Des engagements respectés
Les Etats–Unis ont exercé une pression constante sur le gouvernement chinois pour qu’il ouvre son marché au monde extérieur. Pour mieux se fondre dans la vague de la mondialisation, la Chine avait présenté en 1986 une demande officielle au GATT – le précurseur de l’OMC – pour retrouver son statut de partie contractante et a réformé ses entreprises d’Etat dans les années 1980, aux dépens d’un grand nombre d’ouvriers qui se sont retrouvés au chômage.
Pour entrer à l’OMC, la Chine a dû surmonter d’incroyables barrières et des chocs immenses en raison des produits importés des Etats–Unis. La pratique consistant à faire usage de la notion de pays de substitution pour les plaintes anti–dumping à l’encontre de la Chine – conçue pour protéger les intérêts des pays occidentaux – est passée de 5 à 15 ans. En résumé, la Chine a fait des concessions énormes pour adhérer à l’OMC.
En vertu du protocole d’adhésion à l’OMC, la Chine a ouvert davantage son marché et réduit les droits de douane après son adhésion en 2001. Un certain nombre d’entreprises américaines qui ont investi en Chine ont depuis réalisé des bénéfices, y compris les entreprises détenues par l’actuel président Donald Trump.
En matière de relations commerciales sino–américaines, les déficits commerciaux américains doivent être imputés à la propre idéologie de Washington. Sur la carte de la division internationale du travail, la Chine a tendance à proposer des produits à faible valeur ajoutée et des produits transformés à partir de marchandises importées. Les Etats–Unis proposent des produits de haute technologie. Cependant, en réalité, en prétextant d’assurer leur propre sécurité, les Etats–Unis ont érigé des barrières commerciales, alors que la Chine est restée ouverte pour exporter vers les Etats–Unis. Le résultat, c’est que Washington a engrangé un déficit commercial. Beijing a pu obtenir par d’autres pays les produits pour lesquels les Etats–Unis avaient imposé des restrictions. Sans les restrictions américaines basées sur l’idéologie, ce serait la Chine qui afficherait un déficit commercial.
La mondialisation est un courant historique irréversible. La décision américaine de réduire sa dépendance à l’égard du mécanisme de règlement des différends de l’OMC montre que Washington est résolu à ignorer les jugements de l’OMC qui lui sont défavorables. Les systèmes commerciaux multilatéraux, représentés à l’OMC, fournissent une garantie saine au développement ordonné et stable du commerce mondial. Au cours des 70 dernières années, les systèmes commerciaux multilatéraux ont rendu le commerce international plus libre et plus pratique. Durant la crise financière, particulièrement, ces systèmes ont joué un rôle crucial pour réduire le protectionnisme et encourager la reprise économique mondiale en surveillant de manière effective les tendances des membres en matière de politique commerciale et en réglant les différends commerciaux.
Contrairement aux Etats–Unis, la Chine a une attitude ouverte à l’égard du monde extérieur. Dans son rapport d’activité du gouvernement présenté lors de la session annuelle de l’Assemblée populaire nationale le 5 mars, le premier ministre Li Keqiang a souligné que la Chine devait offrir un environnement plus favorable aux affaires pour les investisseurs étrangers et aider à la libéralisation et à la facilitation du commerce international et des investissements. Le rapport indique aussi qu’une mission importante du gouvernement cette année consistera à amender le Catalogue des secteurs pour orienter les investissements étrangers afin d’assouplir le contrôle des investissements étrangers dans des secteurs comme les services, la fabrication et les mines.
Les entreprises étrangères seront soutenues pour émettre des obligations, être cotées dans les bourses chinoises de Shanghai et de Shenzhen et participer aux programmes scientifiques et technologiques chinois à l’échelle nationale. Elles bénéficieront aussi des mêmes avantages que leurs homologues chinoises dans le cadre de la stratégie « Made in China 2025 ». Elles pourront aussi soumissionner aux appels d’offre publics sur un même pied d’égalité. De plus, le rapport stipule que la Chine va résolument faire progresser la coopération économique mondiale, protéger le statut des systèmes commerciaux multilatéraux et participer aux négociations commerciales multilatérales.
Les Etats–Unis disent qu’ils veulent préserver la justice dans le commerce. Si c’est une façade pour le protectionnisme, toutes les parties concernées en subiront les conséquences néfastes. Si des membres choisissent d’enfreindre les règles de l’OMC au nom de leurs propres intérêts, refusant d’appliquer les décisions de l’OMC pour résoudre les différends, le système commercial multilatéral va s’effondrer. Dans le pire des cas de figure, une guerre commerciale pourrait éclater comme dans les années 1930 et l’histoire a montré que les guerres commerciales ne font que des perdants.
