Besoin de progrès équilibré

Il est indéniable que les BRICS s’étendent. L’année dernière, l’économie chinoise a progressé de 6,7 % et l’économie indienne a cru de 6,8 %, portant la croissance moyenne des BRICS à 5,1%, un chiffre plus élevé que la moyenne mondiale de 3,1% selon les données du FMI. Au cours de la dernière décennie, la part des BRICS dans le PIB mondial a augmenté de 12 % à 23 % et les Cinq contribuent aujourd’hui pour plus de la moitié de la croissance de l’économie mondiale.

« Les BRICS continueront à être un moteur de croissance pour l’économie mondiale malgré les difficultés et les défis », a affirmé Xiao Jie, ministre chinois des finances lors de la seconde rencontre BRICS des ministres des finances et des gouverneurs de banque centrale à Shanghai en juin dernier.

Tandis que la Chine jouit d’une base industrielle dynamique et forte, elle est devenue un pays de choix pour les importations des autres pays membres du BRICS, ce qui a évidemment généré un grand excédent commercial avec ces pays. C’est pourquoi, tout en continuant à fournir des produits prisés par les autres nations BRICS, la Chine cherche également à accroître ses importations à travers la plateforme BRICS pour équilibrer ses paiements internationaux.

Le vice-ministre chinois du commerce Wang Shouwen a indiqué plus tôt cette année que la Chine augmenterait ses importations concernant les produits agricoles en provenance du Brésil, le matériel médical de l’Inde, et les produits énergétiques de la Russie. Le vin sud-africain est également le bienvenu en Chine.

Au cours du premier semestre de 2017, les importations de la Chine des pays membres des BRICS s’élevaient à un total de 70,16 milliards de dollars, soit une hausse annuelle de 33%. Durant les prochaines cinq années, il est attendu que ce chiffre atteigne 8000 milliards de dollars. La Chine va également accueillir une exposition internationale d’importations annuelle à partir de 2018 pour permettre une entrée croissante des produits étrangers.

Le Brésil est un bon exemple de l’avantage économique à faire partie des BRICS. Zhou Zhiwei, chercheur en études brésiliennes à l’Académie chinoise des Sciences sociales, explique que l’économie du Brésil a cru en dépit des fluctuations économiques. En 2016, elle comptait parmi les 10 plus grands actionnaires du FMI. Zhou Zhiwei indique que les performances économiques et le statut international du Brésil ont connu une remarquable amélioration au cours de la dernière décennie en partie en raison de sa présence au sein des BRICS.

Durant cette période, la croissance des échanges commerciaux entre le Brésil et les autres membres du BRICS a été plus élevée qu’avec tout autre pays. Même durant la récente récession, le commerce entre le Brésil et ses pairs est resté bon, profitant au commerce extérieur de cette nation d’Amérique latine. En avril, le FMI a haussé ses prévisions concernant le PIB du Brésil pour 2018 de 1,5 à 1,7%.

Outre le commerce et l’économie, la structure des BRICS est importante pour l’amélioration du statut international de ses membres. Selon Wang Lei, Directeur exécutif du Centre de coopération des BRICS à l’Université normale de Beijing, « il est assez difficile pour les BRICS de faire entendre leur voix dans le concert des nations dominé par l’Occident. Leur statut grandira tandis que leurs intérêts convergeront. »

Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi plaide pour un plus grand rôle mondial pour les BRICS. « Les BRICS représentent les économies émergentes, a-t-il dit. Au fil des années, leur fortune a cru ou décru et chacun est face aujourd’hui à des défis. »

« Tel que le Président Xi l’a illustré, les BRICS sont comme les cinq doigts de la main avec leur forces respectives, mais lorsque nous agissons ensemble, nous sommes un poing qui peut cogner. Unis, nous ne perdrons pas en éclat. Au contraire, nous rayonnerons davantage. »

Lors d’un séminaire sur les BRICS à Beijing cette année, Georgy Zinoviev, ministre conseiller de l’ambassade russe à Beijing, a expliqué que les BRICS réalisaient des actions concertées face à de nombreux problèmes politiques et économiques. « Aucun pays au monde ne peut ignorer notre voix et notre volonté commune, » a-t-il ajouté.

Ram Madhav, secrétaire général national de Bharatiya Janata, le parti au pouvoir en Inde, a rendu compte des idées de nombreux participants du Forum des partis politiques, des groupes de réflexion et des organisations de la société civile des BRICS qui s’est tenu en juin dernier à Fuzhou dans le sud-est de la Chine. L’entité des BRICS, a-t-il ajouté, en tant que représentant des pays en voie de développement, devrait sans nul doute jouer un rôle plus grand dans la gouvernance mondiale au cours du 21e siècle.

Evidemment, cela implique d’affronter les défis lorsqu’ils surviennent. La relation bilatérale entre la Chine et l’Inde, les deux économies majeures qui se développent le plus rapidement, a été entachée par un nouveau conflit de frontière initié par le passage illégal de troupes indiennes sur le territoire chinois.

Pourtant, alors que leurs relations restent orageuses, les observateurs des deux côtés disent que les différences bilatérales ne compromettront pas nécessairement la coopération multilatérale, car cette coopération bénéficie à tous.

Lan Jianxue, chercheur de l’Institut chinois des études internationales, affirme que, bien que le conflit porte sur les relations bilatérales il est cependant improbable que la pression bilatérale s’étende au mécanisme multilatéral des BRICS.

Voici un autre défi actuel : outre la Chine et l’Inde, la croissance économique des trois autres membres des BRICS a ralenti. De nouvelles sanctions occidentales ont freiné le rétablissement économique de la Russie. Le Brésil, dont les trois derniers présidents sont accusés de corruption, est plongé dans la tourmente politique. En Afrique du Sud, le pays le plus jeune du groupe des BRICS, le Président Jacob Zuma, pour l’instant maintenu au pouvoir en dépit de tous les votes de défiances tenus au Parlement à son encontre, est toujours hanté par des allégations de corruption.

L’élargissement de cet écart de croissance entre les membres du BRICS eux-mêmes a soulevé des questions quant à l’unité du groupe, et quant à l’existence d’une base de coopération entre eux. Cependant, il existe de nombreux pourparlers sur la meilleure manière de gérer cette situation. M. Ni suggère de chercher de nouveaux modèles de croissance économique, d’entreprendre une réforme structurelle et de rechercher une nouvelle dynamique de croissance. Ainsi, les économies dépendantes des matières premières en particulier pourront surmonter leurs difficultés de croissance. On peut dire avec certitude que l’esprit et la détermination de chercher de nouvelles voies sont présents.

L’industrie du e-commerce chinois, en rapide croissance, peut être un bon point de développement pour la promotion du commerce et de la coopération industrielle dans les BRICS. Les plateformes chinoises du e-commerce ont gagné en popularité dans les autres pays BRICS et de plus en plus de produits des BRICS sont sur les plateformes de commerce en ligne telles que Tmall d’Alibaba.