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La plénitude par le mouvement

Xia Yuanyuan  ·  2021-01-20  ·   Source: Chinafrique
Mots-clés: Taiji Quan; patrimoine culturel immatériel

Le Taiji Quan, art martial chinois ancestral et élégant, est désormais inscrit au patrimoine culturel immatériel mondial et connaît une popularité croissante aussi bien au niveau national qu’international.

Cours de Taiji Quan d’un maître chinois de l’Université Donghua dispensé à des étudiants de l’Université Moi à Eldoret, au Kenya, le 30 mars 2015.

Vêtu d’une tenue de Taiji Quan en soie blanche, Halvin Pierre Junior Bessayi, 23 ans, exécute les séquences fluides de cet art martial traditionnel, donnant l’apparence d’un profond état de méditation.

« Je me sens en harmonie avec la nature et mon entourage », confie-t-il à CHINAFRIQUE.

Étudiant gabonais en Master de diplomatie à l’Université des affaires étrangères de Chine, M. Bessayi s’est familiarisé avec divers aspects de la culture chinoise depuis qu’il vit en Chine, dont le Taiji Quan.

« Dans mon enfance, j’adorais regarder les films d’action et de kung-fu avec pour têtes d’affiche Bruce Lee, Jackie Chan et Jet Li. J’ai toujours eu la curiosité d’en savoir plus sur ces arts martiaux étonnants », continue-t-il.

Ces dernières années, le Taiji Quan, également connu sous le nom de Tai Chi, est devenu une pratique d’exercices physiques bien connue dans le monde entier. Le 17 décembre 2020, il a été ajouté à la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO.

Sur son site Internet, l’UNESCO le décrit comme étant « une pratique physique traditionnelle caractérisée par des mouvements détendus et circulaires associés à un contrôle de la respiration et à l’entretien d’un esprit neutre et droit ».

« J’ai ressenti beaucoup de fierté quand j’ai entendu la nouvelle. Cet ajout [à la liste de l’UNESCO] est d’une grande importance pour la promotion du wushu (arts martiaux), et en particulier du Taiji Quan, au niveau mondial », lance M. Bessayi.

Origine du Taiji Quan

Des enfants en pleine pratique de Taiji Quan à Chenjiagou, au Henan (centre), le 29 juin 2018.

Le Taiji Quan est une division majeure des arts martiaux chinois. Son nom est composé des caractères chinois qui signifient « suprême » (太tai), « ultime » (极ji) et « poing » (拳quan).

Il existe différentes théories sur l’origine de cet art martial. La légende traditionnelle veut que le sage Zhang Sanfeng, de la dynastie des Song (960-1279), ait développé le Taiji Quan après avoir été témoin d’un combat entre un moineau et un serpent.

Une autre théorie remonte au milieu du XVIIe siècle, à Chenjiagou, village du district de Wenxian, au Henan (centre), où on raconte que Chen Wangting, général à la retraite et chef de village, aurait ajouté des éléments de la philosophie chinoise à son entraînement quotidien de kung-fu pour créer le Taiji Quan de style Chen. La croyance populaire veut que de nombreux styles modernes de Taiji Quan soient dérivés du style Chen. Quoi qu’il en soit, Wenxian figure sur la liste des lieux de naissance du Taiji Quan sur le site Internet de l’UNESCO.

Outre le style Chen, les formes de Taiji Quan les plus célèbres pratiquées aujourd’hui comprennent également le style Yang, le style Wu (吴), le style Woo (武) et le style Sun. Ces cinq styles ont la même origine et partagent de nombreuses similitudes. Cependant, chacun d’entre eux possède des caractéristiques uniques et met l’accent sur un aspect particulier du mouvement.

À l’heure actuelle, lorsque l’on évoque le Taiji Quan, on fait généralement référence au style Yang, répandu dans le monde entier et pratiqué par des millions de personnes.

Équilibre entre force et souplesse

M. Bessayi a indiqué que le Taiji Quan était très différent de ce qu’il imaginait avant de commencer sa pratique.

Dans son esprit, le kung-fu chinois est puissant, rapide et agressif, à l’image du tigre, tout en conservant une certaine grâce dans les mouvements et une part de spectacle. Cependant, après son arrivée en Chine et son exploration du campus, il a pu voir des personnes âgées pratiquer le Taiji Quan, suivant une chorégraphie lente et synchronisée.

