|
|
|
|
Michael Hermann : le combat d'une vie contre la pauvreté en Chine |
|
Wei Hongchen · 2020-05-14 · Source: Beijing Information | |
Mots-clés: Michael Hermann; lutte contre la pauvreté; Chine |
Michael Hermann avec ses collègues du xian de Zhenkang dans la province sud-ouest du Yunnan. (Photo gracieusement fournie)
Michael Hermann, originaire de Dortmund, alors en République fédérale d’Allemagne, avait décidé dès 18 ans de devenir volontaire international. Depuis 2005, il travaille en Chine dans la lutte contre la pauvreté et les maladies dans les provinces du Yunnan et du Sichuan, ainsi que dans la municipalité de Chongqing, dans le sud-ouest de la Chine, en tant que représentant de la Fédération des associations connectées au mouvement international Humana People-to-People (FAIHPP) en Chine.
Au fil des années, M. Hermann a enseigné diverses techniques de plantation aux agriculteurs chinois, diffusé des connaissances sur la prévention du VIH/Sida et collecté des fonds pour aider les enfants pauvres des zones rurales à accéder à l’éducation préscolaire. Il a même appris le mandarin et peut désormais le parler couramment. Les Chinois le surnomment le « bienfaiteur fou », faisant allusion à l’Homme qui voulait déplacer les montagnes, une célèbre fable chinoise. La montagne de M. Hermann, c’est la pauvreté.
La FAIHPP est une organisation internationale à but non lucratif basée en Suisse qui apporte son aide aux programmes liés à l’éducation, aux soins de santé et au développement rural en Europe, en Asie, en Afrique et dans les Amériques. En Chine, l’organisation a déjà mis en place à ce jour 17 programmes au Yunnan, au Sichuan et à Chongqing.
Un parcours professionnel hors du commun
M. Hermann est né en 1957. Issu de la classe moyenne allemande – son père était médecin et sa mère enseignante – il a toujours été considéré comme un rebelle. Jeune, il manifestait contre la guerre au Viet Nam et s’intéressait aux mouvements de libération nationale en Afrique ainsi qu’à l’épisode de la Longue Marche en Chine. Après le lycée, il n’a pas voulu aller à l’université et a refusé de faire son service militaire - ce qui était obligatoire – ne voulant pas rejoindre une armée responsable de deux guerres mondiales.
Poursuivi par la justice, il a finalement persuadé les juges de lui permettre de se porter volontaire dans un hospice local au lieu de faire l’armée. C’était la première fois qu’il faisait du bénévolat. Les 18 mois qu’il a passés dans cet hospice ont changé le cours de son existence et il est devenu volontaire international peu de temps après.
« J’aime la liberté, l’équité et la philanthropie. Mon père voulait que je devienne médecin comme lui, mais je voulais faire quelque chose pour contribuer à la paix, faire du bénévolat dans le monde et aider les gens des villages les plus pauvres à se débarrasser de la pauvreté », explique-t-il à Beijing Information. M. Hermann s’est rendu dans 44 pays et a travaillé dans 35 d’entre eux, sa rencontre avec la Chine débutant dans les années 1980.
La Chine l’a toujours inspiré, remarque-t-il. « Surtout l’inscription sur la Porte de la Paix céleste à Beijing qui proclame ‘Vive la grande union des peuples du monde’, illustrant l’esprit d’internationalisme du peuple chinois. »
Il a étudié le chinois à l’Université Fudan de Shanghai de 1987 à 1989, se montrant curieux de tout dans ce vaste pays. Chaque week-end, il faisait du vélo autour de Shanghai et c’est à la force des mollets qu’il s’est rendu dans de nombreuses villes du pays, y compris Wuhan, dans la province centrale du Hubei, à plus de 800 km de Shanghai.
En 2005, le Bureau provincial de lutte contre la pauvreté du Yunnan a décidé de coopérer avec la FAIHPP et M. Hermann a fait ses bagages pour le sud-est de la Chine.
Des jardins d’enfants pour lutter contre la pauvreté
Michael Hermann. (Photo gracieusement fournie)
Alors que M. Hermann et son équipe menaient une action de lutte contre la pauvreté dans le xian de Zhenkang, en 2008, ils ont constaté qu’il n’y avait pas d’établissements préscolaires dans les villages, et que les ressources éducatives étaient limitées. Un adulte au moins devant rester à la maison pour s’occuper des enfants et ne pouvant donc pas travailler, le revenu des ménages s’en trouvait considérablement réduit. Ces familles étaient donc prises dans le cercle vicieux de la pauvreté.
Cette année-là, M. Hermann a donc décidé de rompre ce cycle en lançant le programme de jardin d’enfants « Espoir Futur » dans un village de Zhenkang, qui a permis aux deux parents de chaque foyer de travailler pour augmenter les revenus et se tirer ainsi de la pauvreté. Dans le cadre de ce programme, des villageois locaux ont été mobilisés pour rénover une école abandonnée afin d’en faire un jardin d’enfants, tandis que des villageois titulaires au moins d’un certificat du niveau du collège ont été sélectionnés pour enseigner. Les enseignants ont reçu une formation de trois ans dispensée par le responsable du programme et des experts en éducation préscolaire. Chaque classe compte de 15 à 30 enfants âgés de 3 à 6 ans, avec un enseignant à temps plein et un assistant bénévole. Fin 2019, plus de 27 000 enfants pauvres avaient bénéficié de ce programme.
M. Hermann a déclaré à Beijing Information que le programme est primordial puisque les sept premières années de la vie déterminent la confiance en soi, l’imagination et la personnalité d’un individu.
La réduction de la pauvreté doit commencer par un soutien cognitif. L’éducation préscolaire est essentielle pour empêcher la transmission de la pauvreté d’une génération à l’autre et a toujours été une priorité du gouvernement. En 2011, le gouvernement provincial du Yunnan a mis en œuvre son premier plan d’action de trois ans pour l’éducation préscolaire, et avec l’augmentation du soutien financier, le taux de préscolarisation est passé de 37,43 % en 2010 à 84,27 % en 2019. En outre, pour réaliser la couverture complète en jardins d’enfants, le Yunnan a mis en œuvre une mesure appelée « un village, un jardin d’enfants ».
Les autorités accordant plus d’attention à l’éducation préscolaire, M. Hermann privilégie le financement de la formation des enseignants, ainsi que des mesures incitatives et des subventions. « Notre objectif est de ne laisser aucun enfant à la traîne sur le chemin qui mène à la réalisation de leurs rêves », a-t-il confié.
Cette année, la Chine va atteindre son objectif d’éradiquer la pauvreté absolue et de parvenir à l’édification intégrale d’une société modérément prospère. « La Chine atteindra les objectifs de développement durable des Nations Unies avec dix années d’avance », a remarqué M. Hermann.
Ce qui l’a également impressionné, c’est l’augmentation de l’espérance de vie moyenne des Chinois. En 1949, année de la fondation de la République populaire de Chine, l’espérance de vie était inférieure à 35 ans. En 2018, ce chiffre était passé à 77 ans. « Aucun autre pays au monde n’a été en mesure de l’augmenter aussi fortement en si peu de temps. C’est un exploit remarquable », a-t-il noté.
A la question de savoir combien de temps il comptait rester en Chine, il est catégorique. « Pour le reste de ma vie, j’espère jusqu’en 2049, parce que la Chine sera un pays socialiste moderne, prospère, fort, démocratique, culturellement avancé, harmonieux et beau d’ici là. »