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Sortir de la pauvreté |
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par Hu Fan · 2019-01-30 · Source: Chinafrique | |
Mots-clés: pauvreté; Chine |
Un village du canton de Derung, près de la rivière du même nom.
Il est 8 h, l’heure du petit déjeuner au centre de soins du village de Lichang, dans le district de Zuoquan, dans la province septentrionale chinoise du Shanxi. Établi en 2014, ce centre propose gratuitement trois repas par jour pour quelque 40 villageois de plus de 65 ans.
À 30 ans, Wang Peng travaille là-bas depuis un peu plus de six mois. Le travail de cet employé du groupe CIPG (China International Publishing Group) basé à Beijing consiste à découvrir les besoins de ces villageois séniors. Wang Peng a été envoyé en mission dans ce village en juin 2018 pour soutenir le travail local de réduction de la pauvreté. Le district de Zuoquan est une région appauvrie de niveau national, qui fut incluse dans un partenariat avec le CIPG en 2002. Depuis, le CIPG a envoyé une trentaine de ses employés dans onze missions pour soutenir le travail de lutte contre la pauvreté.
« La cantine du centre de soins est ouverte toute l’année et le menu est différent chaque jour de la semaine, de façon à ce que les personnes âgées puissent se nourrir convenablement et que leurs enfants travaillant loin n’aient pas à se soucier d’eux », explique Wang Peng à CHINAFRIQUE.
Une aide ciblée
Le village de Lichang, auquel est assigné Wang Peng, se situe à 1 350 m au-dessus du niveau de la mer. Les jours y sont courts en hiver et longs en été, et il n’y a qu’une récolte par an. Le village abrite une population de 386 habitants répartis dans 146 foyers, dont moins de 200 résidents permanents, principalement des personnes âgées.
Les conditions naturelles difficiles et l’absence de jeunes adultes a fait tomber le village dans la pauvreté. Soixante-trois foyers, représentant 181 villageois, ont un revenu annuel par personne inférieur à 2 800 yuans (407 dollars), le seuil national de pauvreté en Chine. Le village n’avait autrefois aucun autre revenu en-dehors des compensations pour la reforestation des terres agricoles, une politique environnementale financée par l’État.
Désormais, le village possède sa propre ferme d’élevage de canards. Une partie de la routine journalière de Wang Peng est de surveiller les conditions de l’élevage. La ferme possède aujourd’hui trois hangars fortement automatisés, abritant chacun près de 30 000 canards. Il s’agit du résultat d’un programme mis en œuvre conjointement par le CIPG et les autorités locales, conformément à l’approche ciblée de réduction de la pauvreté. Cette idée avait été proposée pour la première fois par le Président chinois Xi Jinping en novembre 2013, lors d’une visite à Xiangxi dans la province du Hunan. Elle consiste en l’identification précise des populations en situation de pauvreté et des mesures spécifiques ciblées pour chaque région, chaque village, voire chaque individu dans le besoin.
L’élevage de canards a été choisi pour le village en se basant sur la fraîcheur du climat, qui fournit un environnement propice à l’élevage des canards. Par ailleurs, la localisation et les conditions du trafic routier permettent un transport rapide des canards vers les marchés ciblés.
La ferme d’élevage fournit 9 emplois avec un salaire d’environ 40 000 yuans (5 816 dollars) par an et 15 autres foyers dans l’incapacité de travailler ont été invités à rejoindre le programme en tant qu’actionnaires, avec un prêt de 50 000 yuans (7 270 dollars) des banques locales.
Le concept d’approche ciblée de réduction de la pauvreté a été proposé dans un contexte où, après la sortie de la pauvreté de plus de 740 millions de personnes au cours des 40 dernières années, la poursuite de ce travail devient de plus en plus difficile au fur et à mesure que le nombre de personnes concernées diminue.
« Ce qu’il reste désormais, c’est la partie difficile du travail », explique Liu Yongfu, le directeur du Bureau du groupe dirigeant du Conseil des affaires d’État en charge de la réduction de la pauvreté et du développement.
Aujourd’hui, la ferme d’élevage de canards de Lichang génère un profit annuel de plus de 800 000 yuans (116 000 dollars), dont 35 % sont placés sur le compte public du village, qui fournit un soutien financier pour ceux en ayant le plus besoin. Wang Peng explique que le centre de soins est l’une des initiatives financées par cet argent.