« Je me suis arrêté pour observer leurs mouvements de plus près. Cela m’a fasciné, et le lendemain au moment de l’inscription, je me suis empressé de me rendre au secrétariat de l’université pour sélectionner cette activité comme cours facultatif », se remémore-t-il. Pour lui, contrairement à l’approche puissante du kung-fu Shaolin, le Taiji Quan se caractérise par une alternance entre des mouvements souples et forts, lents et rapides, et met l’accent sur un corps détendu et un esprit calme.

Les mouvements de base du Taiji Quan reposent sur le wubu (cinq pas) et le bafa (huit techniques) suivis par une série d’enchaînements et d’exercices et par le tuishou (exercices de poussée des mains effectués avec un partenaire).

Influencé par le taoïsme, la pensée confucéenne et les théories de la médecine traditionnelle chinoise, le Taiji Quan est considéré comme un art martial interne, utilisant l’énergie interne (qi), et suivant le principe simple d’« équilibre entre la force et la souplesse ». L’art martial met l’accent sur le cycle yin et yang (symbolisant le négatif et le positif), exprimant le flux continu d’énergie dans un mouvement circulaire qui génère deux forces opposées, le plus et le moins, censées interagir et s’équilibrer l’une l’autre pour donner vie au monde physique et métaphysique.

Une bonne santé mentale et physique

Dans le monde moderne, le Taiji Quan connaît une grande popularité. Nos rythmes de vie sont en effet de plus en plus effrénés, ce qui nous pousse souvent à rechercher une autre voie visant la longévité, la réduction du stress et l’amélioration de la santé par des pratiques physiques mais également spirituelles.

« Dans les grandes villes plus particulièrement, les individus sont constamment sollicités et stressés par le monde extérieur. Ils ont besoin de calme et de détente, et c’est ce que leur apporte la pratique du Taiji Quan. Ces exercices lents ont des effets bénéfiques sur la santé mentale et physique », explique Chen Sitan, fondateur et président de la TCQAA (Tai Chi Qigong Association of America), dans une interview avec Xinhua.

Le Taiji Quan, qui se base sur des mouvements lents et une profonde respiration, présente de nombreux avantages aux niveaux physique et émotionnel, notamment la diminution de l’anxiété et de la dépression et l’amélioration des capacités cognitives. Il peut également aider à gérer les symptômes de certaines maladies chroniques, telles que la bronchopneumopathie chronique obstructive, selon la TCQAA.

En Afrique du Sud, le Taiji Quan fait de nombreux adeptes, tous séduits par ses nombreux bénéfices sur la santé, tels que le renforcement du système immunitaire, la réduction de la pression sanguine, la diminution du stress et l’amélioration de l’équilibre et de la coordination.

Abdul Kader Baynes, président de la South Africa Taiji Quan Authority, a déclaré que la population souffre de plus en plus de maladies chroniques (diabète, etc.), ainsi que de douleurs articulaires, en particulier les jeunes. « Il est essentiel d’apprendre à s’occuper de son bien-être. [Le Taiji Quan] convient vraiment à tout le monde », explique-t-il.

Plus qu’un ensemble de techniques et de prises inspirées des arts martiaux, la discipline comprend également un processus de développement mental.

Pour Moussa Paul Korongo, étudiant malien de 28 ans, la pratique du Taiji Quan est une façon d’unir le corps et l’esprit. « En poursuivant la plénitude du moi à travers le Taiji Quan, je m’améliore en termes de persévérance, de patience et de concentration », dévoile-t-il à CHINAFRIQUE.

En contrôlant à la fois le mouvement et l’immobilité, les mouvements passifs et actifs rapides et lents, les amateurs de Taiji Quan parviennent à cultiver leur esprit et à préserver leur santé physique, affirme l’UNESCO sur son site Internet.

Une porte ouverte sur la culture chinoise

Pour Derrick Okuku, 18 ans, et des dizaines d’autres jeunes de la Children’s Garden Home and School, à Nairobi, capitale du Kenya, le Taiji Quan est l’occasion de découvrir la culture chinoise.

