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Exclusif Beijing Information : interview de Jean-Pierre Raffarin

Liu Ting  ·  2018-04-09  ·   Source: Beijing Information
Mots-clés: Jean-Pierre Raffarin; Forum asiatique de Bo'ao; interview

 

Jean-Pierre Raffarin, ancien premier ministre français et grand spécialiste de la Chine, est présent au Forum asiatique de Bo’ao. Il a accordé dimanche 8 avril dans l’après-midi une interview exclusive à Beijing Information. Il a évoqué des questions d’actualité, notamment les mesures protectionnistes américaines et les attentes à l’égard des Nouvelles routes de la Soie, mais a aussi parlé des transformations en Chine, de l’importance de l’innovation ainsi que du potentiel de coopération entre la Chine et l’Europe pour la croissance mondiale, mais aussi en faveur de l’Afrique. 

  

Beijing Information : Le thème du Forum de Bo’ao 2018 est « Une Asie plus ouverte et plus innovante pour un monde de grande prospérité ». En tant que participant régulier du Forum de Bo’ao, qu’attendez-vous de l’édition de cette année? 

Jean-Pierre Raffarin : Cette année, le contexte international est très difficile. Il y a beaucoup de conflits. Et il est très important que l’on prenne conscience que c’est par la coopération internationale que l’on lutte contre les tensions dans le monde. Et pour ce faire, il est important que le président Xi Jinping puisse mettre son leadership au service d’une vision pacifique du monde. 

  

Beijing Information : En parlant de protectionnisme, le 23 mars dernier, le président Donald Trump a décidé d’imposer des droits de douane sur quelques importations chinoises. Il a pris des mesures similaires le 4 avril entraînant une réaction de la Chine. Que pensez-vous de cette décision de M. Trump et quelle réaction la France, la Chine et l’Union européenne peuvent-elles apporter ?   

Jean-Pierre Raffarin : Nous pensons que cette décision unilatérale n’est pas une bonne façon de gouverner le monde. La gouvernance mondiale doit être un dialogue, un partage, un équilibre. Et ce ne sont pas les décisions unilatérales qui font progresser l’équilibre du monde. Nous pensons que la bonne solution, c’est un dialogue multilatéral. Et c’est ce que le président Macron a dit au téléphone au président Xi Jinping, à savoir que nous devions avoir une réaction groupée de manière à montrer que c’est la dimension multilatérale qui est utile à la paix du monde. 

  

Beijing Information : Selon vous, quels en seront les impacts sur les échanges mondiaux ? 

Jean-Pierre Raffarin : Nous pensons que le protectionnisme a toujours un impact négatif. Et la compétition dans le protectionnisme, l’escalade des mesures, des sanctions, des droits de douane, toutes ces mesures dont le but est de protéger, en fait affaiblissent le commerce mondial et l’économie mondiale. Il suffit de regarder comment la Chine est revenue au premier rang des nations du monde par la réforme et l’ouverture. C’est par son ouverture au monde que la Chine a retrouvé un haut niveau de croissance et un grand niveau de progrès économique, scientifique et social. Et c’est parce qu’il y a cette volonté commune d’avoir des échanges mondiaux renforcés que l’Europe et la Chine aujourd’hui veulent peser sur les décisions américaines pour qu’on revienne à un monde où la coopération équilibrée soit la règle.  

  

Beijing Information : En tant que « grand ami de la Chine », vous avez observé ces quatre décennies de changement. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué ? Quels sont les domaines pour lesquels vous êtes le plus optimiste ?    

Jean-Pierre Raffarin : Ce qui a été marquant, c’est le changement dans les villes chinoises. J’ai connu Shenzhen alors que c’était un village et je vois aujourd’hui des villes comme Chengdu ou Shenyang qui sont devenues très importantes qui ont un impact sur le monde. L’urbanisation a été très impressionnante. Il y a aussi des villes très jolies, je pense à Hangzhou, à Xi’an. Cela a été frappant de voir ce développement. Ce qui est encore plus frappant aujourd’hui, c’est le choix que fait la Chine pour l’innovation, de se dire qu’il faut trouver des solutions d’avenir par l’innovation et de chercher à inventer de nouvelles solutions. De problèmes nouveaux se posent : la pollution, des maladies, et des efforts considérables d’innovation sont nécessaires. Je vois que la Chine, et cela était très clair dans le livre de Xi Jinping « La gouvernance de la Chine », appelle les jeunes à être des innovateurs et qu’ils s’engagent dans des méthodes de travail coopératif tournées vers la recherche, l’innovation, qu’ils n’hésitent pas à voyager à l’étranger, à aller chercher des idées ailleurs, et de faire venir ici des étrangers, d’avoir une attitude très ouverte sur l’exigence de l’innovation. C’est cela le vrai optimisme pour l’avenir, c’est de se dire que l’on a les capacités de trouver des solutions aux problèmes qui nous sont posés. C’est pour cela qu’il faut faire confiance à la jeunesse, car elle trouve des solutions aux problèmes que la génération d’avant quelquefois n’a pas su résoudre.  

