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Protéger son héritage |
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par Christophe Alexandre · 2019-08-26 · Source: Beijing Information | |
Mots-clés: UNESCO; culture; patrimoine; Afrique; Chine |
Dans notre monde interconnecté d'aujourd'hui, force est de constater que la culture a le pouvoir de transformer nos sociétés. Ses diverses manifestations – qui vont de nos précieux monuments historiques et musées aux pratiques traditionnelles et formes d'art contemporain – enrichissent tous les aspects de notre vie quotidienne d'innombrables façons. Le patrimoine constitue une source d'identité et de cohésion pour des communautés perturbées par l'accélération des changements et l'instabilité économique. Le patrimoine participe également à fonder des sociétés du savoir dynamiques, innovantes et prospères. De la Grande Muraille aux majestueuses chutes Victoria, la Chine et l'Afrique collaborent une fois de plus. Mais cette fois-ci pour la sauvegarde de leur héritage.
Les forces en présence
150 participants parmi lesquels des ministres et experts en patrimoine venus d'Afrique, de Chine et d'Europe, ont eu deux jours pour se concerter autour du thème : « Le patrimoine mondial et le développement durable en Afrique et en Chine ».
Le principal dessein du Forum UNESCO-Afrique-Chine a été d'établir une plateforme inclusive et durable pour l'engagement entre les différentes parties prenantes, d'Afrique et de Chine, dont les actions affectent les biens du patrimoine mondial d'une façon ou d'une autre. « Les sites du patrimoine mondial [...] jouent un rôle important dans la protection de la diversité biologique et culturelle, en catalysant les échanges entre civilisations et l'apprentissage mutuel et en favorisant le développement durable », a souligné pendant le forum Shen Yang, ambassadeur et délégué permanent de la Chine auprès de l'UNESCO.
Song Xinchao, directeur adjoint de l'Administration nationale du patrimoine culturel, constate que « l'amitié entre la Chine et l'Afrique a une longue histoire et s'est approfondie avec les interactions fréquentes dans le domaine culturel ces dernières années ». En effet, la Chine a signé avec 52 pays africains des accords de coopération culturelle intergouvernementale et des plans de mise en œuvre pluriannuels, ainsi que des accords avec l'Éthiopie, l'Égypte et le Nigeria pour lutter contre l'entrée et la sortie illégales de vestiges culturels. Elle a coopéré avec l'Afrique dans le cadre de fouilles et de recherches archéologiques dans la région du temple de Karnak, en Égypte, et dans l'archipel de Lamu, au Kenya. La Chine parraine également des professionnels africains qui participent à la formation en créant des bourses d'État.
Un constat alarmant
À ce jour, on ne recense que 95 sites africains, de 35 États parties, inscrits sur la Liste du patrimoine mondial, soit moins de 9 % de tous les biens inscrits. Pourtant, les sites africains représentent un tiers de la Liste du patrimoine mondial en péril. « La faible proportion du patrimoine mondial africain est extrêmement disproportionnée par rapport aux riches ressources du patrimoine culturel et naturel du vaste continent africain », analyse M. Song, ajoutant par ailleurs que la proportion élevée du patrimoine africain en péril indique que la protection du patrimoine mondial de l'Afrique fait face à des défis extrêmement graves.
À ce titre, l'un des enjeux majeurs de ce forum a été d'enrôler, dans le cadre général de la coopération Chine-Afrique, désormais stratégique, les problématiques culturelles africaines, en particulier, les questions relatives à l'éligibilité des dossiers africains dans les lourdes procédures de leur validation par l'UNESCO et la prise en compte des besoins des États africains en matière de formation des personnels qualifiés au service des différents gouvernements.
La Chine, quant à elle, possède 55 biens inscrits sur la Liste du patrimoine mondial, et aucun sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
Les biens africains et chinois représentent des sanctuaires pour une grande partie de la biodiversité mondiale. Les discussions lors du forum ont donc permis la mise en place de programmes d'échanges, de projets pilotes et de recherche communs entre la Chine et l'Afrique.
Les sanctuaires d’oiseaux migrateurs le long du littoral de la mer Jaune et du golfe de Bohai en Chine sont inscrits sur la Liste du patrimoine mondial depuis le 5 juillet. (JI CHUNPENG)
À chaque problème…
L'Afrique et la Chine ont une longue histoire et une culture magnifique. De nombreux patrimoines culturels ont été à l'origine de la civilisation humaine et de son développement. Mais elles sont malheureusement confrontées à de nombreux défis et problèmes en matière de protection de leur patrimoine. « Nous souhaitons renforcer les échanges et la compréhension avec l'Afrique. Fournir un soutien durable à la protection et à l'héritage du patrimoine culturel de chacun », affirme M. Song.
En effet, les biens du patrimoine mondial en Afrique font face à de nombreux défis en lien avec un développement irrégulier, des conflits armés et l'extrémisme violent, des mouvements incontrôlés de populations, le braconnage, une gestion inadaptée et le changement climatique, entre autres. Plusieurs initiatives et activités, fournissant une assistance à la fois financière et technique, ont été menées au cours de ces dernières années afin d'apporter des solutions aux questions liées à la sauvegarde de ces sites. On compte parmi ces efforts de renforcement des capacités à l'exemple des programmes « Africa 2009 » et « Africa-Nature » ou de l'établissement du Fonds pour le patrimoine mondial africain (AWHF). Ces initiatives ont produit des résultats significatifs pour l'Afrique, mais doivent être renforcées.
Depuis 1985, année à laquelle la Chine a ratifié la Convention du patrimoine mondial, le pays a acquis une expérience considérable dans sa mise en œuvre. Au cours de cette même période, la Chine a connu un développement économique soutenu et, de ce fait, a vu son patrimoine culturel et naturel menacé par l'urbanisation rapide, l'expansion sans précédent du secteur du tourisme et d'autres pressions associées à sa croissance économique. Ses défis pour la sauvegarde des sites du patrimoine mondial sont similaires de par leur ampleur et leur nature à ceux rencontrés par l'Afrique.
Sa solution
C'est dans ce contexte que l'UNESCO a collaboré avec les États africains et la Chine pour aboutir lors du forum à l'adoption de recommandations et d'un Plan d'action pour la mise en œuvre de projets conjoints en faveur d'un renforcement des capacités à long terme pour la sauvegarde des biens du patrimoine mondial africain.
Le sous-directeur général pour la culture de l'UNESCO, M. Ernesto Renato Ottone Ramirez, avance : « Pour une meilleure protection du patrimoine culturel et naturel en Afrique et en Chine, il est nécessaire de promouvoir le partage mutuel d'expériences sur les systèmes de gestion traditionnels, la planification des sites, la conservation, l'engagement communautaire et le développement des infrastructures. »
Un mémorandum d'accord a été signé entre l'AWHF et l'Institut de formation et de recherche sur le patrimoine mondial pour la région Asie-Pacifique (WHITR-AP) pour renforcer la sauvegarde du patrimoine. En collaboration avec l'UNESCO et le Centre international d'études pour la conservation et la restauration des biens culturels (ICCROM), ces centres de l'UNESCO aideront à mettre en œuvre les projets énoncés dans le Plan d'action.
« À l'avenir, nous sommes disposés à renforcer les échanges et la compréhension mutuelle avec l'Afrique, à apporter un soutien durable à la protection du patrimoine culturel et à contribuer à la mise en œuvre de la Convention de l'UNESCO sur la protection de la diversité culturelle », conclut M. Song.
Pour vos commentaires : christophe.alexandre@chinafrica.cn
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