Du bétail dans les paturages de Bijie au Guizhou.
Une promesse tenue
Les efforts du CIPG représentent cette lutte à l’échelle nationale contre la pauvreté, conjointement avec de nombreuses autres organisations en Chine, qu’elles soient centrales ou locales, publiques ou privées.
Sur un terrain en friche à Bijie, dans la province du Guizhou (sud-ouest), une équipe dédiée à la réduction de la pauvreté de l’entreprise Evergrande, qui figure dans le classement Fortune Global 500 et est basée dans la province méridionale chinoise du Guangdong, est en train de construire sa 447e base d’élevage de bétail du Guizhou. Un nouveau lot de vaches Angus pure race importées d’Australie sera élevé à cet endroit.
Pendant plusieurs décennies, Bijie a été l’une des zones montagneuses les plus pauvres de l’ouest de la Chine. Étant donné ses températures et ses riches pâturages, Evergrande a introduit l’élevage de vaches Angus dans l’espoir que cette variété d’importation génère des bénéfices supplémentaires pour la population locale, tout en répondant à la demande croissante de la Chine pour du bœuf de haute qualité.
Evergrande a commencé à s’impliquer dans des initiatives de réduction de la pauvreté en décembre 2015, lorsqu’elle s’est proposée pour aider Dafang, l’un des 10 districts de Bijie, avec un don de 3 milliards de yuans (436 millions de dollars). En mai 2017, l’entreprise a étendu son aide aux 9 autres districts de Bijie et injecté de nouveau 8 milliards de yuans (1,16 milliard de dollars).
En plus de son soutien financier, Evergrande a sélectionné 321 employés du groupe pour former une équipe dédiée à la lutte contre la pauvreté. Son ambition est de sortir de la pauvreté 924 300 personnes pauvres de Bijie d’ici 2020.
Cette collaboration est-ouest dans la lutte contre la pauvreté a débuté en 1996, avec une politique formulée lors de la Conférence du gouvernement central sur la réduction de la pauvreté et le développement, visant à jumeler les zones côtières développées dans l’est du pays et les zones plus pauvres à l’ouest.
Pas de laissés pour compte
Le canton de Derung dans la province du Yunnan (sud-ouest de la Chine) abrite l’ethnie minoritaire Derung depuis de nombreuses générations. Avec une population d’environ 7 000 habitants, les Derung constituent l’un des groupes ethniques les plus petits de Chine. Le canton se situe dans une vallée au cœur de montagnes abruptes et le trafic routier est essentiel pour lutter contre la pauvreté.
En 1996, le gouvernement a construit une route, qui fut un moment l’unique passage reliant le canton au monde extérieur. Cependant, celle-ci n’était ouverte que la moitié de l’année, car de fortes chutes de neige en empêchait l’accès le reste du temps.
Lorsque la route était impraticable, le transport des marchandises dépendait des chevaux. Chaque année, avant que l’accès ne soit fermé, le gouvernement devait organiser des caravanes de chevaux pour transporter les produits de première nécessité dans le canton. Chaque voyage prenait 5 à 6 jours.
Ce problème fut résolu le 10 avril 2014, lorsqu’un tunnel de 6,68 km fut creusé dans les montagnes. Avec l’amélioration des routes, c’est la vie qui s’est améliorée. En 2017, le revenu net par habitant du canton de Derung a atteint 4 959 yuans (722 dollars), soit plus de quatre fois son niveau de 2009.
« Sur la voie vers une prospérité commune, personne ne doit être laissé pour compte », a répété à maintes reprises Xi Jinping aux travailleurs de la lutte contre la pauvreté. Lors du Forum mondial pour la réduction de la pauvreté et le développement en 2015, le Président chinois a annoncé l’objectif d’éradiquer la pauvreté en Chine d’ici 2020.
Le district de Zuoquan a accompli sa mission de réduction de la pauvreté, et sera évalué en mai 2019 par le Bureau du groupe dirigeant du Conseil des affaires d’État en charge de la réduction de la pauvreté et du développement. « Ce que nous devons faire ensuite, c’est développer nos programmes et consolider les résultats de la réduction de la pauvreté », affirme Wang Peng.
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