Apprécier la qualité de vie 

 Ce changement s’exprime tout particulièrement dans l’évolution des habitudes en matière de dépenses. « La tendance du marché corrobore la théorie selon laquelle de plus en plus de retraités sont prêts à payer pour des voyages organisés haut de gamme, des services de santé et des produits adaptés à leurs besoins personnels », affirme Li Dayan, qui est confiant dans le futur de l’économie des séniors et a investi fortement dans ce secteur.   

Les grands-mères qui dansent sur les places publiques, comme Liu Shuhui, sont perçues comme une porte d’entrée pour tirer profit de l’économie des séniors. Les entreprises, comme les agences de voyage, les commerçants et les banques, tentent ainsi de mettre à profit ces habitudes en matière d’achat et de vendre leurs produits ou services.    

Un rapport publié en 2016 par Ctrip, une agence de voyage basée à Beijing, sur le marché des voyages pour les séniors de Chine montre que les retraités chinois partent en moyenne quatre fois par an en voyage, dépensant à chaque fois 4 000 yuans (630 dollars). Près de 15 % d’entre eux tendent à choisir des croisières, un pourcentage qui dépasse largement celui des autres groupes démographiques. Désormais, les séniors chinois optent également pour des voyages sur mesure coûteux, avec des ventes dans cette catégorie multipliées par cinq en 2016.    

Les dépenses quotidiennes pour vivre et se divertir, ainsi que les achats de produits financiers, ne constituent que la partie visible de l’iceberg en ce qui concerne les dépenses des personnes âgées. Les soins infirmiers et médicaux pour personnes âgées sont ainsi des secteurs qui attirent d’importants investissements, notamment grâce à la série de mesures de soutien adoptées par le gouvernement au cours des cinq dernières années. Pour les personnes âgées, notamment celles souffrant de maladies chroniques ou perdant la capacité de prendre soin d’elles-mêmes, les besoins en soins journaliers, en soins médicaux et en rétablissement sont impératifs. Cependant, il existe actuellement un fossé extrêmement important entre l’offre et la demande.  

Pour pallier à cela et répondre à la diversité des demandes, le gouvernement a explicitement permis en 2013 aux entreprises privées, incluant les entreprises étrangères, d’investir dans le secteur des soins gériatriques et les autres secteurs connexes. Depuis, le gouvernement a également adopté des mesures favorables en matière d’accès au marché, de finance, de taxation et d’utilisation des terrains.     

Une vision à long terme 

Malgré l’importance de ce potentiel inexploité, le secteur balbutiant des soins infirmiers est aussi menacé par les risques à l’investissement, du fait de l’absence de modèles éprouvés de rentabilité. « La gestion de maisons de retraite et d’institutions de soins gériatriques - notamment en ce qui concerne les établissements haut de gamme - nécessite un investissement important et sur le long terme pour soutenir le marché. », explique Yu Wenxin, une spécialiste du marché de la santé chez Haitong Securities.    

Hu Chi, un chercheur au Centre de recherche de la Commission de contrôle et d’administration des biens publics du Conseil des affaires d’État, partage cet avis et affirme que le secteur privé a un rôle à jouer dans le fossé entre l’offre et la demande, soulignant la nécessité pour une entreprise prospère de comprendre ses responsabilités sociales, lorsqu’elle opère dans ce secteur.   

Li Dayan pense que les investisseurs doivent regarder la situation sur le long terme : « Je suis confiant dans la rentabilité du secteur des services sur mesure, qui répondent à une demande considérable des personnes âgées en soins infirmiers, en divertissement et en accompagnement. » Au final, les services de qualité seront la clé, ajoute-t-il.    

Pour Hu Chi, il est impératif pour cela de former des professionnels de haute qualité spécialisés dans les soins infirmiers et les services connexes, mais également d’améliorer le système de paiement et de bénéfices, afin de retenir les personnes employées dans ce secteur. 

Pour vos commentaires : houweili@chinafrica.com