L'île de Kulangsu vient d'être classée sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. Un long processus qui s'achève par une grande réussite.

En février 2016, la Chine avait officiellement soumis la candidature de Kulangsu pour son classement sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en 2017. Après une année d'efforts sans précédent et malgré un typhon dévastateur qui a causé des dégâts considérables, l'île de Kulangsu est finalement entrée sur la liste de l'UNESCO en tant qu' « établissement historique international » au cours de la 41e réunion du Comité du patrimoine mondial qui s'est déroulée à Cracovie le 8 juillet.

Protection de Kulangsu

Avec sa combinaison unique de différents styles architecturaux, notamment le style traditionnel du Fujian, le style néoclassique occidental et le style colonial avec ses vérandas et ses colonnades, Kulangsu a toujours été une destination touristique prisée.

Des milliers de villas et de bâtiments historiquement significatifs ont survécu aux outrages du temps et des éléments depuis que cette île est devenue un établissement international au large de Xiamen, dans la province du Fujian, en 1903. L'occupation japonaise en 1938 a sonné la fin d'une époque, mais c'est surtout la fondation de la République populaire de Chine en 1949 qui sonna le glas d'une période déjà révolue. Les villas ont été abandonnées et désertées pendant des décennies.

Avec l'arrivée du nouveau millénaire, Kulangsu restait une destination touristique sans grand éclat, réputée localement pour ses paysages, la fusion des styles architecturaux et ses plages. La situation changea néanmoins alors que la Chine effectuait des progrès marquants dans le développement du secteur touristique tout en accentuant la préservation de son patrimoine culturel.

En 2001, peu après le succès de la candidature de Beijing pour les Jeux olympiques d'été de 2008, la situation commença à évoluer rapidement. La priorité absolue a alors été donnée à l'amélioration et la mise en valeur des éléments culturels et environnementaux les plus représentatifs de Kulangsu. « Les Jeux olympiques de Beijing en 2008 ont joué un rôle décisif pour Kulangsu », explique Cai Songrong, vice–directeur du Centre de gestion et de surveillance du patrimoine culturel mondial de Kulangsu.

En novembre 2008, les autorités de Xiamen ont décidé de se pencher sur le classement de Kulangsu sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. Un centre de gestion et de surveillance a par la suite été créé, avec un centre pour les archives. Kulangsu a déposé sa candidature en 2016 et a été classée en août de la même année sur la liste provisoire de l'UNESCO.

Durant cette période, ce petit paradis à quelques minutes en ferry de Xiamen a réussi à atteindre ses objectifs en termes de protection et de planification. « Notre premier objectif a été de mettre sur pied un plan systématique de protection culturelle et environnementale avec une série de réglementations locales, explique M. Cai. Puis nous avons établi un centre de surveillance pour la gestion des activités quotidiennes. » Par ailleurs, la protection et la rénovation des bâtiments significativement représentatifs en danger, ainsi que la préservation et la protection de l'artisanat originaire de l'île, ont bénéficié de mesures prioritaires. Un centre de recherche international a aussi été fondé, Kulangsu commençant en effet à attirer de plus en plus de chercheurs dans le monde.

« Kulangsu est représentatif de l'ancienne culture maritime de la Chine et de l'interaction avec l'Occident avant la période moderne. L'île est aussi un microcosme de l'évolution de la Chine avant la période moderne, un endroit où la culture locale, ainsi que la culture dite de l'établissement international et la culture des Chinois d'outre–mer se combinent de manière harmonieuse. Ces éléments culturels et historiques sont uniques en Chine et nous devons les préserver et les protéger », a remarqué Wu Yongqi, un expert de la culture et de l'histoire de Kulangsu, ajoutant que l'île était un écosystème culturel et environnemental fragile. Il aura fallu que le typhon Meranti frappe de plein fouet ce petit écrin de 2 kilomètres carrés pour en constater la fragilité.

Les conséquences du typhon Meranti

Kulangsu attendait la visite d'inspection d'une équipe d'experts de l'UNESCO quand le typhon Meranti toucha brutalement Xiamen et ses environs dans la nuit du 14 au 15 septembre 2016. La visite fut reportée.

Une grande partie des magnifiques sites naturels de Kulangsu a subi des dégâts considérables et de nombreux bâtiments historiques ont été détruits ou gravement endommagés, alors que des arbres centenaires ont été déracinés par la violence des vents. Quelque 3 mille arbres ont de plus été sérieusement abîmés et ont nécessité une attention spéciale pour les préserver. Plus de 25 murs se sont effondrés et autant de voies et d'artères ont été bloquées par des arbres effondrés ou des débris. Un an plus tard, les signes de ce désastre sont encore visibles partout sur l'île.

Une grande démonstration de solidarité et de résilience a suivi la catastrophe. « Plus de 12 nationalités étaient présentes dans les travaux de nettoyage, une prouesse à la hauteur de la réputation internationale de Kulangsu et de son histoire pluriculturelle », a remarqué Zhang Xiaojuan, qui tient un petit hôtel et faisait partie de ces volontaires qui ont travaillé d'arrache–pied pour que Kulangsu retrouve son visage accueillant après le passage du typhon.

Dans la salle de contrôle du centre de gestion et de surveillance de Kulangsu, M. Cai montre des vidéos d'archive de cette nuit–là et des dégâts que le typhon a provoqués. « Les gens ont aussi été marqués, dit–il. Même s'il n'y a pas eu de blessés, cela restera gravé dans la mémoire des gens à tout jamais. »