J'étais en Thaïlande pendant les congés de la Fête du Printemps quand la nouvelle de la propagation du nouveau coronavirus en Chine a fait la une. Il me restait encore une semaine avant de retourner à Beijing le 1er février et l’inquiétude croissante de ma famille et de mes amis me rendait nerveuse.

Des amis et collègues chinois étaient restés en contact constant avec moi, me tenant au courant de l'évolution de la situation, mais je ne pouvais m’empêcher de ressentir de l’appréhension vu le battage médiatique. Au moment où j’allais embarquer pour Beijing, je me demandais si je ne faisais pas une grosse erreur.

Dans un supermarché de Chongqing (ouest) le 5 février 2020. (Photo : Xinhua)

Après l’atterrissage, on a pris ma température et le personnel médical est monté à bord pour inspecter l’appareil avant de nous laisser débarquer. Je suis arrivée chez moi dans l’arrondissement central de Xicheng en un temps record, les routes étant désertes. A l’entrée de ma résidence, deux personnes du comité de quartier ont voulu savoir si j’étais allée à Wuhan, l’épicentre de l’épidémie, dans la province centrale du Hubei. Ils ont pris ma température, m'ont demandé comment je me sentais et m'ont dit de les contacter en cas de problème, ce que j’ai apprécié.

Je savais déjà que les autorités avaient demandé aux gens de rester chez eux et de réduire au maximum les déplacements, de porter un masque et de se laver les mains régulièrement. Sans savoir à quoi m'attendre, je me suis aventurée au supermarché, normalement bondé le samedi, mais étrangement désert ce jour-là.

Les rayons étaient bien achalandés : il ne manquait de rien et les prix étaient à peu près les mêmes. Les gens étaient amicaux et calmes. J’ai alors commencé à me détendre, toutes les nouvelles que j'avais entendues hors de Chine se révélant fausses.

Les autorités avaient prolongé les congés de la Fête du Printemps et demandé aux entreprises qui le pouvaient de faire travailler leurs employés à domicile. J’en faisais partie, et ma routine quotidienne s’est rapidement adaptée.

Je sortais tous les deux jours pour me ravitailler et à chaque fois, il y avait un peu plus de gens dans les rues. Des voisins ont pris de mes nouvelles, et une chute de neige inattendue a donné à la ville une touche réconfortante.

Pendant mon absence, la Chine avait commencé la construction de deux hôpitaux à Wuhan qui ont été achevés la semaine de mon retour. Comment était-ce possible ?

Le président Xi Jinping a affirmé que la priorité pendant la crise était la vie et le bien-être des gens, et je commençais à m’en apercevoir. La Chine est capable de mobiliser les ressources du pays pour résoudre un problème, car le socialisme à la chinoise peut faire des miracles.

Par exemple, une grande partie des frais médicaux a été supprimée pour encourager les gens à se faire soigner. Au 6 février, environ 9,5 milliards de dollars avaient été alloués à la prévention et au contrôle de l’épidémie. La production de masques et de fournitures de protection médicales 24 heures sur 24 a en outre été facilitée. Les hôpitaux publics et privés, les hôtels et autres lieux du Hubei sont utilisés pour la quarantaine et soigner les patients infectés. L'envoi de personnel médical de toutes les régions de Chine s’effectue de manière coordonnée.

Le gouvernement a par ailleurs annoncé la suspension du paiement des échéances de crédits hypothécaires et de prêts durant la période où les gens ne travaillent pas. Il a interdit aux compagnies aériennes et aux chemins de fer de facturer des frais pour modification et annulation et annoncé des sanctions sévères pour quiconque augmentait les prix ou stockait des marchandises.

Je vivais aux Etats-Unis pendant la pandémie de sida dans les années 1980. L'administration de Ronald Reagan avait ignoré cette crise pendant des années et stigmatisé les victimes de cette maladie mortelle au lieu de les aider. Quand les compagnies pharmaceutiques ont commercialisé des médicaments des années plus tard, leur cherté a condamné à mort la plupart des malades. La course aux profits a laissé un champ de ruines. A New York où j'habitais, les grandes tempêtes de neige ont suscité de très fortes hausses du prix du gaz et de l’alimentation. Chaque hiver, des gens mouraient de froid parce qu'ils n'avaient pas les moyens de se chauffer tandis que des milliers d’autres, principalement des malades et des personnes âgées, mouraient de la grippe.

En Chine, la bataille efficace, rapide et solidaire contre le virus m’a cependant apaisée. J’ai une confiance pleine et entière sachant que le gouvernement chinois fait passer les gens avant les profits.