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Huawei lance HarmonyOS 2 |
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Li Xiaoyang · 2021-06-21 · Source: Beijing Information | |
Mots-clés: Huawei; HarmonyOS 2 |
Huawei commercialise son propre système d’exploitation conçu pour l’Internet des Objets.
Des ingénieurs testent du matériel pour les stations de base 5G dans un laboratoire Huawei à Guangzhou (Guangdong), le 3 juillet 2020. (Photo : Xinhua)
Huawei, le géant technologique chinois, a lancé le 2 juin HarmonyOS 2, la deuxième version de son système d’exploitation en code source ouvert (open source), qui relie un smartphones à d’autres objets connectés, notamment des appareils portables, des tablettes, voire des véhicules. Richard Yu, PDG de Huawei Consumer Business, a néanmoins souligné qu’HarmonyOS ne se substituerait pas à Android de Google ou à l’iOS d’Apple comme beaucoup l’avaient prédit, mais qu’il avait plutôt été conçu pour l’Internet des objets (IdO).
La première version d’HarmonyOS date d’août 2019 et on la trouvait dans les téléviseurs intelligents de Huawei et dans les appareils ménagers, comme les fours à micro-ondes, produits par d’autres marques. HarmonyOS 2 permettra donc à Huawei de réaliser une avancée majeure quand sa part de marché atteindra un niveau substantiel. Selon un rapport de Founder Securities, une société de services financiers basée à Changsha (Hunan), Huawei aura ainsi la capacité de développer ses activités pour résister à la pénurie de semi-conducteurs consécutive à l’embargo américain.
« HarmonyOS est compatible avec les appareils Android et les tests montrent qu’il peut fonctionner à des vitesses plus élevées. Avec l’extension des applications, HarmonyOS pourra surpasser Android en termes de fonctionnalité et de fiabilité », a affirmé Zhao Xiaogang, professeur à la Faculté des sciences de l’informatique de l’Université de Wuhan, au site IThome.
Un système d’exploitation innovant
Android et iOS occupent respectivement environ 68 % et 30 % du marché mondial des systèmes d’exploitation. Selon Yang Haisong, vice-président en charge des scénarios intelligents et d’intelligence artificielle de Huawei Consumer Business, la part de marché est essentielle dans le succès d’un système d’exploitation et HarmonyOS 2 doit détenir au moins 16 % du marché chinois pour survivre et prospérer.
Pour y parvenir, il devra fonctionner sur au moins 300 millions d’appareils d’ici la fin de cette année. Huawei veut en équiper environ 200 millions de ses propres produits et 100 millions d’appareils d’autres sociétés, en utilisant le modèle « Huawei Inside ».
En mai, le fabricant d’appareils électroménagers Midea a ainsi annoncé le lancement de quelque 200 nouveaux produits équipés de ce système d’ici la fin de l’année. Le 4 juin, Bank of China, ainsi que les centres de cartes de crédit de China Guangfa Bank et de China CITIC Bank, ont annoncé qu’ils utiliseraient HarmonyOS 2. Le constructeur automobile BAIC prévoit également de dévoiler deux modèles avec des solutions de voitures intelligentes basées sur HarmonyOS avant fin 2021.
Pour attirer davantage de développeurs d’applications et d’utilisateurs de terminaux, Huawei a donné toute la structure de base d’HarmonyOS à la Fondation Openatom, grâce à laquelle les fabricants peuvent accéder aux codes du système d’exploitation et développer leurs propres produits. Quelque 500 000 développeurs l’ont déjà adopté.
La société a également amélioré sa plate-forme Huawei Mobile Services (HMS), qui permet aux utilisateurs de découvrir des fonctions comme l’utilisation de l’identifiant Huawei et des notifications push, et de concevoir des applications pour les appareils Huawei. Fin mars, plus de 120 000 logiciels de la boutique d’applications Huawei utilisaient déjà HMS, a déclaré un porte-parole de l’entreprise.
