Nairobi, la capitale du Kenya, s'est lancée dans la construction d'une ville intelligente avec pour objectif de devenir un modèle pour les autres villes d'Afrique. (HELLORF)

Le complexe « Jardin d’éden » est situé au cœur de la Zone de coopération économique et commerciale de Jinfei, une réalisation pilotée par la Chine dans l’ouest de l’île Maurice. Les cérémonies de mariage qui y sont organisées sont d’un charme et d’un romantique à couper le souffle. Les éléments triangulaires et symétriques qui dominent l’endroit s’accordent bien avec les multiples fonctions du complexe, servant de galerie d’art, de salle d’exposition, de salle de noce, de karaoké, de cinéma, de salle de spectacles et de divertissement en plein air.  

Inaugurée en octobre 2018, la zone Jinfei est la première ville intelligente développée à Maurice dans le cadre d’un partenariat avec la Chine. En 2014, le gouvernement de Maurice a mis en place le programme de villes intelligentes, une ambitieuse initiative de développement économique visant à consolider le pôle financier en créant des conditions idéales pour travailler, vivre et stimuler les investissements à travers l’île.   

Le rêve de Maurice de disposer de sa propre ville intelligente s’est maintenant concrétisé. Cela a été rendu possible grâce à la mobilisation stratégique de capitaux, aux avancées technologiques et au partage des compétences de la Chine.   

Expériences chinoises   

Parmi les Mauriciens, le nom « Jinfei » est bien connu. La zone d’une superficie totale de 211 hectares se situe à 3,5 km de Port-Louis, capitale de Maurice. Il s’agit de l’une des huit premières zones de coopération économique et commerciale outremer agréées par le ministère chinois du Commerce.  

Jusqu’à présent, la ville intelligente de Jinfei est le premier et unique projet de ville intelligente pilotée par la Chine sur le continent africain. « La ville est axée sur le secteur tertiaire, comme la finance, le tourisme et la logistique. L’investissement total dans la zone Jinfei s’élevait à environ un milliard de dollars, ce qui est l’un des plus grands projets avec des investissements chinois à Maurice », a déclaré Yang Changhe, directeur général de la zone Jinfei.    

En plus des infrastructures, la technologie joue également un rôle essentiel dans la mise en place d’une ville intelligente. L’entreprise chinoise Lighthouse Network Technology, dont le siège est situé à Maurice, a jumelé plusieurs technologies numériques lors de la construction de la ville intelligente.   

« Nous avons utilisé le cloud computing, l’Internet des objets, les mégadonnées, l’Internet mobile, et bien d’autres technologies essentielles. L’Afrique est un continent en pleine croissance et l’Internet+ est intégré dans de nombreux secteurs. Il est nécessaire d’inclure directement les technologies les plus récentes et les plus matures dans tous les projets à un moindre coût », a déclaré Guan Rong, président de Lighthouse Network Technology, lors des Africa Investment Meetings, tenus le 22 octobre à Beijing. 

« Au cours des quatre dernières années, le développement des villes intelligentes en Chine est en plein essor. Par exemple, le district de Tongzhou à Beijing a également adopté une plateforme d’applications à technologie numérique jumelée. Nous voulons appliquer notre expérience à la construction de villes intelligentes africaines en fonction des besoins locaux », a-t-il indiqué à CHINAFRIQUE.   

Actuellement, de plus en plus d’entreprises chinoises dans le domaine des technologies de l’information et des communications participent à la construction des villes intelligentes africaines. En 2018, le géant chinois des télécommunications Huawei a confirmé l’introduction d’un financement global de 1,5 milliard de dollars destiné à soutenir le développement des infrastructures des villes intelligentes, une attention particulière étant accordée aux projets en Afrique.   

Huawei a une riche expérience en la matière, notamment en ce qui a trait à la résolution des embouteillages à Hangzhou (est de la Chine). Sur le continent, Huawei a déjà déployé des technologies intelligentes dans certaines villes du Kenya, du Nigeria et du Botswana. Récemment, la société continue de promouvoir les villes intelligentes en Afrique en axant sur le renforcement de la durabilité environnementale.   

Selon Adam Lane, directeur principal des affaires publiques chez Huawei (Kenya), les technologies intelligentes peuvent être utilisées par les villes africaines pour mieux contrôler l’utilisation de leurs ressources environnementales, en plus d’améliorer leurs communications et leur sécurité publique.   

Une meilleure urbanisation   

Selon l’ONU, l’Afrique affiche actuellement des taux d’urbanisation rapides. Sa population totale devrait atteindre 2,4 milliards d’habitants au cours des prochaines décennies. Les experts voient les villes intelligentes comme une solution pour mieux faire face à cette urbanisation accélérée.   

« Le concept de villes intelligentes jouera un rôle crucial dans la révolution urbaine et l’urbanisation de l’Afrique », a déclaré le Président rwandais Paul Kagame à Doha, lors du salon Smart City Expo en octobre de cette année.  

En fait, les villes intelligentes s’épanouissent sur tout le continent, comme l’illustrent Eko Atlantic à Lagos, au Nigeria ; Hope et King City au Ghana ; Vision City à Kigali, au Rwanda ; la ville technologique de Konza, le nouveau pôle technologique du Kenya, et la ville Waterfall en Afrique du Sud.   

Et la tendance se poursuit. « Le 7 octobre, devant les dirigeants de l’UA, notre société a officiellement lancé cinq projets de villes intelligentes dans cinq villes africaines. J’espère que les entreprises chinoises pourront également participer à ces projets », a déclaré Reda Rami, président de Winvestnet, une plateforme technologique dédiée à l’investissement africain, lors des Africa Investment Meetings.   

« Le projet est ouvert à tous les investisseurs. Cette fois-ci, on se concentre sur la Chine, parce qu’on sait qu’elle a déjà un savoir-faire, et que le niveau de maturité des investisseurs chinois a atteint un niveau lui permettant de s’installer au Maroc et d’exporter vers les pays africains », a affirmé à CHINAFRIQUE Mahassine El Rhermoul de l’Agence marocaine de développement des investissements. Selon elle, une délégation marocaine a visité la Chine il y a quelques années, visitant des villes intelligentes et des zones logistiques.   

« Pour encourager les entreprises chinoises à investir et à venir en Afrique, on a organisé ce forum – les Africa Investment Meetings – rassemblant toutes sortes d’entreprises chinoises dans les domaines tels que les infrastructures, la finance, la technologie et la construction. C’est un projet intergouvernemental, avec un partenariat public-privé, qui devrait prendre cinq ans », a expliqué Reda Rami.   

LLVision, une entreprise chinoise dans le domaine de l’intelligence artificielle, a signé un contrat stratégique avec Winvestnet. « L’année dernière, nos produits sont entrés sur le marché africain. Cette année, on a réalisé une avancée relativement importante. Nous avons une coopération en Zambie, au Congo, au Ghana, au Kenya, en Afrique du Sud, au Maroc et en Égypte, tant au niveau du gouvernement que des entreprises.  Winvestnet a d’ailleurs acheté certains de nos équipements destinés à la construction de la ville intelligente au Maroc », a lancé à CHINAFRIQUE, Lucia Lu, responsable des ventes internationales de LLVision. 

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