  

Beijing Information : Quelles actions concrètes la France pourrait-elle mettre en place pour participer à l’initiative des Nouvelles routes de la Soie et dans quels domaines ?   

Jean-Pierre Raffarin : Le président Macron a pris une position très claire en faveur de l’initiative des Nouvelles routes de la Soie et d’ores et déjà nous sommes au travail en France pour identifier des projets d’infrastructure, industriels et culturels pour les soumettre à nos partenaires afin d’investir ensemble. Nous faisons cela en France, mais aussi au niveau européen. Au mois de juillet, la Commission européenne publiera un texte sur ses souhaits sur cette initiative. Nous sommes engagés dans cette coopération, nous voulons avoir des projets qui sont conformes à nos intérêts, auxquels nous sommes naturellement attachés, qu’on y trouve nos entreprises, qu’on y applique nos règles, avec un certain nombre de sujets que nous voulons proposer, et nous voulons discuter dans ces perspectives pour travailler ensemble. Quelquefois, en Europe, on entend des voix qui s’élèvent pour montrer des craintes, on entend quelquefois des gens qui ont peur de la puissance de la Chine. La Chine a retrouvé au XXIe siècle la puissance qu’elle avait au XVIIIe siècle et donc elle reprend sa place à la table des nations du monde et dans ce contexte, la Chine impressionne beaucoup. Mais nous disons qu’il ne faut pas avoir peur, il faut travailler avec la Chine, coopérer avec la Chine, non seulement sur l’Eurasie – l’Asie centrale et l’Europe – mais aussi sur l’Eurafrique, et là nous pensons qu’il y a beaucoup à faire, de projets à développer, et il faut donc avoir confiance.  

  

Beijing Information : La France a beaucoup de projets en Afrique. Les Nouvelles routes de la Soie unissent la Chine, la France et l’Afrique. Quelles pourraient être les perspectives de coopération entre la Chine, la France et l’Afrique ?  

Jean-Pierre Raffarin : Il y a beaucoup de perspectives de coopération dans les infrastructures, dans les télécommunications évidemment. Mais il y a aussi d’autres sujets que nous pouvons développer comme la formation et l’innovation. Je pense que comme nous faisons aussi le choix de la jeunesse créative en Europe, tout comme la Chine fait le choix de la jeunesse créative, inventive, il faut parler à la jeunesse africaine et lui proposer aussi de participer à cette grande compétition des intelligences dans le monde. Il y a actuellement une jeunesse africaine très nombreuse, très active, et il faut l’inviter à participer çà ce grand chantier de demain qui est d’inventer le futur.  

  

Beijing Information : Quels rôles principaux la Chine, en tant que seconde entité économique mondiale, peut-elle jouer dans les échanges internationaux ?  

Jean-Pierre Raffarin : La Chine peut jouer deux rôles majeurs aujourd’hui. Le premier, c’est de proposer des grands projets, ce que fait le président Xi avec les Nouvelles routes de la Soie, des projets qui font travailler tout le monde, qui sont bons pour la Chine, qui sont bons pour l’Asie, mais qui sont aussi bons pour les autres partenaires. Mais il faut d’abord de la créativité pour les projets, car le monde a besoin de projets. Il faut trouver du travail, de la croissance et il est important que les grandes nations soient celles qui portent le plus les projets et qui lancent les projets. C’est un élément très important. Et puis ensuite, c’est le rôle que la Chine peut jouer maintenant qu’elle a retrouvé sa place au rang des premières nations du monde, d’être un facteur d’équilibre, je dirais même de paix. Pour moi, l’initiative des Nouvelles routes de la Soie est un projet financier, économique et politique, mais c’est avant tout un projet de paix. C’est pour cela qu’aujourd’hui, dans le monde, la Chine doit être une force d’équilibre, d’harmonie. La Chine n’a pas une histoire guerrière, ce n’est pas un pays belliqueux. La Chine défend ses intérêts, ce qui est légitime, elle défend les intérêts de son peuple. Il est important que la Chine soit cette force d’équilibre pour éviter que le monde ne s’égare dans des tensions et dans les reculs. On oublie trop que la guerre est tragique, que les dégâts sont souvent irréparables. Il n’y a pas de développement sans paix. 

  

Beijing Information : Quelles réponses peuvent apporter la Chine, la France et l’Union européenne aux défis actuels ?    

Jean-Pierre Raffarin : La première des choses est de soutenir le multilatéralisme, de soutenir l’ONU, son Conseil de sécurité, de soutenir l’UNESCO, de faire évoluer l’Organisation mondiale du commerce, les accords internationaux. Je pense que le monde aujourd’hui a besoin du G20, de tous ces partenariats où l’on peut discuter. Aujourd’hui, c’est le dialogue qui est la solution. Même quand on est en désaccord, même lorsqu’on a des vues divergentes, il faut accepter de se parler, de trouver des solutions car au fond, seul le dialogue fournit la solution. Autrement on s’engage dans des risques qui sont importants. Je n’aime pas du tout quand M. Trump parle de « guerre économique ». Le mot « guerre » il faut le refuser en toute circonstance et il faut systématiquement trouver les voies du dialogue pour apporter des solutions.  

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