« Si Microsoft Windows a facilité l’ère des ordinateurs portables et iOS et Android ont favorisé l’utilisation des smartphones, HarmonyOS veut surfer sur la vague de l’IdO pour contribuer à la restructuration industrielle de la Chine », a déclaré Wang Chenglu, président en charge des logiciels de Huawei Consumer Business, dans une interview à Xinhua. « Nous souhaitons étendre l’application du système pour stimuler la modernisation de secteurs comme la fabrication d’appareils électroménagers, la sidérurgie et les machines-outils. »
Une société tournée vers la R&D
Les efforts dans la recherche et le développement (R&D) de Huawei ont joué un rôle crucial. Ses investissements ont totalisé 141,9 milliards de yuans (22,17 milliards de dollars) en 2020, en hausse de 7,8 % sur un an. Au cours de ces dix dernières années, 720 milliards de yuans (112,5 milliards de dollars) ont été investis en R&D et au cours des cinq prochaines années, ce chiffre devrait dépasser 650 milliards de yuans (101,5 milliards de dollars). Fin 2020, Huawei détenait plus de 100 000 brevets actifs dans plus de 40 000 catégories dans le monde.
La société s’est lancée dans les technologies 5G en 2009. En juillet 2019, elle a commercialisé son premier smartphone 5G, qui a obtenu la première licence d’accès au réseau 5G de Chine. Elle a depuis étendu sa coopération 5G avec China Telecom, China Mobile et China Unicom, ainsi qu’avec d’autres sociétés nationales et étrangères. En juin 2020, Huawei détenait 3 147 brevets essentiels dans la norme 5G. Elle a annoncé en mai un plan d’action pour équiper un millier d’usines intelligentes en Chine avec ses solutions 5G.
Si la société a pour ambition d’utiliser ses installations 5G pour développer des systèmes de conduite autonome, elle a souligné qu’elle ne fabrique ni ne fabriquera de véhicules, mais qu’elle se concentrera plutôt sur la fourniture de solutions de conduite autonome pour les constructeurs automobiles. Huawei soutient ainsi ses partenaires stratégiques, notamment BAIC, Chang’an Auto et GAC Motors, dans la construction de véhicules connectés intelligents sous leurs propres sous-marques.
Vers l’exploration de nouveaux marchés
Affectée par l’obstructionnisme des Etats-Unis qui lui interdit l’accès aux technologies et produits américains clés depuis 2019, ainsi que par une demande mondiale atone, Huawei a vu son chiffre d’affaires baisser de 16,5 % en glissement annuel à 152,2 milliards de yuans (23,8 milliards de dollars) au premier trimestre 2021, en baisse pour le deuxième trimestre d’affilée. Rappelons qu’en 2020, elle était classée 49e sur la liste Fortune Global 500 avec un chiffre d’affaires de 891,4 milliards de yuans (139,3 milliards de dollars), soit une augmentation de 3,8 % en glissement annuel.
Une étude de Counterpoint Research, une société mondiale d’analyse du secteur, montre par ailleurs que la part de marché mondiale de Huawei est tombée à 4 % au premier trimestre, passant de la première à la sixième place dans le classement des livraisons de smartphones par rapport à la même période de 2020.
Selon la société d’études de marché IC Insights, la branche des semi-conducteurs de Huawei, HiSilicon, avait pris la 10e position du classement mondial des puces au premier trimestre de 2020, mais ne figurait pas parmi les 15 premières un an plus tard.
Liu Xingguo, chercheur à la Confédération chinoise des entreprises, estime que le plus grand défi auquel Huawei est confrontée est la R&D dans le secteur des semi-conducteurs, et la société ne pourra probablement pas être autosuffisante en puces haut de gamme à court terme. « Pour surmonter les difficultés, Huawei doit réduire sa dépendance à l’égard de son activité d’appareils électroniques et explorer de nouveaux marchés en améliorant davantage ses logiciels comme HarmonyOS et le cadre informatique d’IA MindSpore. »