La Chine est parvenue à éradiquer le paludisme après 70 ans de lutte contre ce fléau.

Le 30 juin, l’OMS a officiellement accordé à la Chine le statut de pays exempt de paludisme. Après avoir enregistré 30 millions de cas de paludisme dans les années 1940, la Chine n’a pas ménagé ses efforts et a progressivement réduit ce nombre pour atteindre zéro cas au cours des quatre dernières années. L’OMS a indiqué que la Chine était le premier pays de la région du Pacifique occidental à éliminer cette maladie transmise par les moustiques en plus de trois décennies, après l’Australie, Singapour et Brunei. « Ce succès a été durement atteint et n’est intervenu qu’après des décennies d’action ciblée et soutenue », a précisé Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, dans un communiqué.

Un long processus

Wang Yu, expert chargé du contrôle des maladies, utilise un piège à moustiques paludéens dans un village de l’Anhui, le 17 août 2017. (CNSPHOTO)

Autrefois pays d’endémie palustre de premier plan, les efforts continus de la Chine ont permis de faire baisser le nombre de cas. En 1955, le pays a lancé un programme national de lutte contre le paludisme visant à empêcher la reproduction des moustiques et la transmission de la maladie. En 1967, un programme de recherche national visant à trouver de nouveaux traitements a été promu. Plus de 500 scientifiques issus de 60 institutions y ont participé, conduisant à la découverte dans les années 1970 de l’artémisinine, composant de l’un des médicaments antipaludiques les plus efficaces disponibles aujourd’hui.

La percée a été réalisée par Tu Youyou, pharmacologue chinoise ayant reçu le prix Nobel en 2015 pour cette découverte, qui a permis de réduire considérablement le taux de mortalité dans le monde entier.

En outre, la Chine a été l’un des premiers pays au monde à tester à grande échelle l’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide (MII) pour prévenir le paludisme. En 1988, environ 2,4 millions de moustiquaires avaient été distribuées sur tout le territoire. Leur utilisation a permis de réduire considérablement l’incidence du paludisme dans les zones concernées.

L’OMS a pu ensuite recommander l’utilisation de MII dans d’autres pays, permettant de réduire efficacement le nombre de cas à moindre frais.

Fin 1990, le nombre de cas en Chine était tombé à 117 000 et les décès ont été réduits de 95 %. En 2003, avec le soutien du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, la Chine a renforcé la formation, le personnel, les équipements de laboratoire, les médicaments et les actions d’éradication des moustiques, ce qui a permis de réduire encore le nombre de cas. En dix ans, le nombre de cas est tombé à environ 5 000 par an.

Aucun cas n’a été signalé en Chine au cours des quatre dernières années, ce qui a permis au pays d’obtenir la certification « exempte de paludisme » de l’OMS.

Les clés du succès

Une chercheuse vérifie des échantillons d’artémisinine dans le dépôt national de germoplasme d’Artemisia Annua à Liuzhou, au Guangxi, le 22 avril 2020. (XINHUA)

Évoquant les éléments clés du succès de la Chine dans l’élimination du paludisme, Ren Minghui, sous-directeur général de l’OMS chargé de la couverture sanitaire universelle et des maladies transmissibles et non transmissibles, a stipulé qu’il s’agissait surtout d’un engagement politique fort et du développement des systèmes de santé nationaux au fil des décennies par le gouvernement chinois.

Un exemple de l’action efficace de la Chine est la « stratégie 1-3-7 », consistant à signaler les cas dans un délai d’un jour, les confirmer et les examiner dans un délai de trois jours, et prendre les mesures de santé publique appropriées pour prévenir toute nouvelle transmission dans un délai de sept jours. La Chine a déployé cette stratégie de surveillance en 2012.

Le système professionnel de prévention et de contrôle des maladies établi par la Chine aux niveaux national, provincial, municipal et des districts a facilité l’application de cette stratégie. Ce réseau systématique est un outil efficace pour suivre et prévenir la transmission de la maladie, encore utilisé actuellement pour les voyageurs en provenance de pays infectés.

Pedro Alonso, directeur du Programme mondial de lutte contre le paludisme de l’OMS, estime que le succès de l’élimination d’une maladie aussi mortelle tient en partie à la vision à long terme de la Chine, mais aussi à sa vision prospective. Il ajoute que la Chine a commencé à lancer des campagnes impliquant une approche gouvernementale globale. Il souligne l’existence d’une « culture de recherche soutenue » qui a permis à la Chine de déployer des MII avec deux ou trois décennies d’avance sur tout autre pays du monde. Il salue également les efforts déployés par la Chine pour la mise au point de médicaments antipaludéens à l’efficacité prouvée.

Action en Afrique

Selon le dernier rapport mondial sur le paludisme publié par l’OMS le 30 novembre 2020, 229 millions de cas de paludisme ont été recensés en 2019, contre 228 millions en 2018. L’Afrique continue de supporter une part disproportionnée de la charge mondiale du paludisme. En 2019, la région a accueilli 94 % de tous les cas et décès dus au paludisme.

La Chine et l’Afrique ont dynamisé la lutte conjointe contre le paludisme au fil des années grâce à la recherche biomédicale, à la formation des agents de santé et à la fourniture de médicaments moins chers côté Chine. L’Afrique a également bénéficié de la « stratégie 1-3-7 » chinoise avec succès, comme en Tanzanie. Désormais, ce modèle est également appliqué dans trois autres pays (Burkina Faso, Sénégal et Zambie).

Les pays africains sont désireux d’exploiter la médecine traditionnelle chinoise pour lutter contre le paludisme. Fouad Mohadji, ancien vice-président des Comores, a déclaré que les pays africains avaient exploité les connaissances avancées de la Chine en matière de médecine alternative et complémentaire pour renforcer les programmes de contrôle et de traitement. Le pays a été déclaré exempt de paludisme il y a plusieurs années grâce à une solide coopération avec la Chine dans une série d’interventions visant à contenir la maladie tropicale. Selon M. Mohadji, la coopération sino-africaine en matière de recherche et de développement de nouveaux médicaments permettra d’accélérer l’élimination du paludisme sur le continent.

En outre, les experts santé africains ont bénéficié de formations médicales dispensées par la Chine. Avant l’apparition de la COVID-19, les décideurs africains en charge des programmes de lutte contre le paludisme se rendaient régulièrement en Chine pour se former à la lutte efficace contre cette maladie. « La formation cible les personnes engagées dans la lutte contre le paludisme dans les ministères de la Santé. Les personnes qui élaborent les politiques ont été informées de la stratégie chinoise », explique Akpaka Kalu, chef d’équipe du programme des maladies tropicales et à transmission vectorielle au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique.

Aujourd’hui, la coopération sino-africaine met l’accent sur l’identification, la recherche, le dépistage et le traitement de la maladie dans les localités à forte charge. La collaboration est également axée sur un traitement complet, intégré aux systèmes de santé publique africains, afin de contribuer à la durabilité. M. Kalu a souligné que l’avenir était prometteur, les deux parties étant disposées à partager les connaissances, l’expérience et l’expertise nécessaires pour combattre efficacement la maladie.

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