme que la Chine a entrepris de nombreux projets en Afrique et qu'elle y a créé plus d'emplois que tous les autres pays du monde. Selon lui, les investissements chinois sur le continent sont principalement concentrés dans les industries à forte intensité de main-d'œuvre. D'autre part, la création d'emplois est prioritaire pour les investissements étrangers considérés par les pays africains. Les entreprises chinoises sont très disposées à embaucher des Africains. Un rapport de la Banque mondiale montre que 93 % des entreprises chinoises au Kenya recrutent des employés africains.

Actuellement, des entreprises chinoises préfèrent également coopérer avec les universités chinoises et les associations de commerce pour offrir aux diplômés africains en Chine des possibilités d'emploi et des formations professionnelles. Dans le même temps, cela aide ces entreprises à trouver des talents africains appropriés, accélérant ainsi le processus de localisation.

« C'est donc un processus gagnant-gagnant », a conclu Mme Lin.

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