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Une course contre la montre |
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Li Qing · 2020-02-19 · Source: Beijing Information | |
Mots-clés: Zhang Dingyu; nouveau coronavirus; Chine |
Alors que des cas similaires commençaient à être rapportés à Wuhan, Zhang Dingyu, le directeur de l’hôpital, était en état d’alerte : ses décennies d’expérience clinique lui disaient qu’il ne s’agissait pas d’une maladie infectieuse ordinaire. Il ordonna le transfert des patients dans une unité d’isolement et après examen de leurs symptômes et analyse des résultats, il réalisa que la situation était pire qu’il l’avait imaginée. Le matin suivant, il déploya d’urgence davantage de personnel médical dans deux nouvelles zones séparées, admettant plus de 80 patients. Pendant plus d’un mois, plus de 600 travailleurs médicaux, dont lui-même, ont multiplié les heures supplémentaires à l’hôpital : « Nous devons gagner du temps et guérir le plus de patients possibles », explique-t-il.
Peu de personnes savent qu’il s’agit également d’une course contre la montre pour ce directeur d’hôpital de 57 ans, qui est atteint de sclérose latérale amyotrophique (SLA), un trouble neurologique également connu sous le nom de maladie de Charcot. Pour ne pas affecter le travail de ses collègues dans une période aussi critique, Zhang Dingyu n’avait pas annoncé sa maladie et ses difficultés à marcher étaient mises sur le compte d’un problème au genou. Seul Wang Xianguang, un autre membre du Comité de direction de l’hôpital, avait été mis dans la confidence.
Le 24 janvier, 150 travailleurs médicaux de l’Université de médecine militaire de Chongqing ont été déployés en renfort dans l’hôpital, suivis d’une équipe de 136 personnes venues de Shanghai pour prendre en charge certaines unités. Leur aide est arrivée à point nommée. Cela a permis de soulager la pression sur le personnel de l’hôpital et Zhang Dingyu a ainsi pu dévoiler son état de santé à ses collègues. Dire la vérité lui a permis de se sentir mieux. « Je veux aussi dire à tous que si chacun prend ses responsabilités et repousse ses limites, il est possible de faire avancer les choses », explique-t-il.
L’intensité du travail a aggravé l’état de santé de Zhang Dingyu et ses muscles se sont atrophiés. « J’ai désormais besoin de mes collègues pour mettre ma combinaison de protection, car j’ai du mal à lever les jambes », note-t-il. Malgré tout, il a demandé à Wang Xianguang de le laisser travailler à l’hôpital. « Il dit que le temps lui est précieux et qu’il veut faire davantage de choses utiles dans le temps qui lui reste », explique ce dernier.
Zhang Dingyu a été en première ligne de nombreuses urgences médicales, incluant le séisme de Wenchuan (Sichuan) en 2008 et des missions de secours médical à l’étranger, notamment en Algérie et au Pakistan. Il aime travailler avec ses collègues et espère qu’il pourra continuer aussi longtemps que possible. Néanmoins, il sait aussi que la maladie de Charcot est une épée de Damoclès, qui lui laisse au mieux dix ans à vivre. Malgré cette réalité brutale, Zhang Dingyu garde une attitude positive. Ses dernières années seront confinées dans un fauteuil roulant ou un lit et il veut vivre pleinement le temps présent.
Le 13 janvier, sa femme, qui travaille dans un autre hôpital de Wuhan, a développé les symptômes du coronavirus. L’estimant entre de bonnes mains, Zhang Dingyu a choisi de rester avec ses collègues pour lutter contre l’épidémie. « Peut-être suis-je un bon docteur, mais pas un bon mari ? », se demandait-il. En voyant les souffrances des patients atteints du virus, Zhang Dingyu était inquiet pour sa femme et craignait de la perdre. Heureusement, celle-ci s’en est sortie.
Grâce aux efforts de l’ensemble du personnel médical, plus de 70 patients ont pu guérir et sortir de l’hôpital Jinyintan. Pour son dévouement à son travail et sa contribution dans la lutte contre l’épidémie de nouveau coronavirus, le Département des ressources humaines et de la sécurité sociale et la Commission provinciale de la Santé du Hubei ont décerné à Zhang Dingyu la médaille du mérite.