M. Okuku connaissait peu la Chine avant sa rencontre avec son professeur de kung-fu, Li Hao, 22 ans. En 2018, M. Li s’est porté volontaire au sein du groupe TUNZA Africa International Volunteer (TAIV), plateforme d’information compilant des projets de volontariat et des opportunités de stage en Afrique à l’attention des jeunes Chinois. Dès son arrivée à la Children’s Garden Home and School, il a été chargé de préparer un cours pour les jeunes. Ayant pratiqué le Taiji Quan pendant de nombreuses années, il a opté pour l’enseignement de cet art martial.

« Le Taiji Quan est un moyen pour ces jeunes de mieux comprendre la culture chinoise. Il ne s’agit pas seulement d’un sport, c’est aussi une culture et une philosophie incluant l’art de vivre chinois », raconte-t-il à CHINAFRIQUE.

En Tunisie, cet art martial est également un bon moyen de faire découvrir la culture chinoise. À Tunis, Bedis Zouiten est connu comme l’un des plus talentueux professeurs de Taiji Quan en Afrique. Il a acquis ses compétences auprès de disciples de grands maîtres chinois et, depuis plus de 20 ans, il forme des pratiquants dans toute la Tunisie.

« Le Taiji Quan est un art martial interne. C’est un état d’esprit et une source puissante d’inspiration. Il reflète la beauté de la culture chinoise, tout simplement », indique-t-il à CGTN.

Les amateurs sont issus de nombreuses régions et de nombreux milieux sociaux. M. Zouiten est convaincu de diffuser un message de paix par le biais de cet art martial : « Tout homme, femme ou enfant sur Terre peut pratiquer le Taiji Quan. Cette discipline apporte force et confiance en soi. Les adeptes rejettent la violence car ils sont à même de contrôler leur colère par la dissipation de l’énergie négative ».

Un mode de transmission innovant

Dans l’Antiquité, l’héritage du Taiji Quan se faisait strictement par transmission des maîtres aux disciples. De nos jours, la Chine a pris une série de mesures pour favoriser la diffusion de cet art martial.

Le gouvernement et les établissements scolaires ont établi des coopérations pour améliorer la popularité des arts martiaux traditionnels dans le milieu scolaire et universitaire. À l’Université Jiaotong de Xi’an, le Taiji Quan est un cours obligatoire depuis 1998, tout cursus confondu.

Le Taiji Quan est aussi largement diffusé sur Internet. Ye Yongxiang, sixième génération d’héritiers du Taiji Quan de style Yang, a commencé à l’enseigner en ligne afin de partager cet art martial traditionnel avec un maximum de personnes dans le monde.

Née au milieu des années 1980 à Shanghai, elle a appris le Taiji Quan avec sa mère, qui pratiquait les arts martiaux au niveau professionnel. Elle a commencé à s’entraîner officiellement à l’âge de huit ans et a fait preuve d’un dévouement sans faille.

Suivant sa vocation, elle a créé sa propre école de Taiji Quan à Shanghai en 2017. Puisant dans les ressources de la communauté chinoise en pleine expansion sur les réseaux sociaux, elle utilise désormais la diffusion en ligne pour toucher un plus grand nombre de personnes.

Grâce à son langage précis et accessible et à ses démonstrations sous plusieurs angles, Mme Ye est désormais connue sous le nom de « Déesse du Taiji Quan » en Chine. Son compte Weibo dénombre aujourd’hui plus de 70 000 abonnés et ses interventions dans des conférences universitaires en ligne ont attiré des milliers de jeunes vers cet art martial ancien.

Au cours de ses deux décennies d’apprentissage et d’enseignement du Taiji Quan, Mme Ye a observé un changement de mentalité envers le Taiji Quan, qui était auparavant valorisé pour son aspect physique uniquement.

« Le Taiji Quan est tout sauf figé et il continuera à s’adapter au fil du temps. Nous vivons dans un monde où les tentations et les distractions sont nombreuses. Nous devons nous construire une grande force intérieure. Certains peuvent parfois se sentir incapables de faire face à la vie en général. Le Taiji Quan permet de s’épanouir de manière harmonieuse », a-t-elle déclaré à CGTN.

Selon Zhang Shan, ancien vice-président de l’Association chinoise du wushu, le nombre de personnes pratiquant le Taiji Quan en Chine a dépassé les 50 millions en mars 2019, et plus de 150 pays et régions proposent des programmes de Taiji Quan. Cet art martial est pratiqué régulièrement par plus de 150 millions de personnes à l’échelle de la planète.

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