Le prochain sommet entre la Chine et l'Union européenne mérite une attention particulière. Il se déroule en effet dans un climat d'inquiétude croissante à l’égard de la Chine après que la Commission européenne et Federica Mogherini, haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, aient formulé 10 actions concrètes dans le document « UE-Chine - Une perspective stratégique » le 12 mars. Après la visite du président Xi Jinping en Italie, à Monaco et en France, la Chine et les dirigeants de l'UE discuteront non seulement de thèmes spécifiques, mais planifieront également l'orientation et les axes de la prochaine phase de coopération Chine-UE.

Le sommet adoptera des mesures pragmatiques, comme la planification et le renforcement de la coopération. L’autre objectif important de la réunion est de répondre positivement aux préoccupations de l’UE.

Les dirigeants français et allemand ont exprimé leur enthousiasme et leur intérêt vis-à-vis de l'initiative de « la Ceinture et la Route » proposée par la Chine. C’est depuis longtemps un élément important de la coopération Chine-UE. L'Italie est devenue le premier pays du G7 à adhérer à cette initiative. La Chine a lancé une coopération pragmatique avec les pays d'Europe centrale et orientale ainsi qu’avec la Grèce dans le cadre de cette initiative. En outre, les pays de l'Europe du Nord ont également manifesté leur intérêt et ont élaboré des projets de coopération potentiels et visionnaires, tels que la « Route de la soie polaire ».

Outre le développement plus ouvert et plus qualitatif de la Chine dans le cadre de « la Ceinture et la Route », la coopération entre les entreprises chinoises et européennes sur les marchés tiers apparaît prometteuse.

Il existe actuellement des signes inquiétants en Europe, ainsi qu’une incohérence, dans l’attitude des dirigeants de l'UE envers la Chine. Le président français Emmanuel Macron s'inquiète ainsi de l'influence croissante de la Chine dans le monde. Certains médias occidentaux ont d’ailleurs qualifié de « peu judicieux » le choix de l'Italie de participer à « la Ceinture et la Route ». Ils n’en comprennent tout simplement pas les principes d'ouverture et de coopération, à savoir la consultation mutuelle, la construction conjointe et le partage. De plus, ils ne veulent pas admettre que l'Italie y a adhéré car cela serait mutuellement bénéfique. Contrairement à ce que beaucoup pensent, la participation des pays européens ne nuira pas à l'intégration ou à l'unité du continent.

L'intégration européenne est en perte de vitesse alors que ses fondements se sont affaiblis. Le phénomène est évident dans des pays comme la France, l'Allemagne, l'Italie et le Royaume-Uni. Les politiques de promotion de l’intégration manquent de vigueur et les dirigeants de l'UE mettent l'accent sur l'unité du bloc.

Dans ce contexte, le document « UE-Chine - Une perspective stratégique » vise à unir l'UE et à faire parler les Etats membres d'une seule et même voix dans les relations avec la Chine. Il s’agit toutefois du goulet d’étranglement diplomatique le plus difficile à surmonter. En raison des intérêts différents des Etats membres, leurs attitudes vis-à-vis de la Chine varient. Les dirigeants européens appellent par conséquent à la cohérence et à la solidarité face à la Chine.

Le moteur de l'intégration européenne émane actuellement en grande partie de l'Europe elle-même. Mais la coopération entre la Chine et l'UE, en particulier le soutien de la Chine, est importante, d'autant plus que le président américain Donald Trump a adopté une attitude hostile à l'égard de l’UE. Le soutien de la Chine favorise la prospérité, la sécurité et la paix en Europe.

Le discours que le président Xi Jinping a prononcé le 26 mars lors de la cérémonie de clôture d’un séminaire sur la gouvernance mondiale, organisé conjointement par la Chine et la France à Paris, était une réponse aux doutes de l'UE sur la Chine. Il a rappelé que la Chine et l'UE sont des partenaires stratégiques globaux qui doivent se faire confiance et coopérer afin de résoudre leurs différends.

Lors du sommet UE-Chine, les dirigeants des deux parties devraient discuter de la coordination de leurs avancées. L'UE attache une grande importance à l'intensification de la réforme et de l'ouverture de la Chine et attend la mise en œuvre des politiques concernées. Les entreprises européennes sont très sensibles aux mesures initiées par la Chine et souhaitent que le pays ouvre davantage son marché et abaisse le seuil pour les investissements étrangers. La récente Loi sur les investissements étrangers votée au cours des « Deux Sessions » a répondu à ces attentes. La Chine devrait faire ce qu’elle a toujours fait, c’est-à-dire élargir le « gâteau de la coopération » pour permettre à l'Europe de tirer davantage parti de la réforme et de l’ouverture du pays.