Inspiré de l'évacuation de Chinois de Libye en 2011 et du Yémen en 2015, le film raconte les exploits fictifs de Leng Feng, ancien membre des Forces spéciales de l'Armée populaire de libération, pour sauver des ressortissants chinois et des locaux contre des mercenaires et des comploteurs dans un coup d'Etat armé dans un pays africain tout aussi fictif.

Selon Wu Jing, il a vécu plusieurs « première expérience » dans ce film : premier tournage en continu sous l'eau de 160 secondes sans coupure, pendant lequel il a failli se noyer ; première scène de dérapage avec un char d'assaut, pour laquelle il a appris à manœuvrer l'engin dans un vrai camp des Forces spéciales chinoises ; et tournage in extenso de films militaires combinant kungfu, ce qui lui a coûté toutes ses économies. Il a aussi coécrit et produit le film.

Un travail qui paye puisque Wolf Warrior 2 a déjà engrangé 5,5 milliards de yuans (780,4 millions de dollars) 28 jours après sa sortie le 27 juillet. Il est classé parmi les 100 premiers films au box–office mondial sur Boxofficemojo.com, la seule production à gros budget qui ne sorte pas d'Hollywood. Au 18 août, plus de 140 millions de Chinois de la partie continentale se sont rués dans les salles pour voir le film, un record. Wu Jing estime qu'il a eu de la chance. « Quand un film ou une pièce devient un phénomène, c'est une question de chance, pas à cause du créateur », dit–il. Ce n'est pas tout à fait exact. Un casting approprié, des effets sonores et visuels impressionnants, un scénario inspiré de la réalité, avec une touche de patriotisme, une sortie bien orchestrée et une promotion intense dans tout le pays, tels sont les ingrédients de son succès. « Wolf Warrior 2 est un film sincère, confie Chen Siqing, de l'Académie du film de Beijing, à Beijing Information. Je peux constater les efforts de l'équipe de production à travers les effets visuels. »

En attendant son heure

Ce film a fait de Wu Jing une grande vedette du kungfu et un réalisateur en vue en Chine. Né en 1974 dans une famille d'adepte des arts martiaux, il a remporté six titres nationaux avant de se lancer dans le cinéma.

S'il tient des rôles principaux dans des films et séries de kungfu depuis 1995, il n'a pas pu acquérir la même notoriété que Jet Li, qui triompha dans le film de Zhang Yimou Hero en 2002. « Chaque pratiquant d'arts martiaux veut donner le ton d'une époque dans les films d'action », remarque–t–il. Il n'a pas eu cette chance. Après la réussite de sa première série Le grand maître de Taiji en 1997 et plusieurs autres qui lui ont apporté une certaine réputation, il a passé sept années ternes et sans relief à Hongkong.

C'est en mai 2008 que le tournant s'est produit. Il s'est porté volontaire pour aider à la reconstruction dans les zones touchées par le séisme dans le Sichuan, où 70 000 personnes avaient trouvé la mort dans le district de Wenchuan. Il a été ému par le travail de l'Armée populaire de libération. L'idée lui est alors venue de faire un film sur la bravoure et l'héroïsme de ces hommes.

En 2012, il fut le héros de la série Je suis un soldat des Forces spéciales de l'APL, coproduit par le département artistique du Commandement de la zone militaire de l'APL de Nanjing, devenue le Théâtre d'opération de l'Est. Pour ce rôle, il a dû s'entraîner pendant 18 mois. « Pendant l'entraînement, j'ai appris comment les chars fonctionnaient en binôme avec les hélicoptères et les forces terrestres, et comment les explosions pouvaient endommager les hélicoptères. Cela m'a donné de bonnes bases pour réaliser la série des films Wolf Warrior », explique–t–il à Beijing Information.

Le premier film de cette série, Wolf Warrior, raconte comment Leng Feng et les membres des Forces spéciales de l'APL parviennent à soumettre un baron de la drogue épris de vengeance et des mercenaires à la frontière avec la Chine. Il a eu des difficultés à trouver des investisseurs pour ce film, qui a été tourné avec un budget limité. Il aura fallu attendre 7 années avant qu'il ne soit projeté en 2015, engrangeant 545 millions de yuans (81,79 millions de dollars), six fois plus que ce que les professionnels anticipaient.

La suite n'a pas été facile et Wu Jing, pour rendre son superhéros plus crédible, décida de s'inspirer de l'évacuation de ressortissants chinois en zone de guerre en Libye en 2011 pour tourner une partie de Wolf Warrior 2 en Afrique. Sa préférence pour les cascades réelles aux effets spéciaux, les poursuites en chars d'assaut, les scènes dans les bidonvilles africains et les combats a rebuté plus d'un acteur. Celle qui devait être l'héroïne a jeté l'éponge quand sa demande d'augmentation du cachet a été refusée. Celina Jade, que Wu Jing connaissait depuis Hongkong, a pris le rôle au pied levé.

Après 9 mois de travail et de contusions, le film était terminé, avec 4 077 prises de vues. « Wolf Warrior 2 est bien plus excitant que le premier, en faisant vibrer la corde patriotique », dit Zheng Youyuan, un vendeur de 36 ans de la province du Guangdong.

La série des Wolf Warrior a non seulement propulsé Wu Jing au sommet de la gloire, mais cela lui a ouvert une nouvelle voie. « Les films de guerre sont une nouvelle option, combinant kungfu et action. La vie ne fait que commencer pour moi. »